tag:blogger.com,1999:blog-75302262750717104082024-03-04T20:06:49.249-08:00Flo's reviewsChroniques et entretiens parus depuis 2003 sur :
http://www.sitartmag.com/ et
http://parutions.com/Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.comBlogger128125tag:blogger.com,1999:blog-7530226275071710408.post-81647905712597556142015-07-17T02:06:00.003-07:002015-07-17T02:06:50.448-07:00Nous<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoiaFcwVmvFUWoxDBr2dWPkUpeXIMVBG8Obzp5TSit9V8tE2CDzgW-eFJI58Yi7TUu-5XzExTQMz4dcV9cjEtfB7I3ROLatdrKoIvvcSqKJjx41rdnUPZW34qgUyhJPRNi5jFRIuvQjbs/s1600/nous+image.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoiaFcwVmvFUWoxDBr2dWPkUpeXIMVBG8Obzp5TSit9V8tE2CDzgW-eFJI58Yi7TUu-5XzExTQMz4dcV9cjEtfB7I3ROLatdrKoIvvcSqKJjx41rdnUPZW34qgUyhJPRNi5jFRIuvQjbs/s1600/nous+image.jpg" /></a><br />
<div style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<table><tbody>
<tr><td align="left" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top"><b>Nous</b><br /><b>de</b> <b>David</b> <b>Nicholls</b><br />Belfond 2015 / 22 €- 144.1 ffr. / 477 pages<br />ISBN : 978-2-7144-5949-7<br />FORMAT : 14,0 cm × 22,5 cm<br /><br /><span class="L_ISBN">Valérie Bourgeois (Traducteur)</span><br /><br /><i>Je ne t'aime plus, mon amour</i><br /><br />Après l'énorme succès d'<i>Un Jour</i>, critiques dithyrambiques, ventes vertigineuses et adaptation cinématographique, David Nicholls était attendu au tournant. Cinq ans plus tard, il relève le défi avec <i>Nous</i> et obtient dans la foulée une sélection pour le Man Booker Prize - juste reconnaissance et gage de qualité incontestable.<br /><br /><i>Un Jour</i> racontait l'histoire d'amour mouvementée entre Emma, une intellectuelle sage, et Dexter, un hédoniste quelque peu puéril, et dépeignait une relation qui mit vingt ans à se construire. Avec <i>Nous</i>, David Nicholls se penche à nouveau sur un couple tout aussi improbable mais qui, cette fois, affronte après vingt ans de mariage une crise conjugale due à une usure unilatérale des sentiments.<br /><br /><i>«Notre mariage est arrivé en bout de course. Je crois que j'ai envie de te quitter»</i>. Le choc est violent et la stupeur totale chez Douglas lorsque Connie le tire de son sommeil pour lui asséner ces deux phrases assassines. Néanmoins, loin d'accepter la sentence, il décide de se battre pour reconquérir celle qu'il considère comme la femme de sa vie.<br /><br />Le voyage en Europe avec leurs fils Albie, avant que ce dernier ne quitte la maison pour poursuivre ses études, était prévu de longue date et minutieusement organisé par Douglas. Connie ne souhaitant pas l'annuler, l'époux éconduit y voit la chance de se révéler sous un autre jour et de réparer les erreurs qu'il est conscient d'avoir commises. Trop sérieux, un tantinet psychorigide, Douglas, cinquante-quatre ans, biochimiste de formation, a rapidement abandonné la recherche pour un poste nettement plus lucratif dans le privé, qui assurait une vie matériellement agréable à sa famille. Sauf que pour Connie, de deux ans sa cadette, accepter de quitter Londres pour aller habiter à la campagne ne signifiait rien de plus qu'un enterrement de première classe, la résignation à un choix bien loin de ses propres valeurs et de sa conception de la réussite. Son côté artiste déjantée et libérée, tout feu tout flamme, dont Albie a hérité, finit donc par se réveiller. De façon révélatrice, c'est d'ailleurs autour de l'art que se cristallisent les dissensions entre les personnages. Albie, très soutenu par sa mère, veut devenir photographe ce que Douglas, qui souhaite voir son fils s'orienter vers un métier sérieux, ne comprend pas.<br /><br />Le voyage, conçu, selon le désir de Connie, comme un Grand Tour, entraîne le trio dans un marathon culturel jalonné des plus célèbres musées européens. Cependant, en dépit d'efforts louables, Douglas ne parvient pas devant une œuvre d'art à se laisser emporter par ses sensations et à exprimer un sentiment personnel, ce qui renforce le mépris d'Albie et la commisération de Connie à son égard. C'est dans cette difficulté à «lâcher prise» et à se laisser aller que réside le principal problème de Douglas. Parvenir à la dépasser est la seule solution pour espérer regagner l'estime de ceux qu'il aime. Ce périple, auquel s'ajoute une plongée dans ses souvenirs, va lui en donner l'occasion... mais cela sera-t-il suffisant pour reconstruire une harmonie perdue ?<br /><br />La structure du roman réverbère habilement ce double voyage et fait alterner présent et passé au gré d'épisodes éclairants, souvent très drôles, parfois tristes et graves. On retrouve avec bonheur la subtilité délicate et la justesse de ton de David Nicholls, décidément toujours aussi à l'aise dans l'art de faire rire que dans celui d'émouvoir sans mièvrerie. Un régal de 475 pages que l'on peut choisir de dévorer ou de savourer. De toute façon, le plaisir est garanti !<br /><br /><b>Florence Bee</b><br />( Mis en ligne le 13/07/2015 )</td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top">Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2015<br /><span style="color: tomato;"><i>www.parutions.com</i></span></td></tr>
</tbody></table>
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Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7530226275071710408.post-59533312217309279742015-07-17T01:51:00.000-07:002015-07-17T02:07:30.785-07:00Mirage<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOVCd3BM4reuRICXTn7TiaMC_z5oDTRuCVXF9Zy7DCw2lnTehSmF0g16y3qRpxevuQz_whoTRHgbxxFBe53i07SdvyX-zvZe25C9J50RXAxhZf2i6r_0hnXX0k77iozh4lvbIdrwOznXA/s1600/douglas.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOVCd3BM4reuRICXTn7TiaMC_z5oDTRuCVXF9Zy7DCw2lnTehSmF0g16y3qRpxevuQz_whoTRHgbxxFBe53i07SdvyX-zvZe25C9J50RXAxhZf2i6r_0hnXX0k77iozh4lvbIdrwOznXA/s1600/douglas.jpg" /></a></div>
<table><tbody>
<tr><td align="left" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top"><b>Mirage</b><br /><b>de</b> <b>Douglas</b> <b>Kennedy</b><br />Belfond 2015 / 22.50 €- 147.38 ffr. / 425 pages<br />ISBN : 978-2-7144-4637-4<br />FORMAT : 15,3 cm × 24,0 cm<br /><br /><span class="L_ISBN">Bernard Cohen (Traducteur)</span><br /><br /><i>La femme qui voulait comprendre sa vie</i><br /><br />L'alchimie amoureuse peut-elle résister au principe de réalité ou bien n'est-elle qu'une illusion d'optique éphémère ? Le bonheur dépend-il de l'autre ou bien de soi ?… <i>Mirage</i>, le dernier roman en date de Douglas Kennedy, propose une analyse fouillée de ces deux questions et plonge le lecteur au cœur d'un «piège nuptial» relativement glaçant.<br /><br />Après un premier mariage calamiteux, Robyn, la petite quarantaine, journaliste de formation reconvertie en experte-comptable, tombe follement amoureuse de l'un de ses clients, Paul, un artiste fantasque de vingt ans son aîné. Tout les oppose mais Robyn voit dans cette relation une bouffée d'air frais, un antidote à son côté conventionnel et la chance de pouvoir enfin devenir mère. Elle épouse donc Paul sans hésitation et préfère fermer les yeux sur les exubérances financières dont il est coutumier.<br /><br />Peu habituée aux voyages hors des États-Unis, elle accepte un séjour au Maroc, pays que Paul adore et où il a vécu lorsqu'il était jeune. Le début se révèle magique, Paul retrouve une inspiration qui le désertait depuis longtemps, Robyn savoure ces moments de totale harmonie et tous deux évoquent l'enfant qu'ils vont concevoir. Mais Robyn fait une découverte qui anéantit ses espoirs et brise brutalement le rêve. Laissant dans leur chambre d'hôtel la preuve accablante de la trahison de Paul et un mot de rupture définitif, elle quitte les lieux en furie pour y revenir quelques heures plus tard, prise de remords.<br /><br />La police l'y attend, la chambre est saccagée, des traces de sang sont visibles et Paul a disparu. Envahie par un sentiment de culpabilité qui la dévaste, Robyn se lance à sa recherche. Ce périple salvateur va la mener au bout de l'horreur mais aussi au fond d'elle-même. C'est symboliquement dans le désert du Sahara que la jeune femme connaît une expérience cathartique et renaît à la vie, aux sens propre et figuré du terme.<br /><br />Accepter qu'il est impossible de sauver l'autre de ses propres démons, réfléchir à son fonctionnement afin d'éviter les errements récurrents, penser que le fait d'être heureux découle principalement d'une sérénité intérieure... Avec ses sages pensées et son intrigue rondement menée, <i>Mirage</i> se révèle au fil des pages un thriller psychologique particulièrement convaincant.<br /><br /><b>Florence Bee</b><br />( Mis en ligne le 08/07/2015 )</td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top">Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2015<br /><span style="color: tomato;"><i>www.parutions.com</i></span></td></tr>
