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samedi 26 janvier 2013

Bernadette a disparu

Bernadette a disparu
de Maria Semple 

Plon - Feux croisés 2013 /  21 €- 137.55  ffr. / 381 pages
ISBN : 978-2-259-21730-9
FORMAT : 14,5 cm × 22,7 cm


Carine Chichereau (Traducteur)


De surprise en surprise

Gros coup de cœur de cette rentrée littéraire de janvier, Bernadette a disparu de Maria Semple est un cocktail explosif d'humour, d'originalité et d'ingéniosité narrative.

Architecte géniale, Bernadette a laissé tomber une carrière qui s'annonçait brillante à Los Angeles pour aller vivre à Seattle avec son mari Elgin. Une décision prise suite à un échec particulièrement violent. Vingt ans plus tard, elle ne s'en est malheureusement toujours pas remise et se complaît dans un auto-apitoiement destructeur. Elgin est devenu une star chez Microsoft et gagne suffisamment d'argent pour que Bernadette n'ait pas à envisager de reprendre la moindre activité rémunérée. Plus de vie professionnelle et aucune vie sociale vu que Bernadette déteste en bloc Seattle et ses habitants. Asociale donc et de plus agoraphobe, Bernadette s'en remet à son assistante virtuelle indienne, Manjula Kapoor, pour les détails matériels qu'elle n'a pas envie de régler. Efficace et compréhensive, Manjula devient peu à peu une sorte de confidente en qui Bernadette a totalement confiance. Mais la seule véritable amie de Bernadette se nomme Bee, sa fille de quinze ans, une adolescente brillante et très mûre pour son âge.

Lorsque Bee demande à ses parents un voyage familial en Antartique en récompense d'un bulletin trimestriel particulièrement élogieux, Bernadette accepte par amour une perspective qui pourtant la terrorise. La veille du départ, elle disparaît et les recherches aboutissent rapidement à la conclusion de sa mort ce que Bee refuse d'admettre. Un mystérieux colis rempli de documents divers, qu'on lui a envoyé sans adresse d'expéditeur, va permettre à la jeune fille de reconstituer le gigantesque puzzle qui lui donnera raison.

Le roman mêle donc un récit à la première personne, mené par Bee, aux documents dans lesquels elle se plonge pour retrouver la trace de Bernadette – des fax, des e-mails, des lettres, un rapport médical, un article d'une revue d'architecture, pour n'en citer que quelques-uns. Chaque document fournit bien sûr un élément nouveau qui vient enrichir et faire rebondir une intrigue palpitante qui ne livre d'ailleurs sa clé que dans les dernières pages.

Sorte de polar épistolaire du troisième type, Bernadette a disparu fourmille en plus de descriptions, de réflexions et d'épisodes hilarants. Scénariste pour la télévision américaine sur des séries très connues (Arrested Development, Mad About You, Ellen...) avant de se tourner vers le roman, Maria Semple possède vraiment une imagination débridée et le sens de la réplique qui fait mouche.

Mieux vaut prévoir sa journée ou sa nuit car une fois commencé Bernadette ne se lâche plus !

Florence Cottin-Bee
( Mis en ligne le 21/01/2013 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2013

vendredi 18 janvier 2013

Tir aux pigeons

Tir aux pigeons
de Nancy Mitford                                                                   
Christian Bourgois 2013 /  17 €- 111.35  ffr. / 204 pages
ISBN : 978-2-267-02429-6
FORMAT : 12,0 cm × 20,0 cm
Charlotte Motley (Traducteur)


Sur les traces de Mata-Hari

Née en 1904 dans l'aristocratie anglaise, Nancy Mitford a puisé dans les us et coutumes de l'''upper class'' britannique la matière première de son œuvre romanesque sans hésiter à mettre en scène de façon peu déguisée les membres de sa propre famille. La publication de Charivari en 1935 avait provoqué l'ire de ses deux sœurs, Unity, qui faisait partie du cercle des intimes d'Adolf Hitler, et Diana, seconde épouse du fondateur de la ''British Union of Fascists,'' Oswald Mosley. Très fâchées par le portrait satirique que Nancy y faisait de ce dernier, elles n'acceptaient pas davantage d'y être tournées en dérision. Dans Tir aux pigeons, une délicieuse comédie d'espionnage sur fond de drôle de guerre, qu'elle écrivit fin 1939, Nancy laissait donc un peu de côté les éléments trop autobiographiques tout en conservant la même plume subtilement acérée et un humour totalement décalé.

