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vendredi 6 mai 2011
La Reine et moi
Sue Townsend
La Reine et moi Seuil - Points 2011 / 7 € - 45.85 ffr. / 315 pages ISBN : 978-2-7578-2302-6 FORMAT : 10,6cm x 17,7cm Traduction d'Anne Débarède
Send her victorious, happy and glorious…
En ces temps d’épousailles princières surmédiatisées et de conte de fée marchandisé, il est rafraîchissant de se plonger dans ce petit roman très amusant de Sue Townsend, dont la première parution remonte à 1992 et qui présente la famille Windsor face à une situation pas très réjouissante et assez peu glorieuse.
En Angleterre, le parti républicain mené par le revanchard Jack Barker remporte les élections législatives et abolit la monarchie. «Ce que votre famille a perpétué, dit-il, c’est une hiérarchie. Vous au sommet et les autres, inévitablement, en dessous. Résultat, notre pays est une société de classes. Il est étranglé par la déférence… Nous avons stagné alors que votre famille capitalisait sa richesse et son pouvoir. Je vais gaiement mettre fin à cette inégalité».
La reine et les siens sont donc dépouillés de leur fortune et expédiés dans un quartier HLM avec l’aide sociale pour seule ressource. Après un petit temps d’adaptation domestique, la reine s’en tire plutôt bien au quotidien, sa mère ne s’offusque pas vraiment de cette dégringolade en bas de l’échelle sociale puisqu’elle peut continuer à jouer aux courses et à boire du gin en cachette, les princesses Ann et Diana se réfugient avec plaisir dans des bras prolétaires, les petits William et Harry s’amusent beaucoup à jouer dans les rues crasseuses, quant à Charles, il se laisse pousser les cheveux et s’épanouit pleinement dans le jardinage. Par contre, Margaret, la sœur d’Elizabeth, s’accroche à ses visons et ne décolère pas. Quant à Philip, son époux, il sombre dans une apathie dépressive et ne quitte plus son pyjama. Autour d’eux s’agite une palanquée de voisins hauts en couleur…
Très connue pour sa série de romans ayant pour héros Adrian Mole, Sue Townsend dissèque toujours avec le même humour bienveillant les travers de ses personnages. Pas la moindre trace d’ironie subversive dans son propos en ce qui concerne la famille royale, c’est l’institution qu’elle condamne et non les personnes. Bien loin de son compatriote Martin Amis qui, suite à un entretien accordé au Nouvel Observateur, vient de s’attirer les foudres de nos voisins britanniques en qualifiant l’aristocratie anglaise de «pathétique» et les membres de la susdite famille de «philistins» !
Florence Bee
( Mis en ligne le 06/05/2011 )
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