</tbody></table>
<table align="left" border="0" style="background-color: white; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; width: 100%px;"><tbody>
<tr bgcolor="white"><td align="left" style="font-size: 9pt;" valign="top"><br /></td></tr>
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Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7530226275071710408.post-27300727092932774142013-07-17T03:09:00.001-07:002013-07-17T03:09:38.172-07:00Une fille bien<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<table><tbody>
<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><span style="font-size: large;"><span style="color: red;"><b>Une fille bien <div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFNKT_zWT1sYlrTfulGNDEZpMHdfJPOp708Ws3LGQFJTqpnKeFTlyPrd-ODEqcWhN-RLY2JOSiK5J5YfY-HLnvA7IEhnaVIh2HbTNJ7g2CpuWT7UkzjI3w5QiOOI3thNNp2ZcuJoEukW4/s1600/image+jones.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFNKT_zWT1sYlrTfulGNDEZpMHdfJPOp708Ws3LGQFJTqpnKeFTlyPrd-ODEqcWhN-RLY2JOSiK5J5YfY-HLnvA7IEhnaVIh2HbTNJ7g2CpuWT7UkzjI3w5QiOOI3thNNp2ZcuJoEukW4/s1600/image+jones.jpg" /></a></div>
</b><b>de</b> <b>Holly</b> <b>Goddard Jones</b><br />Albin Michel - Terres d'Amérique 2013 / 22.50 €- 147.38 ffr. / 383 pages<br />ISBN : 978-2-226-24827-5<br />FORMAT : 14,0 cm × 20,5 cm<br /><br /><span class="L_ISBN">Hélène Fournier (Traducteur)</span><br /><br /><i>Solitudes</i></span><br /><br />La nouvelle qui ouvre le recueil d'Holly Goddard Jones et lui offre son titre donne immédiatement le ton. Dans «Une fille bien», Jacob, un veuf d'âge mûr, vit dans le souvenir de Nora, sa défunte épouse, et subit impuissant la violence de leur fils Tommy qu'il ne cherche même plus à contrôler. Quand Helen apparaît dans sa vie et imagine un avenir commun, il ne peut se résoudre à franchir le pas et poser un acte décisif.<br /><br />Le choix peut-être salvateur qu'une force invisible empêche de faire et les conséquences de la perte d'un être cher sont des thèmes récurrents dans ces récits souvent tragiques où, malgré leurs failles et leurs faiblesses, des personnages malmenés par la vie font preuve d'une dignité profondément touchante. Libby, que son mari Stephen a quittée et abandonnée avec leurs deux garçons et qui pourtant a toujours cherché des excuses à l'inexcusable («Rétrospective») ; Robbie, un colosse fruste au cœur tendre, prêt à tout pour garder auprès de lui Tina qu'il adore mais dont les rêves d'avenir ne l'incluent pas («Un homme droit») ; ou encore Theo, marié et père d'une petite Mica, atteinte de mucoviscidose, que sa relation adultère avec une très jeune fille entraîne dans une situation inextricable («Espérance de vie»).<br /><br />Les huit histoires ont pour décor Roma, une petite ville <i>«insignifiante»</i> du Kentucky, état dont est originaire Holly Goddard Jones. Toutes frappent par leur réalisme percutant et leur douloureuse justesse. Pas de jugements de valeur imposés ou de frontière clairement définie entre le bien et le mal. La jeune nouvelliste américaine laisse au lecteur la possibilité d'interpréter à sa guise les errements mineurs ou majeurs de ses personnages. Dans «Pièces détachées» et «Des preuves de l'existence de Dieu», deux nouvelles qui se font écho, elle met tout d'abord en scène des parents dévastés par le meurtre de leur fille puis se penche sur l'implacable mécanisme qui transforme un jeune garçon en meurtrier. Un engrenage infernal dans lequel Simon se retrouve pris au piège car il ne peut pas vivre sereinement sa sexualité au sein d'une communauté homophobe. <i>«Il sortit son portable de sa poche et ouvrit le clapet, l'écran brillant comme un signal de détresse dans cette obscurité si profonde. Il composa le numéro de son père et attendit en pensant, comme il le faisait toujours quand le désespoir cherchait à le gagner, au contact de Marty ce soir-là : la chaleur de sa joue mouillée, la seule preuve dont Simon ait jamais eu besoin, la seule force supérieure»</i>.<br /><br />La thèse de Descartes ne convainc donc pas du tout Simon ! Si dans ce cas, Holly Goddard Jones se contente d'allusions, elle se déchaîne totalement avec l'excellente «Allégorie de la caverne», nouvelle dans laquelle la caverne de Platon devient un club de strip-tease où un père emmène son fils adolescent menacé de cécité afin qu'il y contemple des ombres bien particulières ! La leçon de choses ne dure pas longtemps mais l'impact sur Ben est foudroyant.<br /><br />Holly Goddard Jones décrit à merveille ces moments où la vie bascule et décrypte subtilement la trompeuse simplicité d'un quotidien sans éclat. Depuis ce recueil prometteur qui date de 2009, elle a écrit son premier roman, <i>The Next Time You See Me</i>, sorti en février 2013 et qui recueille des critiques dithyrambiques. On attend impatiemment la traduction !<br /><span style="color: red;"><br /><b>Florence Cottin-Bee</b><br />( Mis en ligne le 17/07/2013 )</span></span></td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><span style="color: red; font-size: large;">Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2013</span></td></tr>
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Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-7530226275071710408.post-62493317013290273782013-07-15T01:47:00.002-07:002013-07-15T01:49:19.269-07:00Les belles promesses<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifHv7D25vaWoT65zRGAkWdqcOL0mV6vSmFM6-QGT2pf7RwnkGb5lxsxX9SABgTWc1WVpXBXuhC0vVkY5MsP5o3yp201864c21rqAqO9LkOdImwpK5Iv_v7vtp7v00vwhwraxh9R-6SrtY/s1600/image+steinberg.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifHv7D25vaWoT65zRGAkWdqcOL0mV6vSmFM6-QGT2pf7RwnkGb5lxsxX9SABgTWc1WVpXBXuhC0vVkY5MsP5o3yp201864c21rqAqO9LkOdImwpK5Iv_v7vtp7v00vwhwraxh9R-6SrtY/s1600/image+steinberg.jpg" /></a></div>
<table><tbody>
<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><span style="font-size: large;"><span style="color: red;"><b>Les Belles promesses</b><br /><b>de</b> <b>Janice</b> <b>Steinberg</b><br />Belfond 2013 / 21.50 €- 140.83 ffr. / 469 pages<br />ISBN : 978-2-7144-5080-7<br />FORMAT : 14,6 cm × 22,7 cm<br /><br /><span class="L_ISBN">Isabelle Chapman (Traducteur)</span></span><br /><br /><span style="color: red;"><i>(En) Quête</i></span><br /><br />Difficile <i>a priori</i> de se rappeler cette jeune femme au visage de «juive intelligente» plongée dans un livre de droit que Philip Marlowe croise brièvement dans <i>Le Grand Sommeil</i>. Il s'agit d'un personnage mineur auquel Raymond Chandler n'a d'ailleurs même pas donné de nom mais qui a suffisamment inspiré Janice Steinberg, critique d'art américaine et auteur de cinq romans noirs, pour qu'elle lui invente une histoire et en fasse sa narratrice.<br /><br />Elaine Greenstein, quatre-vingt-cinq ans, a connu une brillante carrière d'avocate engagée. Suite à sa décision de déménager dans une résidence pour seniors, elle accepte avec soulagement la proposition d'une bibliothèque universitaire de conserver les documents qu'elle a amassés au cours d'une vie bien remplie et de lui offrir pour le classement l'aide de Josh, un jeune thésard aussi futé que curieux. Dans une boîte qui appartenait à sa mère et qu'elle n'avait jamais ouverte, Elaine trouve une carte de visite de Philip Marlowe qu'elle croyait être la seule à connaître. <i>«Voilà soudain que je rends les armes, que je m'abandonne aux eaux tumultueuses du regret, de la colère et de l'amour, que je livre mon chagrin aux flots d'une rivière nommée Barbara»</i>.<br /><br />Barbara, sa sœur jumelle, qui a disparu en 1939, lorsqu'elles avaient dix-huit ans et que personne n'a jamais pu retrouver. Pu ou voulu... ce nouvel indice sème le doute dans l'esprit de la vieille dame et excite l'appétit d'enquêteur néophyte de Josh ! Tous deux ne sont pas au bout de leurs surprises. Au fil des chapitres qui alternent entre présent et passé, Elaine raconte ce lien très particulier qui l'unissait à Barbara mais également l'histoire de sa famille, celle de Juifs d'Europe de l'Est ayant trouvé refuge aux États-Unis au début du vingtième siècle pour le meilleur mais pas toujours.<br /><br />En ce qui concerne l'aspect historique, le roman, très documenté, est passionnant. Une palette de personnages bien brossés permet à Janice Steinberg d'évoquer de nombreux thèmes avec beaucoup de subtilité : le cauchemar antisémite, le rêve américain ou sa remise en question, l'enthousiasme ou les réticences face au sionisme puis à la création de l’État d'Israël ou encore la montée en puissance du féminisme. Sur le fond, le roman tient toutes ses promesses ; sur la forme, c'est autre chose. On ne sent pas toujours Janice Steinberg à l'aise dans son écriture et plusieurs passages forts souffrent d'un style ampoulé qui nuit à leur portée dramatique. Dommage car pour le reste, cette saga historico-policière mérite vraiment le détour !<br /><br /><span style="color: red;"><b>Florence Cottin-Bee</b><br />( Mis en ligne le 15/07/2013 )</span></span></td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top"><span style="color: red;">Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2013</span></td></tr>