Douillettement coincée entre son mari Luke, un richissime homme d'affaires, chaud partisan du Führer, et son amant Rudolph, un sémillant journaliste sans le sou, l'héroïne du roman, Lady Sophia Garfield, rêve d'aventures extraordinaires qui viendraient pimenter son quotidien. La guerre qui s'annonce va lui en fournir l'occasion ! Son parrain, Sir Ivor King, se fait sauvagement assassiner à Londres mais réapparaît en Allemagne ; Greta, sa femme de chambre allemande, disparaît. Quant à Florence, la maîtresse de Luke, qu'ils hébergent gentiment dans leur luxueuse demeure, elle se comporte de façon étrange. Sophia décide de mener l'enquête, révèle des talents d'espionne insoupçonnés et finit par sauver la capitale anglaise d'une attaque ennemie féroce.

L'histoire, pleine de rebondissements, se lit avec plaisir mais ce sont surtout les personnages qui séduisent. En particulier les excentriques comme Sir Ivor King, sorte de fou chantant, ou Olga Gogothsky, née Baby Bagg, fausse poétesse et menteuse hors pair.

Nancy Mitford s'intéresse aussi de près à la scène politique de l'époque et brocarde joyeusement les défenseurs des accords de Munich et leur vision à court terme, les faux-semblants et le manque de courage de l'homo politicus, le Réarmement moral et puis cette guerre qui n'en finit pas de ne pas commencer...

Léger, pétillant et franchement amusant !

Florence Cottin-Bee
( Mis en ligne le 18/01/2013 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2013

mercredi 16 janvier 2013

Wonder


Wonder
de R.-J. Palacio 

Pocket - Jeunesse 2013 /  17.90 €- 117.25  ffr. / 410 pages
ISBN : 978-2-266-23261-6
FORMAT : 14,3 cm × 22,6 cm

Juliette Lê (Traducteur)


Leçon de vie

«Je ne suis pas un garçon de dix ans ordinaire, c'est certain. Oh, bien sûr, je fais des choses ordinaires. Je mange des glaces. Je fais du vélo. Je joue au ballon. J'ai une Xbox. Tout ça fait de moi un enfant comme les autres. Sans doute. Et puis je me sens normal. Au-dedans. N'empêche, lorsqu'un enfant ordinaire entre dans un square, les autres enfants ordinaires ne s'enfuient pas en hurlant… J'aimerais pouvoir marcher dans la rue sans que tout le monde me regarde et puis détourne les yeux à toute vitesse. Voilà mon idée : la seule raison pour laquelle je ne suis pas ordinaire, c'est que les autres me voient comme ça».

Très malchanceux à la loterie génétique, August Pullman est né avec une terrible malformation faciale due à une «mutation nucléotide unique». Vingt-sept opérations plus tard, son visage reste hors-norme et la réaction des gens qui le croisent, identique. Éduqué à la maison par sa mère, au centre de toutes les attentions des siens, August a toutefois grandi relativement protégé des moqueries clairement formulées. Lorsque ses parents lui annoncent qu'ils aimeraient le voir entrer en sixième dans un collège normal car ils le sentent capable de tenter l'expérience, le petit garçon a très peur, pas certain au fond de pouvoir montrer le courage nécessaire.

Wonder raconte donc cette année de sixième capitale pour August mais également pour les autres personnages du roman. On peut facilement imaginer la façon dont l'histoire va se dérouler. Rejeté par beaucoup au départ, en butte au refus de la différence, August va peu à peu trouver sa place et se faire de véritables amis. De cette trame prévisible, R.J. Palacio, graphiste américaine, tire un roman (son premier) absolument formidable. Un hymne émouvant à la bonté et à la gentillesse, tout sauf gnangnan et très bien construit. August en est le narrateur principal mais R.J. Palacio a eu la bonne idée d'utiliser plusieurs autres personnages qui offrent leur propre perception ce qui renforce la profondeur de l'ensemble. Tous sont des enfants, Summer et Jack qui vont avec August au collège, ou des adolescents, Via, sa grande sœur, Justin et Miranda, respectivement le petit copain et une amie de cette dernière, et tous ont en commun des sentiments très forts pour August et une spontanéité qui aurait pu faire défaut à un narrateur adulte.

Constitué de chapitres souvent très courts qui forment une succession de vignettes touchantes, plein d'humour, facile à lire mais dense dans son propos, Wonder fait partie de ces remarquables romans jeunesse qui peuvent aussi bien viser un lectorat adulte, à l'instar du Bizarre incident du chien pendant la nuit de Mark Haddon dont le héros est lui aussi un adolescent atteint d'un lourd handicap (Raison pour laquelle Fleuve Noir publie également Wonder mais avec une couverture différente).

