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lundi 4 mars 2013

La Singulière tristesse du gâteau au citron

La Singulière tristesse du gâteau au citron
de Aimee Bender
L'Olivier 2013 /  22.50 €- 147.38  ffr. / 343 pages
ISBN : 978-2-87929-780-4
FORMAT : 14,1 cm × 20,5 cm

Céline Leroy (Traducteur)

Encombrante empathie


«Tandis que j'avalais cette première bouchée... j'ai senti un changement subtil s'opérer à l'intérieur, une réaction inattendue... Je sentais sans difficulté le chocolat, mais par glissements légers, comme un effet secondaire qui se déroulait, se déployait, j'avais le sentiment que ma bouche se remplissait aussi d'un goût de petitesse, d'une sensation de rapetissement, de contrariété, d'une distance dont je devinais qu'ils étaient liés à ma mère… puis à chaque bouchée : absence, faim, spirale, vide».

Le jour de ses neuf ans, Rose Edelstein se découvre un don singulier en croquant dans le gâteau d'anniversaire que sa mère lui a préparé : comprendre ce que ressentent les autres en mangeant ce qu'ils ont confectionné. Devenir un réceptacle d'émotions, un«médium de la nourriture» se révèle rapidement insupportable pour la petite fille qui va pourtant devoir apprendre à assumer ce pouvoir dont elle se passerait bien.

Rose n'est pas la seule de la famille à posséder une faculté extraordinaire, un grand-père paternel qui ne goûtait pas les autres mais les sentait, un frère capable au sens propre de se fondre dans un objet et un père qui refuse obstinément de mettre les pieds dans un hôpital afin de ne pas connaître sa malédiction personnelle...

De cette idée délicieusement originale, Aimee Bender tire un roman certes très bien écrit mais profondément intrigant car il laisse en suspens une question majeure. Quelle est la signification des éléments fantastiques qu'elle y introduit ? Le cannibalisme métaphorique de Rose la fait souffrir et l'éloigne des autres jusqu'à ce qu'elle parvienne à l'apprivoiser ; quant à son frère, il finit par se transformer en chaise pliante.

Pourquoi pas ? Sauf qu'on en reste là ! La romancière américaine souhaitait peut-être tout simplement proposer à ses lecteurs un conte d'apprentissage un peu fou, sans morale à tirer de l'histoire. On peut en douter et c'est bien ce sentiment d'inachevé qui laisse au final relativement perplexe.

Florence Cottin-Bee
( Mis en ligne le 04/03/2013 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2013

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