</tbody></table>
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Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7530226275071710408.post-46535280722004888772013-07-10T00:43:00.001-07:002013-07-10T00:43:47.093-07:00Trop de bonheur<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<table><tbody>
<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><span style="font-size: large;"><span style="color: red;"><b>Trop de bonheur <div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgegna3MNOToBKwuagQSAXVhT_DW5I4sG5hBZnEVWs3Rm9F7K2rKcoRzaWp348ip1Ohc11tYovmlvcQNb9APQteBp58nGAoGJ2_bbwnUjX-H9fvzwNIm8BIzqsGmci082lDzkvAyAG_er0/s1600/102928_couverture_Hres_0.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgegna3MNOToBKwuagQSAXVhT_DW5I4sG5hBZnEVWs3Rm9F7K2rKcoRzaWp348ip1Ohc11tYovmlvcQNb9APQteBp58nGAoGJ2_bbwnUjX-H9fvzwNIm8BIzqsGmci082lDzkvAyAG_er0/s320/102928_couverture_Hres_0.jpg" width="210" /></a></div>
</b><b>de</b> <b>Alice</b> <b>Munro</b><br />L'Olivier 2013 / 24 €- 157.2 ffr. / 315 pages<br />ISBN : 978-2-87929-729-3<br />FORMAT : 14,5 cm × 22,0 cm<br /><br /><span class="L_ISBN">Jacqueline Huet, Jean-Pierre Carasso (Traducteurs)</span><br /><br /><i>Le fusil de Tchekhov</i></span><br /><br />D<i>u côté de Castle Rock</i>, publié en 2009, devait être son dernier livre. Il s'avère réjouissant qu'Alice Munro ait changé d'avis et porte une nouvelle fois l'art de la nouvelle au zénith. Est-ce un clin d’œil de la part de celle que Cynthia Ozick a surnommée <i>«notre Tchekhov»</i> ? «Trop de bonheur», qui clôt le recueil et lui donne son titre trompeur, raconte les derniers jours de Sofia Kovalevskaïa, une romancière et mathématicienne russe du dix-neuvième siècle. Pour brosser le portrait de cette femme d'exception, Alice Munro part de faits historiques et biographiques précis comme elle le faisait dans <i>Du côté de Castle Rock</i> puis les modèle au gré de son imagination.<br /><br /><i>«Même l'épidémie de Copenhague pouvait à présent se transformer en élément d'une ballade, s'intégrer à une vieille légende. Comme sa propre vie, dont les cahots et les chagrins se muaient en illusions. Les événements et les idées prenant une forme nouvelle, envisagés au travers de couches d'intelligence lucide comme un verre déformant»</i>. Cette pensée de Sofia illustre à la perfection la manière dont procède Alice Munro. Certes «Trop de bonheur» se distingue des neuf autres nouvelles par sa longueur, son sujet, son époque et son décor, bien loin de l'habituel Ontario, mais la dissection des rapports humains et la réflexion sur ce qui rend chaque vie unique et singulière y sont tout autant présentes. La nouvelle s'achève sur la mort de Sofia qui succombe à une pneumonie.<br /><br />Maladies, meurtres, comportements déviants, cruauté insoutenable, la tonalité du recueil est plutôt grave. Ce n'est bien sûr pas la description d'épisodes dramatiques ou traumatisants qui intéresse véritablement Alice Munro mais ce qui a pu les provoquer, les répercussions qu'ils entraînent et la façon dont des personnages très différents les uns des autres parviennent ou non à se reconstruire. Une jeune femme qui a changé de vie après un drame familial mais que le passé poursuit («Dimensions»), une étudiante qu'un prédateur sexuel réussit à briser moralement sans la toucher («Wenlock Edge»), une mère que l'un de ses enfants rejette («Trous-Profonds»), une femme d'âge mûr qui n'a jamais pu oublier l'accident tragique qu'elle a provoqué lorsqu'elle était petite («Jeu d'enfant»).<br /><br />La force des textes s'explique comme toujours par leur densité et leur impeccable construction. Aucun détail superflu et des va-et-vient constants mais surtout éclairants entre passé et présent. S'ajoute souvent une célébration subtile du pouvoir des mots et de l'imagination. Dans «Radicaux libres» par exemple, où Nita, veuve et gravement malade voit surgir chez elle un vagabond assassin dont elle réussit à se débarrasser, telle Shéhérazade, en s'inventant un passé de meurtrière !<br /><br />La prose d'Alice Munro est un régal, mais, mauvaise nouvelle, à quatre-vingt-deux ans, l'immense nouvelliste a annoncé sa retraite définitive du monde des lettres. Son dernier recueil <i>Dear life</i>, paru l'an dernier, n'est pas encore traduit en français. <i>«Un recueil de nouvelles, pas un roman. Voilà qui est déjà en soi une déception. L'intensité du livre en paraît diminuée, cela fait passer l'auteur pour quelqu'un qui s'attarde à l'entrée de la littérature, au lieu d'être assurément installé à l'intérieur»</i>. On imagine aisément l'air malicieux d'Alice Munro lorsqu'elle prête ces paroles à Joyce, l'héroïne de «Fiction». Car en matière de littérature, notre Tchekhov canadienne est assurément installée sur un trône !<br /><br /><span style="color: red;"><b>Florence Cottin-Bee</b><br />( Mis en ligne le 10/07/2013 )</span></span></td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><span style="color: red; font-size: large;">Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2013</span></td></tr>
</tbody></table>
</div>
Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7530226275071710408.post-44552055992471954032013-06-12T01:00:00.000-07:002013-06-12T01:01:27.096-07:00L'Amour comme hypothèse de travail<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgC7NSdi7BbEyN344U27ey_yB9sozFiyHN0xudBbtbUG9pkebcdql7V8NwZ-tTB9k2JSu8Y6Wwfy3HSCibGpMyw5zLmq3YU26a9BCCt0gKsM37jQTnqEGypoTC7gmdq428Y88Qr7PIGQHw/s1600/image+hutchins.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgC7NSdi7BbEyN344U27ey_yB9sozFiyHN0xudBbtbUG9pkebcdql7V8NwZ-tTB9k2JSu8Y6Wwfy3HSCibGpMyw5zLmq3YU26a9BCCt0gKsM37jQTnqEGypoTC7gmdq428Y88Qr7PIGQHw/s1600/image+hutchins.jpg" /></a></div>
<table><tbody>
<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><span style="font-size: large;"><span style="color: red;"><b>L’Amour comme hypothèse de travail</b><br /><b>de</b> <b>Scott</b> <b>Hutchins</b><br />Belfond 2013 / 21 €- 137.55 ffr. / 435 pages<br />ISBN : 978-2-7144-5371-6<br />FORMAT : 14,2 cm × 22,6 cm<br /><br /><span class="L_ISBN">Elisabeth Peellaert (Traducteur)</span></span><br /><i><span style="color: red;"><br /></span></i></span><br />
<span style="font-size: large;"><i><span style="color: red;">Real human</span></i><br /><br />L'amour existe-t-il ? Qu'est-ce-qu'un être humain ? <i>«Science sans conscience n'est que ruine de l'âme»</i>. Des philosophes aguerris ou néophytes pourraient disserter plus ou moins longuement et indigestement sur ces trois sujets en multipliant les références. Lorsque le malicieux Américain Scott Hutchins s'y attaque, cela donne <i>L'Amour comme hypothèse de travail</i>, un premier roman tout à fait subtil et particulièrement convaincant.<br /><br />Le narrateur, Neill Bassett Jr, trente-six ans, originaire de l'Arkansas et san-franciscain d'adoption, mais aussi divorcé de fraîche date, s'applique à suivre à la lettre la stratégie du célibataire, <i>«un système rationnel qui ne laisse aucune place au sentimentalisme... un célibataire se trouve dans un entre-deux permanent et n'a pas de temps à perdre avec les conventions. Qu'il s'agisse du petit déjeuner, de la vie sociale ou de l'amour, il faut préférer le simple au compliqué»</i>. Pas question donc pour l'instant de se laisser passer la corde au cou par la jeune Rachel qu'il rencontre au début du roman ! D'autant plus que son travail prend peu à peu dans sa vie une importance capitale.