Critiques élogieuses, succès auprès du public, tout semble bien parti pour R.J. Palacio. On ne peut que lui souhaiter un parcours semblable à celui de Mark Haddon.


Florence Cottin-Bee
( Mis en ligne le 16/01/2013 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2013

dimanche 13 janvier 2013

Entretien avec Cassandra Clare

L'actualité du livre et du DVD
Littératureet Entretiens  

Entre Urban Fantasy et Steampunk

Rencontre avec Cassandra Clare, l'une des grandes prêtresses américaines de l'Urban Fantasy avec sa célèbre série La Cité des ténèbres qu'une préquelle vient maintenant compléter. Les amateurs ont certainement découvert L'Ange mécanique, paru en novembre 2012 chez Pocket Jeunesse, premier volume sur les trois que devrait compter La Cité des ténèbres - Les Origines. La romancière nous répond ici sur la genèse de sa saga et les particularités du monde fantastique qu'elle a imaginé.


Parutions.com : Après les quatre premiers volumes de La Cité des ténèbres (The Mortal Instruments), L'Ange mécanique vient de sortir en France. C'est le premier opus de la série La Cité des ténèbres - Les Origines (The Infernal Devices). Vous y situez l'action dans le Londres de la fin du dix-neuvième siècle alors que vos autres romans ont surtout le New York d'aujourd'hui pour décor. Pourquoi ces deux villes et ces deux époques ?

Cassandra Clare : Tout d'abord, j'ai toujours voulu écrire un livre qui se passe à l'époque victorienne et puis Londres est l'une de mes villes préférées. Je savais que ce décor me fournirait un matériau formidable à partir duquel travailler. L'idée de départ pour La Cité des ténèbres m'est venue à New York. Je voulais écrire quelque chose qui associerait des éléments que l'on trouve traditionnellement dans la High Fantasy – une lutte épique entre le bien et le mal, des monstres effrayants, des héros courageux, des épées magiques – à des espaces modernes et urbains. Cela a donné les Chasseurs d'Ombres, des guerriers très classiques qui suivent leurs traditions millénaires mais vivent dans un univers de gratte-ciels, d'entrepôts, d'hôtels abandonnés ou de concerts de rock. Dans les contes de fées, c'est la forêt sombre et mystérieuse à l'extérieur de la ville qui bruisse de magie et de danger. Dans le monde que je voulais créer, la ville avec sa beauté étrange et ses propres enchantements, dangers et mystères remplacerait la forêt. Pour moi, cette ville était tout naturellement New York.

Parutions.com : Les deux villes sont cependant davantage que de simples décors. Quel rôle jouent-elles ?

Cassandra Clare : Un rôle différent dans chacune des deux séries. Dans La Cité des ténèbres, Clary se considère comme une New-yorkaise pure souche. La ville lui est familière, elle a l'habitude de l'arpenter. Lorqu'elle prend conscience de l'existence du monde obscur, elle doit reconsidérer sa vision car soudain elle voit une autre dimension de New York, inquiétante cette fois. Pour Tessa, il en va autrement. Lorsqu'elle arrive à Londres, elle doit tout à la fois se familiariser avec la ville et le monde obscur. Dans l'Angleterre victorienne, le système de classe sociale était très rigide et Tessa doit en même temps assimiler la façon dont ce système fonctionne dans la société des Chasseurs d'Ombres et dans celle des terrestres.

Parutions.com : Au départ, La Cité des ténèbres devait être une trilogie s'achevant avec Le Miroir mortel. Qu'est-ce qui vous a fait changer d'avis et comment avez-vous réussi à relancer l'intrigue ? En quoi ce nouveau cycle, qui comptera lui aussi trois romans, est-il différent du premier ?