<br /><br />Neill est employé chez Amiante Systems, une toute petite start-up mais <i>«un projet grandiose de linguistique informatique»</i>. Il s'agit de créer le premier chatterbot qui puisse réussir le test de Turing. Test qui porte le nom du mathématicien anglais, pionnier de l'intelligence artificielle et qui repose sur l'idée qu'une machine peut penser et donc imiter une conversation humaine si on lui donne le bon programme de travail. Dans le cas du programme du Dr Bassett, les données proviennent du journal intime du père de Neill, un médecin très attaché aux traditions et aux valeurs religieuses catholiques et qui s'est pourtant suicidé lorsque Neill était étudiant. <i>«Ce journal est une mine de pensées et d'interrogations – plus de cinq mille pages de préjugés, d'anecdotes, de clichés, de maximes, de conseils médicaux. L'idée est que la personnalité de leur auteur est capturée dans les références implicites qui existent entre les différentes entrées du journal»</i>.<br /><br />C'est donc logiquement à Neill qu'échoit la tâche de rendre cette conversation de plus en plus vivante et de dialoguer avec ce père qu'il connaissait en définitive très mal et dont il n'a jamais compris le suicide. De ce jeu de questions-réponses entre l'homme et l'ordinateur naît une troublante intimité. Au fil des pages, le fils découvre le père mais le père permet aussi au fils de mieux se connaître lui-même.<br /><br />Cependant, Scott Hutchins ne se contente pas de faire habilement rimer informatique avec maïeutique ! Il sait aussi capter l'air du temps et décrit une société américaine en proie au consumérisme stérile mais que n'abandonne pourtant pas une soif d'idéal, incarnée en particulier par Rachel. Certes son embrigadement dans la secte des Rencontres pures, provoqué par le manque d'empathie de Neill, donne lieu à des pages très drôles mais il pousse également ce dernier à réfléchir sur la réalité du sentiment amoureux.<br /><br /><i>«L'homme a deux faces : il ne peut pas aimer sans s'aimer»</i>, disait Camus. Dans <i>L'Amour comme hypothèse de travail</i>, Neill parvient à cette harmonie grâce à un ordinateur. Alan Turing aurait adoré !<br /><br /><span style="color: red;"><b>Florence Cottin-Bee</b><br />( Mis en ligne le 12/06/2013 )</span></span></td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><span style="color: red; font-size: large;">Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2013</span></td></tr>
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Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7530226275071710408.post-11986590895567258672013-06-05T00:07:00.000-07:002013-06-05T22:14:36.128-07:00Entretien avec David Vann<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><table style="font-family: 'Times New Roman';"><tbody>
<tr><td align="center" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top"></td></tr>
<tr><td align="left" height="25" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top"><a href="http://www.parutions.com/"><img alt="L'actualité du livre et du DVD" border="0" src="http://www.parutions.com/img/Parutions_THREE.gif" /></a><br />
<b>Littérature</b><img alt="et" border="0" src="http://www.parutions.com/img/fleche.gif" /> <b>Entretiens</b> </td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top"><br /></td></tr>
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<br /></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9ljbBaJCvL5YXErr3clVjvfP8QrzlLECnb0Lh6-nQm6yGR1p3V6zab4taiRezQG6T9Kx49zHBdgpZsX6u50nfSGVE11apxyWpozl4Qh3sMaZU7YXVcGLuRs0vMoQ13435H6npvHKtHSE/s1600/DSCN2397.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9ljbBaJCvL5YXErr3clVjvfP8QrzlLECnb0Lh6-nQm6yGR1p3V6zab4taiRezQG6T9Kx49zHBdgpZsX6u50nfSGVE11apxyWpozl4Qh3sMaZU7YXVcGLuRs0vMoQ13435H6npvHKtHSE/s320/DSCN2397.JPG" width="320" /></a></div>
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<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><span style="color: red;"><span style="font-size: large;"><br /></span></span>
<span style="color: red;"><span style="font-size: large;">À l'occasion d'une escale à Saint-Malo pour l'édition 2013 du festival «Étonnants Voyageurs», David Vann a rencontré l'une de nos collaboratrices pour évoquer</span><span style="font-size: large;"> </span><i style="font-size: x-large;">Impurs</i><span style="font-size: large;"> </span><span style="font-size: large;">son dernier roman, paru en mars dernier chez Gallmeister. Point de départ d'une passionnante conversation.</span></span><br />
<span style="font-size: large;"><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Galen, vingt-deux ans, le protagoniste d'<i>Impurs</i>, vit seul avec sa mère et n'a jamais connu son père. Comment leur relation symbiotique est-elle devenue à ce point toxique ?</span><br /><b>David Vann : </b>Pas facile de répondre mais je peux essayer en parlant de ma propre vie. Je ne m'entends pas bien avec ma mère et même après la thérapie que nous avons faite ensemble, je n'en trouve toujours pas la raison. Est-ce à cause du suicide de mon père ou bien du fait qu'elle ait été un témoin impuissant de la violence physique que mon grand-père exerçait sur ma grand-mère ou encore de moi ? Lorsque je débute la rédaction d’un livre, je n'ai pas de plan détaillé en tête, je ne savais pas vraiment de quoi allait traiter ce roman. En fait, il s'agit d'une relation qui dérape sans que personne ne comprenne vraiment pourquoi, ni la mère, ni le fils, ni l'auteur ! Certains points sont néanmoins clairs à mes yeux : Galen reproche à sa mère de lui faire tenir le rôle d'un mari de substitution, il n'accepte pas qu'elle refuse de lui parler de cet homme et sent qu'elle le punit car elle n'a pas pu punir son propre père. D'une certaine façon, tous les deux sont très immatures, Galen ne fait pas d'études, ne travaille pas mais sa mère non plus. Ce sont deux enfants blessés par un héritage de violence familiale et dont la vie est en état de stase.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Galen s'est immergé dans la philosophie New-Age. Provoque-t-elle ou bien accélère-t-elle sa perte progressive de tout contact avec la réalité ? Comment expliquez-vous que ce besoin de spiritualité entraîne égoïsme et brutalité ?</span><br /><b>David Vann : </b>Le New-Age joue un rôle de catalyseur. Le désir de transcendance qu'éprouve Galen reflète son désir de fuir sa famille et d'échapper à la violence qui la détruit. Mais en effet, ce besoin le mène à se comporter brutalement. C'est en fait le thème principal du roman et une expérience que j'ai vécue lorsque j'étais étudiant et fasciné moi aussi par le New-Age. Je suis devenu un monstre d'égoïsme, les autres n'existaient que par rapport à moi, à l'image du personnage de la nouvelle de Nabokov, <i>Signs and Symbols</i>, qui souffre de manie référentielle. Lorsque religion ou philosophie entraînent une perte d'empathie pour les autres, elles deviennent très dangereuses.<br /><span style="color: red;"><br /><b>Parutions.com :</b> Pourquoi avoir choisi de donner au corps de Galen une importance primordiale ?</span><br /><b>David Vann : </b>Il est au centre d'un paradoxe. Alors que Galen cherche la transcendance, il est obsédé par des choses physiques, comme faire l'amour avec sa cousine ou la nourriture. Le roman s'appelle <i>Dirt</i> en américain, j'aime l'idée que la chose la plus vile du monde soit intimement associée à sa méditation. Les mortifications physiques qu'il s'impose viennent de sa volonté d'accélérer le processus vers cette transcendance. Le corps est le réceptacle de toutes les souffrances, il faut donc parvenir à s'en échapper. L'idée vient du bouddhisme or le New-Age est un mouvement largement bouddhiste dans lequel on trouve en plus l'influence de poètes romantiques comme William Blake et de concepts divers comme celui de la mécanique quantique.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Galen désire une sorte de fusion avec la nature. Joue-t-elle le même rôle que dans <i>Sukkwan island</i> et <i>Désolations</i>, à savoir celui d'une force neutre et extérieure qui sert à révéler vos personnages ?</span><br /><br /><b>David Vann : </b>Dans ces trois romans, nous lisons les personnages à travers un paysage qui, au départ, n'a pas de signification propre. Mais lorsque je décris ce paysage, je raconte inconsciemment la vie intérieure de mes personnages, leurs transformations et il devient alors un révélateur. En revanche, il y a, en effet, quelque chose de plus dans <i>Impurs</i>. Les croyances New-Age de Galen impliquent qu'il trouve dans le monde naturel des transformations qui soient le signe de sa transcendance. Cette double lecture donne d'ailleurs au roman une dimension étrangement métafictionnelle.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> La Californie offre aussi un décor bien différent de celui de l'Alaska de vos deux romans précédents.</span><br /><br /><b>David Vann : </b>En effet, le soleil et la chaleur torride le rapprochent d'un brasier infernal. Cela provoque un sentiment de pression et de claustrophobie qui mène à une sorte de folie. Quand on écrit une tragédie, on pousse ses personnages jusqu'au point de rupture qui va principalement révéler leur noirceur intrinsèque. Une tragédie vise à dépeindre l'enfer par conséquent il est naturel de trouver un tel décor dans <i>Impurs</i>. Je vais encore plus loin dans cette description de l'enfer dans <i>Goat Mountain</i>, mon prochain roman qui se déroule également en Californie et qui s'apparente de la même façon à une tragédie grecque.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Parmi les quatre figures féminines du roman, la grand-mère est sans doute le personnage le plus émouvant. Elle, qui a déjà beaucoup souffert, perd maintenant la mémoire et finit ses jours dans une maison de retraite. Galen se comporte de façon beaucoup plus humaine avec elle. Comment définiriez-vous le lien qui les unit dans ce contexte de dysfonctionnement familial ?</span><br /><b>David Vann : </b>Ils s'offrent une indulgence mutuelle. La grand-mère est la seule à porter sur Galen un regard positif (sûrement parce qu'elle oublie beaucoup de choses !) et lui veut croire en son innocence. Contrairement à sa tante qui juge sa mère coupable d'erreurs passées et lui fait subir une pression terrifiante. Helen ne supporte pas le favoritisme dont sa sœur, la mère de Galen, a toujours bénéficié et qui se traduit par une mainmise sur l'argent familial. Elle déteste donc sa sœur et son neveu qui vont hériter de tout au détriment d'elle-même et de sa fille. Quant à la mère de Galen, elle essaie constamment de minimiser les problèmes, ce qui n'apporte pas de solution satisfaisante. Cependant, ces personnages agissent tous inconsciemment, ils sont empêtrés dans une situation épouvantable dont ils ne parviennent pas à sortir. On retrouve ce que j'aime dans la tragédie grecque : des personnages proches, qui s'aiment et ne se veulent pas de mal au départ mais qui finissent par se blesser et se détruire.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> L'argent attise certes la haine entre les personnages et constitue un élément important de l'intrigue. Ne peut-on toutefois nuancer son véritable impact ?</span><br /><br /><b>David Vann : </b>L'expérience m'a appris que l'argent n'explique pas un conflit familial. Il devient le point focal mais l'origine du conflit réside dans le passé. L'argent constitue en fait une réparation pour des chocs émotionnels et psychologiques. La tante de Galen aurait tout simplement souhaité une enfance différente, et son rapport à l'argent de sa mère en est l'expression.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Vous dites ne pas avoir de plan défini lorsque vous écrivez, vous ne savez donc pas nécessairement comment l'intrigue va évoluer. Pour le lecteur, une issue tragique, quelle qu'elle soit, semble inévitable car un mécanisme implacable se met en marche dès le début. Les tragédies mettent en scène des conflits insolubles et s'interrogent sur la possibilité de l'homme à maîtriser son destin. Pensez-vous que ces deux éléments s'appliquent également à vos romans ?</span><br /><br /><b>David Vann : </b>Lorsque j'écris, j'ai vraiment l'impression que mes personnages ne sont pas condamnés, qu'ils ont une possibilité de s'en sortir, qu'ils peuvent surprendre mais il y a en face une force irrésistible à l'œuvre. Cependant, la tragédie n'a rien de déprimant pour moi. Elle est au contraire rédemptrice car elle donne sens à la souffrance et offre une solution au problème. L'idée de catharsis est capitale. Nous avons besoin en tant qu'écrivains et lecteurs de voir les personnages échouer. De leur sacrifice découle notre libération.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> <i>Impurs</i> est un roman dur mais il offre aussi des intervalles comiques ce qui n'était pas franchement le cas dans <i>Sukkwan Island</i> et beaucoup plus rare dans <i>Désolations</i>.</span><br /><br /><b>David Vann : </b>Je suis bien d'accord ! C'est le plus drôle des trois et je me suis beaucoup amusé en l'écrivant. Sur deux points en particulier : les tentatives spirituelles calamiteuses de Galen et ses désirs sexuels qui permettent à sa cousine de le manipuler totalement. Vu la relation que j'ai avec ma mère, j'ai aussi ressenti un plaisir coupable à écrire ces scènes terribles entre Galen et la sienne. Quelle joie et quelle libération pour moi de me montrer très vilain et d'écrire des choses aussi affreuses !<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Vous faites très souvent référence à la littérature anglaise et non à la littérature américaine dans vos romans. Quelle est son influence sur votre écriture ? Par ailleurs, vous citez dans <i>Désolations</i> un poème vieil-anglais, <i>The Seafarer</i>, dont l'un des personnages perçoit le sens, bien longtemps après l'avoir étudié à l'université parce qu'il y trouve le reflet de sa propre expérience. Ce poème a-t-il pour vous aussi une résonance particulière ?</span><br /><b>David Vann : </b>À première vue, <i>The Seafarer</i> parle de foi et de souffrance mais Gary en vient à y lire un désir d'anéantissement. C'est ce que j'ai ressenti lors de mon aventure en mer ; je n'étais pas bien préparé, les désastres s'accumulaient. En fait, je me dirigeais droit vers la mort et cela m'attirait. La seconde interprétation de Gary fait donc écho à ma propre vie. En ce qui concerne la littérature anglaise, votre question est inhabituelle, je n'y ai jamais vraiment songé ! Généralement, on m'interroge sur mes intérêts en matière de littérature américaine et je réponds en citant entre autres noms Cormac McCarthy, Flannery O'Connor, Faulkner, Melville ou encore Hemingway, des écrivains qui sont très importants pour moi. Bien que j'aie surtout lu de la littérature américaine, je suis sans doute plus profondément influencé par la littérature anglaise (Chaucer par exemple pour le titre et la structure de <i>Legend of a suicide</i>) et la tragédie grecque. Je dirais que les Américains m'intéressent en matière de style et les Britanniques pour les thèmes et les structures littéraires. Encore que je me sente maintenant aussi très influencé stylistiquement par <i>Beowulf</i>. Le début d'<i>Impurs</i> est d'ailleurs construit sur ce point à la manière d'un poème vieil-anglais. Je trouve que mes livres tendent vraiment de plus en plus à privilégier les phrases fragmentées dans lesquelles les sonorités et le rythme priment sur la grammaire.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Vous utilisez de façon très particulière le mythe de la Frontière qui fait partie intégrante du rêve américain. Pourquoi cette quête finit-elle en cauchemar ?</span><br /><br /><b>David Vann : </b>J'ai lu six fois <i>Méridien de sang</i> de Cormac McCarthy. Sa description de la conquête de l'Ouest réduit en poussière les idées romantiques que l'on a coutume d'y associer et je suis entièrement d'accord avec sa vision. Toutefois, je ne cherche ni à écrire des livres antiaméricains ni à briser un quelconque rêve. Lorsque mes personnages pensent qu'ils vont retrouver leur innocence ou leur bonté dans la nature, ils se trompent vu que la nature révèle leur part d'ombre. Et cela finit mal. Ils échouent donc dans cette quête tout simplement car il s'agit d'une chimère.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Les paysages ruraux d'Alaska et de Californie reflètent à merveille les errances de vos personnages. Ce sont des endroits que vous connaissez intimement pour y avoir grandi. Maintenant que vous avez quitté les États-Unis, ce sentiment d'appartenance est-il toujours fort ou envisagez-vous d'autres décors pour vos romans à venir ?</span><br /><br /><b>David Vann : </b><i>Goat Mountain</i> vient clore un cycle de quatre romans. J'y dépendais de mon histoire familiale et des lieux où j'ai grandi pour lesquels je ressentais un lien très fort. Maintenant je dois écrire sans cela. C'est assez terrifiant ! Cela fait dix ans que j’habite une partie du temps en Nouvelle-Zélande mais le lien n'a pas cette force. J'ai écrit un roman sur Médée qui se passe donc en Grèce il y a plus de trois mille ans. En ce moment, je travaille sur un autre qui se passe à Seattle, dans un aquarium public. Peut-être le prochain aura-t-il pour décor la Nouvelle-Zélande ou l'Europe, je n'en sais rien pour l'instant !<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Vous avez également écrit <i>Last Day on Earth</i>, un livre de non-fiction, qui vous a valu quelques ennuis aux États-Unis !