Cassandra Clare : En effet, Le Miroir mortel devait clore La Cité des ténèbres. Deux choses ont modifié mon idée première. Tout d'abord, j'avais écrit l'intrigue pour un roman graphique centré autour du personnage de Simon et de ce qui lui arrivait après Le Miroir mortel, ce qui explique d'ailleurs pourquoi j'avais laissé autant de points d'interrogation à la fin de ce roman (où se trouvait le corps de Sebastian ? Qu'allait devenir la vie amoureuse de Simon ? La menace de la reine de la cour des Lumières allait-elle avoir des conséquences ?…). Ce projet de roman graphique n'a pas abouti et j'avais donc à disposition une intrigue que je ne savais pas comment utiliser car elle n'était pas suffisamment étoffée pour que je puisse en faire un roman traditionnel. À l'époque, je m'étais mise à écrire L'Ange mécanique et la façon dont les événements s'y mettaient en place m'a donné une autre idée. Ce nouveau personnage de méchant et ce nouveau conflit seraient liés aux personnages de La Cité des ténèbres et au scénario du roman graphique. J'ai toujours aimé les histoires où le passé lointain vient éclairer le présent. Mais je n'arrivais pas à voir plus loin et à écrire ce roman autour de Simon.
Lors d'une retraite d'écrivains au Mexique à laquelle je participais, j'ai compris en discutant avec les autres qu'en fait l'histoire à laquelle je pensais était beaucoup plus importante que ce que j'imaginais. Elle n'incluait pas seulement Simon mais tous les personnages de La Cité des ténèbres ce qui signifiait aussi que ce roman ne pouvait être que le début d'une autre trilogie les rassemblant.

Parutions.com : Les trois premiers opus de La Cité des ténèbres - La Coupe mortelle, L'Epée mortelle et Le Miroir mortel - font référence à trois instruments magiques. À quels mythes et légendes faites-vous allusion ?

Cassandra Clare : La légende du Graal et l'imagerie du tarot pour la coupe qui est également un symbole de foi ; or la foi est primordiale chez les Chasseurs d'Ombres. L'épée mortelle fait partie d'une longue tradition fictionnelle, historique et mythologique. Il y a des épées tellement célèbres que nous connaissons leur nom, Excalibur pour Arthur, Durendal pour Roland, Crocea Mors pour Jules César ou encore Balmung pour Siegfried, pour n'en citer que quelques-unes. La mienne est directement inspirée de la Bible. Maellartach est censée être l'épée qui dans la Genèse sépare l'homme du Paradis, en théorie. C'est aussi pourquoi j'ai intitulé l'un des chapitres «À l'Est d'Eden».

Parutions.com : Il y a en effet dans La Cité des ténèbres de nombreuses références à la Bible mais aussi à Dante ou à Milton. Quelle est l'influence de ces textes fondateurs sur votre écriture ?

Cassandra Clare : Le Paradis perdu et L'Enfer constituent l'une des bases des romans mais je ne voulais pas m'appuyer sur la seule mythologie religieuse occidentale. J'ai vraiment lu énormément de choses sur les mythologies du monde entier, en particulier tout ce qui concerne les bons et les mauvais esprits. Je voulais représenter une grande variété de démons, il y en a donc des japonais, des indiens, des tibétains et bien d'autres, en plus de ceux que j'ai imaginés. J'ai également fait beaucoup de recherches sur les anges et les anges déchus. Raziel par exemple, parfois appelé l'ange des secrets, vient de la tradition kabbalistique juive ; il aurait donné à Adam un livre contenant les secrets de la sagesse dans le jardin d'Eden, et il me semblait tout à fait convenir pour tenir le rôle de l'ange qui aurait remis le Livre Blanc au premier Chasseur d'Ombres. Dans la mythologie, les Nephilim sont nés de l'union d'humains et d'anges ; il s'agit là d'un mythe que j'ai adapté un peu plus librement pour qu'il serve au mieux mon propos.

Parutions.com : Vous utilisez beaucoup de citations pour introduire chaque nouvelle partie dans La Cité des ténèbres et chaque nouveau chapitre dans L'Ange mécanique. Quelle importance leur accordez-vous ?

Cassandra Clare : Ces citations sont très importantes. Elles donnent le ton de ce qui va suivre et servent à rappeler que toutes mes histoires appartiennent à une longue tradition. Cela m'aide également à rendre l'ensemble cohérent.

Parutions.com : Clary est une artiste qui ne se sépare jamais de son carnet de croquis. La Cité des ténèbres fourmille donc de références picturales et certaines scènes se lisent comme de vrais tableaux. Tessa, de son côté, est une lectrice passionnée qui perçoit le monde au travers d'un prisme littéraire. L'Ange mécanique fait par conséquent allusion à de nombreux ouvrages très célèbres. À qui ressemblez-vous le plus ?

Cassandra Clare : Je peux m'identifier aux deux mais honnêtement le personnage à qui je ressemble le plus est sans conteste Simon.