</span><br /><br /><b>David Vann : </b>Il pourrait sortir l'an prochain en même temps que <i>Goat Mountain</i>. Ce serait une bonne idée car ils se font d'une certaine façon écho. D'un côté, ce petit garçon qui chasse avec le fusil de son père, de l'autre, le portrait d'un jeune homme, meurtrier de masse, dans lequel je me mets également en scène. Au départ, <i>Last Day on Earth</i> était une commande pour le magazine <i>Esquire</i> ; j'ai réussi à obtenir le dossier de police sur Steve Kazmierczak (NdT : auteur d’une tuerie dans une université de l’Illinois en 2008, qui a fait 6 morts et de nombreux blessés) dans son intégralité, quinze cents pages de données et une montagne d'informations dont j'ai tiré un livre qui montre la facilité avec laquelle on peut dresser le profil psychologique de ce genre de meurtriers et pourquoi on les trouve aux États-Unis. Leur parcours de vie est similaire, avec notamment une expérience dans l'armée qui a laissé des séquelles mentales pour lesquelles ils ne sont pas aidés. Mais il est impossible aux États-Unis de mettre en cause l'armée et les vétérans, mon livre y a donc été très mal accueilli et j'ai souvent subi des interviews agressives.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Vous évoquez souvent la relation intime entre votre œuvre et votre vie. Que vous inspire la citation d'André Malraux : <i>«Qu'est-ce qu'un homme ? Un misérable petit tas de secrets...»</i> ? Vos lecteurs doivent-ils vraiment connaître votre tragédie familiale pour mieux comprendre vos livres ?</span><br /><br /><b>David Vann : </b>Je ne suis pas d'accord avec cette citation ! Je pars d'histoires vraies qui sont arrivées à ma famille mais je ne planifie pas la manière dont elles vont être transformées sur la page. Lorsque j'écrivais <i>Sukkwan Island</i> par exemple, je pensais que le roman se terminerait par le suicide de mon père mais c'est le fils qui se tue au milieu du roman et je ne m'y attendais pas du tout. En fait, j'ai compris qu'il s'agissait d'une revanche inconsciente pour moi. J'ai dû vivre avec le poids de ce suicide pendant si longtemps que dans le roman, c'est le père qui doit souffrir du suicide de son fils. Si mes lecteurs connaissent la véritable histoire, ils peuvent surtout mieux appréhender le véritable processus de l'écriture et réfléchir sur ce qu'est la fiction. Ce qui importe, c'est ce moment où la métamorphose s'opère. Il y a là quelque chose qui s'apparente à une performance théâtrale ou artistique que je trouve fascinant.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Acceptez-vous l'idée selon laquelle une fois qu'un livre est publié, il n'appartient plus à son auteur mais à ses lecteurs ?</span><br /><b>David Vann : </b>Alors là, pas du tout ! Le livre m'appartient, il m'appartiendra toujours et je resterai toujours mon meilleur lecteur. Beaucoup de journalistes me posent des questions intelligentes qui m'amènent parfois à envisager les choses sous un autre angle mais aucun ne pourra connaître mes livres aussi intimement que moi et mieux les comprendre. J'en veux d'ailleurs beaucoup à certains critiques et théoriciens français bien connus, qui sous-entendent que l'auteur est un imbécile qui ne peut pas comprendre ce qu'il a écrit alors qu'eux peuvent tout expliquer. Les répercussions de cette thèse dans les universités américaines ont été dramatiques : pour preuve, on n'y étudie plus que la théorie et on se fiche royalement de la littérature !<br /><br /><span style="color: red;"><b>Entretien réalisé en anglais et traduit par Florence Cottin-Bee</b><br />( Mis en ligne le 05/06/2013 )</span></span></td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><span style="color: red; font-size: large;">Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2013</span></td></tr>
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Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7530226275071710408.post-2772177931097643992013-06-01T06:44:00.000-07:002013-06-01T06:45:08.025-07:00Impurs<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVaWp7_Az9c53RxKlNVXGyOg-tosA_ltmCmHhAACLL9RJpeO0WFnP2kBQi6xiG7AEEyoZj-LUOetuHPTz_ZfjmPhBJck-14woVYDmgteDAmFmP_3shE5kPh8ie6CX5b4us5qTn1SnMZzM/s1600/image+impurs.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVaWp7_Az9c53RxKlNVXGyOg-tosA_ltmCmHhAACLL9RJpeO0WFnP2kBQi6xiG7AEEyoZj-LUOetuHPTz_ZfjmPhBJck-14woVYDmgteDAmFmP_3shE5kPh8ie6CX5b4us5qTn1SnMZzM/s1600/image+impurs.jpg" /></a></div>
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<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><span style="font-size: large;"><span style="color: red;"><b>Impurs</b><br /><b>de</b> <b>David</b> <b>Vann</b><br />Gallmeister 2013 / 23,10 €- 151.31 ffr. / 278 pages<br />ISBN : 978-2-35178-061-9<br />FORMAT : 14,7 cm × 20,5 cm<br /><br /><span class="L_ISBN">Laura Derajinski (Traducteur)</span></span><br /><i><span style="color: red;"><br /></span></i></span><br />
<span style="font-size: large;"><i><span style="color: red;">Inferno</span></i><br /><br />Comment des gens qui s'aiment peuvent-ils en arriver à se déchirer mortellement ? La question hante les trois romans de David Vann qui décrivent une lente montée vers un paroxysme tragique dont le lecteur ressent l'inéluctabilité dès les premières pages. Le romancier américain y raconte l'implosion d'une dyade, qu'elle soit conjugale dans <i>Désolations</i> ou parentale dans <i>Sukkwan island</i> (Prix Médicis étranger 2010) et <i>Impurs</i>, paru récemment. Trois huis clos d'une violence inouïe, qui s'achèvent sur un drame. Il n'y a pas de coupables chez David Vann, seulement des personnages brisés par une histoire familiale trop lourde à porter et qui soudain dérapent.<br /><br />Ce sont la nature et les éléments qui viennent mettre en scène puis révéler ces séismes intérieurs. À l'enfer blanc et glacial de <i>Sukkwan island</i> et de <i>Désolations</i>, tous deux situés en Alaska, succède le dantesque brasier californien d'<i>Impurs</i>.<br /><br /><i>«L'air était irrespirable. Si brûlant que sa gorge était un tunnel desséché, ses poumons fins comme du papier, incapables de se gonfler, et il ne savait pas pourquoi il ne parvenait pas à partir tout simplement. Elle avait fait de lui une sorte d'époux, lui, son fils. Elle avait chassé sa propre mère, sa sœur et sa nièce, et il ne restait plus qu'eux deux, et chaque jour il avait le sentiment qu'il ne pourrait supporter un jour de plus, mais chaque jour il restait»</i>. Prisonnier d'une relation toxique avec sa mère, Galen, vingt-deux ans, a trouvé refuge dans la philosophie New-Age. Très mauvaise idée pour un jeune homme fragile psychologiquement ! De son désir de se détacher du monde naît en effet un vénéneux délire mystique et la quête spirituelle se transforme peu à peu en un absurde voyage sans retour.<br /><br />David Vann, adepte convaincu du New-Age au sortir de l'adolescence, connaît bien les dangers inhérents à ce genre de plongée en soi-même. Il avoue d'ailleurs être devenu à cette époque un monstre d'égoïsme pitoyable. On sent par conséquent sous sa plume une certaine jubilation amusée à ridiculiser son protagoniste dans ses tentatives désespérées de fusion avec la nature. C'est en particulier dans le contact de son corps nu avec la terre que Galen cherche la transcendance, or le titre américain, <i>Dirt</i>, joue sur la polysémie (le mot signifie la terre mais aussi la boue et la saleté) soulignant ainsi un paradoxe intraduisible en français mais très révélateur.<br /><br />Nu et ridicule, Galen l'est également lors de ses ébats peu concluants avec sa cousine Jennifer, perverse au possible, qui l'instrumentalise avec gourmandise. Il est difficile de déterminer s'il s'agit, de la part de la jeune fille, d'un simple jeu ou d'une volonté de nuire liée à un héritage de violence familiale qui engendre souffrances, rancoeurs et détestation viscérale. À l'origine, une violence physique et morale dont la grand-mère, battue par son mari, a été la première victime et qu'elle a voulu taire à ses deux filles sans doute pour les protéger. Les répercussions de ce non-dit s'avèrent malheureusement dévastatrices.<br /><br />On retrouve donc dans <i>Impurs</i>, l'interrogation qui sous-tendait <i>Sukkwan island </i>et <i>Désolations</i> et qui a longtemps poursuivi David Vann après le suicide de son père lorsqu'il était adolescent. Peut-on échapper à ses démons et se libérer des traumatismes du passé ? Les personnages n'y parviennent pas mais en ce qui concerne l'auteur la réponse est différente. Il ne s'agit pas dans son cas de simple thérapie par l'écriture mais véritablement de rédemption.<br /><br />David Vann ne se contente pas d'utiliser des événements personnels douloureux, il les transmute pour leur donner un sens et une sombre beauté. Une somptueuse alchimie du tragique.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Florence Cottin-Bee</b><br />( Mis en ligne le 31/05/2013 )</span></span></td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><span style="color: red; font-size: large;">Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2013</span></td></tr>
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Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7530226275071710408.post-78593766212958040702013-05-18T02:45:00.002-07:002013-05-26T10:06:55.997-07:00Baby Love<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGcYE4SaYr0lpxNaroYpDOzspStcdkpiLYNTB4jFifGfGjQLrhOnHD5IKsmFHP8UMPGCUdcy1PmAJ43iN17t8Lr5mpeDk7BZzrh04lIezOyWYD6dq3O4qch9G81ugbvNHpHX7dpB7hzJY/s1600/image+baby+love.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGcYE4SaYr0lpxNaroYpDOzspStcdkpiLYNTB4jFifGfGjQLrhOnHD5IKsmFHP8UMPGCUdcy1PmAJ43iN17t8Lr5mpeDk7BZzrh04lIezOyWYD6dq3O4qch9G81ugbvNHpHX7dpB7hzJY/s200/image+baby+love.jpg" width="131" /></a><br />
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<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><span style="font-size: large;"><span style="color: red;"><b>Baby Love</b><br /><b>de</b> <b>Joyce</b> <b>Maynard</b> <br />Editions Philippe Rey 2013 / 19 €- 124.45 ffr. / 302 pages<br />ISBN : 978-2-84876-296-8<br />FORMAT : 14,5 cm × 22,0 cm</span><span class="L_ISBN"><span style="color: red;">Mimi Perrin (Traducteur)</span><br /><span style="color: red;">Voir aussi :<br /><br />- Joyce Maynard, <i>Une adolescence américaine - Chronique des années 60</i>, Philippe Rey, Avril 2013, 232 p., 17 €, ISBN : 978-2-84876-298-2</span></span><br /><br /><i><span style="color: red;">Eros et Thanatos</span></i><br /><br />Au début des années 70, paraît aux États-Unis un livre qui fait sensation. Il s'agit d'<i>Une adolescence américaine</i>, dans lequel une jeune fille de dix-neuf ans, Joyce Maynard, témoigne de sa vision de l'Amérique sous la forme de petits essais percutants. Son intelligence a séduit un monstre sacré des lettres américaines, J.D. Salinger, de plus de trente ans son aîné, dont elle est devenue la maîtresse-objet. Leur relation dure un an puis Salinger la rejette brutalement. Le choc émotionnel anéantit Joyce Maynard qui racontera en détail, dans une autobiographie parue en 1998, <i>Et devant moi, le monde</i>, sa vérité sur cette passion destructrice, provoquant au passage un énorme scandale, ravageur pour sa carrière. Cependant, Joyce Maynard n'a pas attendu 1998 pour lever une partie du voile sur cet épisode douloureux.<br /><br />De façon surprenante, <i>Baby Love</i>, son premier roman, paru en 1981, qui semble à première vue traiter du sujet de la maternité précoce, vire rapidement à une analyse sans concession du couple et explore jusqu'à l'horreur l'idée de la soumission féminine. C'est dans une petite ville du New Hampshire que vivent Sandy, dix-huit ans, et ses trois copines Tara, Wandy et Jill, un peu plus jeunes qu'elle. Sandy, maman de Mark Junior, cherche à reproduire l'idéal du foyer propret que l'on voit dans les magazines, même si son jeune époux n'y trouve pas vraiment son compte. Tara vit avec sa mère qui déteste son bébé, fruit d'une première relation sexuelle sans lendemain. Wandy élève seule sa fille et n'y arrive pas. Quant à Jill, qui habite avec ses parents, la découverte de sa grossesse fait fuir son petit ami. Seule pour gérer le problème, elle souhaite avorter au plus vite mais encore faut-il trouver l'argent nécessaire.<br /><br />Très convaincante dans ces portraits d'adolescentes touchantes de fragilité face à des responsabilités trop lourdes pour elles, Joyce Maynard l'est encore davantage lorsqu'elle décrit des adultes à la dérive dont la trajectoire vient croiser celle des quatre jeunes filles. Entre autres, ce couple new-yorkais qui vient s'installer en ville dans une maison prêtée par des amis. Greg est artiste et découvre en Tara une muse dont il va tomber éperdument amoureux. Mais Carla, sa compagne, obsédée par le désir viscéral d'avoir un enfant, a justement choisi ce moment pour transformer le désir en réalité. Et puis Ann, qui a acheté une maison et s'y terre. Dépression profonde, troubles du comportement alimentaire... son histoire ressemble beaucoup à celle de Joyce Maynard. Difficile de ne pas reconnaître Salinger dans le personnage de Rupert, l'amant écrivain plus âgé pour lequel elle a tout quitté par dévotion amoureuse et qui l'a abandonnée, la laissant seule face à une vie désormais dénuée de sens. Un homme pourtant la désire sans qu'elle le comprenne tout de suite ; il s'agit du père de Jill, embourbé dans un mariage calamiteux...<br /><br />Un jour, touchée par une petite annonce qu'elle lit dans le journal et qui parle d'amour exclusif et passionné, Ann prend contact avec Wayne, un dangereux psychopathe, enfermé pour le meurtre effroyable d'une jeune femme dont il avait fait son esclave sexuelle. Galvanisé par l'idée qu'une autre femme puisse l'accompagner dans sa folie de toute-puissance, Wayne parvient à s'échapper et part retrouver Ann. Sera-t-elle la prochaine victime consentante ? Le roman s'achève sur une scène des plus troublantes...<br /><br />Incisif, cru et profondément perturbant...<br /><br /><span style="color: red;"><b>Florence Cottin-Bee</b><br />( Mis en ligne le 15/05/2013 )</span></span></td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><span style="color: red; font-size: large;">Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2013</span></td></tr>
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Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7530226275071710408.post-84929550997901540312013-05-01T03:53:00.000-07:002013-05-01T03:53:02.830-07:00Entretien avec Paul Murray<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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<tr><td align="center" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top"> </td></tr>
<tr><td align="left" height="25" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top"><a href="http://parutions.com/"><img alt="L'actualité du livre et du DVD" border="0" src="http://parutions.com/img/Parutions_THREE.gif" /></a><br /><b>Littérature</b><img alt="et" border="0" src="http://parutions.com/img/fleche.gif" /> <b>Entretiens</b> </td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><br /><span style="font-size: large;"><br /><span class="L_ISBN">Paul Murray, <i>Skippy dans les étoiles</i>, Belfond, mars 2013,<br /> 676p., 23 €, SBN : 978-2-7144-5085-2</span><br /><br /><i><span style="color: red;">L'Irlande, hier, aujourd'hui et demain</span></i><br /><br /><span style="color: red;">P<b>arutions.com :</b> <i>Skippy dans les étoiles</i> qui se passe à Dublin dans un pensionnat catholique prestigieux, Seabrook College, offre une variation époustouflante sur la gamme des ''campus novels''. Pourquoi les écoles sont-elles de si fascinants microcosmes ?</span><br /><br /><b>Paul Murray : </b>Une école est un microcosme unique. Pendant le reste de votre vie, vous contrôlez et choisissez d'une certaine façon comment, où et avec qui vous passez votre temps - généralement des gens qui vous ressemblent. Au fil des ans, la forme que prend votre vie reflète de plus en plus précisément votre personnalité. Mais à l'école, vous êtes entassé dans un espace réduit avec deux-cents personnes qui peuvent ne pas vous ressembler du tout et il n'y a pas d'échappatoire ! En tant qu'écrivain, je trouvais qu'il s'agissait d'une idée très intéressante à exploiter.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> C'est aussi un roman d'éducation émouvant qui raconte à quel point l'adolescence est un âge difficile. Vous qualifiez d'ailleurs le processus qui mène à l'âge adulte de <i>«sinistre désonirisation»</i> !</span><br /><br /><b>Paul Murray : </b>Je pense que lorsqu'on est enfant, on s'imagine que devenir adulte signifie essentiellement pouvoir faire ce que l'on veut. Le monde semble illimité et on a hâte de vieillir, de se libérer des contraintes de l'enfance pour pouvoir réaliser nos rêves quels qu'ils soient. À l'adolescence, on se rend compte que les contraintes de l'enfance sont tout simplement remplacées par d'autres contraintes. Le monde est peut-être vaste et illimité mais ce caractère infini ne nous englobe pas. C'est le début d'une prise de conscience qui continue à l'âge adulte que notre vie est en fait limitée dans le temps, l'espace et par les circonstances. Quoi qu'il se passe, vous serez toujours vous, un point, c'est tout. C'est le contraire de ce que vous attendiez et c'est assez décevant. Être adulte ne signifie pas être tout-puissant mais au contraire accepter que de plus en plus de limitations régissent votre vie.