Parutions.com : La Cité des Ténèbres se rattache à la Fantasy urbaine mais L'Ange mécanique fait davantage penser au steampunk ce qui vous permet d'aborder de nouveaux thèmes.

Cassandra Clare : Bien que le roman se déroule dans un passé clairement identifiable et qu'il ne s'agisse pas de rétro-futurisme, j'adore l'esthétique steampunk et j'ai essayé d'en introduire certains éléments. Je pense en particulier aux automates qui jouent un rôle capital et aux engins mécaniques qu'invente Henry et qui n'existaient pas à l'époque victorienne. Ce contexte historique m'a également permis d'introduire le thème de la colonisation. La façon dont les Chasseurs d'Ombres traitent les Créatures Obscures s'apparente, par exemple, à l'attitude des Britanniques vis-à-vis de leurs colonies.

Parutions.com : Quelles recherches avez-vous faites sur cette époque ?

Cassandra Clare : Pendant six mois, j'ai lu exclusivement des ouvrages écrits pendant l'époque victorienne ou qui traitent de cette période historique. Je suis allée à Londres, j'ai sillonné la ville afin de m'approprier la géographie des lieux dans lesquels je voulais faire vivre mes personnages. Bien sûr, il y a eu de gros changements sur ce point et j'ai essayé de faire au mieux pour les prendre en compte. J'ai pris beaucoup de photos, j'ai étudié des cartes et des archives à la Bibliothèque de Guildhall. J'ai également lu des tonnes de livres qui se concentraient sur des détails historiques précis, les attelages par exemple !

Parutions.com : De qui le personnage de Mortmain est-il inspiré ?

Cassandra Clare : En partie de William Jardine, le cofondateur de la société Jardine, Matheson & Co créée à Canton, en Chine en 1832, et spécialisée dans le commerce du thé, du coton et de l'opium.

Parutions.com : Mortmain est fasciné par le pouvoir, ce qui l'entraîne à commettre des actes méprisables et odieux. Cette fascination est-elle la pire des faiblesses humaines ?

Cassandra Clare : Je ne sais pas si c'est la pire mais elle est particulièrement fréquente !

Parutions.com : La mission des Chasseurs d'Ombres est de protéger les humains des démons. Pourquoi semblent-ils souvent les mépriser ?

Cassandra Clare : Les Chasseurs d'Ombres se sentent supérieurs, c'est sûr. Cela vient du fait qu'ils vivent à part, qu'ils savent beaucoup de choses dont les terrestres n'ont pas la moindre idée ; ils ont la certitude d'être un peuple élu.

Parutions.com : Comment expliquez-vous le succès grandissant de la Fantasy ?
Cassandra Clare : Je pense que la Fantasy a toujours eu du succès et en aura toujours car elle s'enracine dans la mythologie et nos croyances anciennes. Peut-être cela s'explique-t-il par notre désir d'échapper au quotidien. Comme le dit Lynda Barry :«Nous ne créons pas un monde fantastique pour fuir la réalité mais pour pouvoir y demeurer».

Parutions.com : Quelle est votre singularité dans le monde des auteurs de Fantasy ?

Cassandra Clare : Le concept des Nephilim chasseurs de démons, l'importance de différents types d'amitié et la place que je donne aux Chasseurs d'Ombres dans notre paysage humain.

Parutions.com : Votre idée étant que les deux séries se complètent, cela donnera au final une saga en neuf volumes. La cohérence de l'ensemble constitue-t-elle le défi le plus difficile à relever ?

Cassandra Clare : C'est un défi qui demande une bonne dose de travail !

Parutions.com : La Coupe mortelle (City of Bones), premier volume de La Cité des ténèbres, a été adapté pour le cinéma. Le film est actuellement en cours de tournage et une sortie mondiale est prévue pour août 2013. Quelle a été votre implication dans ce projet ? D'autres films sur les romans suivants pourraient-ils voir le jour ?

Cassandra Clare : Le studio m'a demandé ce que je pensais du script et je leur ai donné beaucoup de renseignements sur lesquels ils ont travaillé. Je suis allée plusieurs fois sur le tournage mais je ne suis pas directement impliquée dans la réalisation du film. Il se peut bien qu'il y ait une suite mais le studio va probablement attendre de voir comment le premier film est reçu par le public avant d'envisager de poursuivre l'aventure.

Parutions.com : Merci beaucoup à vous.
[Un grand merci également à Christine Colinet des éditions Pocket Jeunesse].

Entretien réalisé par e-mail et traduit de l'américain par Florence Cottin-Bee
( Mis en ligne le 11/01/2013 )
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