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Vous décrivez avec une grande tendresse la façon pourtant parfois brutale dont les adolescents se comportent entre eux. En ce qui concerne les relations entre adultes, votre vision ne semble pas très optimiste. Hypocrisie, rivalité, lâcheté... Avez-vous noirci le tableau ?</span><br /><br /><b>Paul Murray : </b>Eh bien, la grâce salvatrice de l'école reste l'amitié. J'avais quelques bons amis à l'école et j'en suis toujours proche. Ces amitiés sont intenses parce que l'on a véritablement besoin les uns des autres à cet âge-là, on est vulnérable, on se cherche et on ne sait pas où la vie va nous mener. Lorsque l'on vieillit et que l'on prend davantage le contrôle de sa vie, ce besoin évolue. Bien sûr, l'amitié reste une valeur importante mais on pourrait dire que d'une certaine façon, vieillir signifie disparaître dans le terrier qu'on s'est fabriqué et utiliser sa position et ses biens pour ériger une barrière protectrice entre soi et le monde. Je généralise bien sûr car il y a aussi de bien des manières chez les adultes un altruisme qui n'existe pas chez les adolescents. Mais il n'est pas facile de se rappeler à quoi ressemblent la vulnérabilité, le manque d'argent et ce sentiment d'être perdu qui caractérisent l'adolescence. À deux ou trois exceptions près, les enseignants de mon roman ne sont pas de mauvaises personnes. Ils ne font tout simplement plus attention aux autres.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> L'un de ces enseignants, Howard Fallon, est le parfait exemple de l'adulescent. Une espèce qui prolifère actuellement ?</span><br /><br /><b>Paul Murray : </b>Il est assez évident que nous vivons dans un monde que la jeunesse obsède. Avant, cela ne concernait que l'apparence physique mais cela s'applique de plus en plus à la façon de se comporter. Dans le monde occidental, nous pensons comme des adolescents, nous voulons que la vie nous divertisse et qu'elle ressemble à un film. Nous refusons l'ennui et les responsabilités pesantes. On dit que le concept de l'adolescent a été inventé dans les années cinquante par des publicitaires qui ont compris qu'ils avaient pour la première fois devant eux un groupe de personnes disposant d'un peu d'argent, sans réelles responsabilités mais surtout profondément peu sûres d'elles, et à qui l'on pouvait donc vendre n'importe quoi. Il y a depuis lors une volonté de rallonger le plus possible cette période de l'adolescence. On se retrouve par conséquent avec des adultes, comme moi, qui au lieu de s'intéresser à la société dépensent des sommes folles pour des gadgets et se comportent comme des ados. L'iPhone est un bon exemple : on lui associe une idée de standing, il donne l'impression de pouvoir d'une certaine manière maîtriser la réalité. Mais en fait, un iPhone est un jouet qui coûte six cents euros. Il y a peu, j'étais très fier d'en posséder un et puis mon fils de dix-huit mois l'a cassé. Je n'étais pas content du tout sur le coup mais rapidement j'ai vu au-delà. C'est lorsqu'on a des enfants que l'on doit cesser de se comporter en adulescent. Plus de temps pour ne penser qu'à soi et plus d'argent à dépenser en frivolités. De toute façon, même si on a cet argent, votre enfant se charge de jeter vos acquisitions dans les toilettes !<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Dans le roman, vous évoquez la théorie des cordes et la décrivez comme tout à la fois particulièrement complexe et infiniment poétique. A-t-elle sur vous le même pouvoir de fascination que sur Ruprecht, le petit génie scientifique qui partage la chambre de Skippy ?</span><br /><br /><b>Paul Murray:</b> J'ai entendu parler de cette théorie un soir par hasard en regardant un documentaire à la télé. Vous avez raison, la théorie des cordes et la mécanique quantique sont des concepts fascinants et même étrangement libérateurs. Des mondes parallèles, un électron qui peut se trouver en même temps aux deux extrémités de l'univers, une réalité anarchique et paradoxale, toutes ces idées vous amènent à reconsidérer la façon dont vous percevez le monde pour l'apparenter à une œuvre d'art. Mais mon esprit trop peu scientifique s'est contenté d'une explication basique car très vite la théorie des cordes devient très mathématique et abstraite ! Bien qu'elle soit censée tout pouvoir expliquer, personne ne peut véritablement la comprendre. Et même si les scientifiques revendiquent une explication de la réalité comme les prêtres l'ont fait avant eux, tout ce qu'ils ont en fait mis à jour est un mystère encore plus grand. Pour un artiste, cette idée que l'on ne peut résoudre le mystère de la vie est particulièrement importante.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Seabrook College est dirigé par des prêtres, les enseignants y sont majoritairement des hommes et les élèves exclusivement de jeunes garçons. Vous n'esquivez pas le difficile sujet de la pédophilie et des abus sexuels. Avez-vous pu dire tout ce que vous pensiez à ce propos ?</span><br /><br /><b>Paul Murray:</b> J'ai abordé le sujet avec prudence car il est difficile d'écrire sur les abus sexuels. D'un côté, en Irlande comme ailleurs, c'est une chose qui a provoqué un énorme traumatisme et détruit beaucoup de vies. Les cicatrices laissées sur la société irlandaise sont même indescriptibles. D'un autre côté, la pédophilie est devenue ces dernières années une sorte de cliché en littérature ou au cinéma, abondamment utilisé pour expliquer le pourquoi d'une histoire. Je voulais en parler car cela illustre à quel point notre société continue à ignorer et exploiter les plus faibles mais je ne voulais surtout pas banaliser ces événements épouvantables et que la pédophilie devienne un simple ressort dans mon intrigue ce qui m'aurait à mon tour transformé en exploiteur. J'ai donc laissé parler ma sensibilité et essayé de montrer qu'il s'agit d'un pan d'une réalité vaste dans laquelle nous sommes tous complices. On peut toujours diaboliser un groupe de personnes, l'Église par exemple, mais la triste vérité est que si des choses affreuses se produisent, c'est que nous les laissons se produire.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Considérez-vous le père Green comme le personnage le plus complexe du roman ? Quant à la lutte de pouvoir au sein de l'école entre les prêtres et le sinistre Automator, reflète-t-elle une influence religieuse sur le déclin en Irlande ?</span><br /><br /><b>Paul Murray : </b>L'influence de l’Église existe toujours en Irlande mais elle a fortement diminué. Ce sont maintenant les hommes d'affaires et les entrepreneurs qui donnent le «la» et indiquent le chemin que doit prendre la société. En ce sens, l'Automator les représente. En ce qui concerne le père Green, il a sans nul doute été le personnage le plus difficile à créer. Bien plus âgé que moi, bien plus âgé que tous les autres personnages du roman, il appartient à une génération dont la perception du monde et la façon d'y agir ont, en peu de temps, perdu de leur pertinence. C'est un homme en colère, assez sinistre lui aussi, mais je ne voulais pas en faire simplement le méchant de l'histoire. L'Église est responsable de choses scandaleuses en Irlande mais parmi ses prêtres se trouvent également des hommes bons qui ont fourni un travail immense et désintéressé pour aider les pauvres, les malades, les personnes âgées. Un travail irremplaçable, tellement les idées de responsabilité et de devoir envers les plus faibles semblent ne plus avoir de sens. C'est tout le paradoxe du personnage.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Le roman se déroule pendant la période du Tigre celtique. Quels changements dans la société irlandaise cette croissance économique a-t-elle provoqués ?</span><br /><br /><b>Paul Murray : </b>En moins d'une décennie, un pays catholique, conservateur et plongé dans un marasme économique que ses habitants cherchaient à fuir, s'est transformé en une société laïque et riche, obsédée par l'argent et la position sociale. Dans mon roman, les enfants font partie de cette première génération dans l'histoire irlandaise, qui n'envisageait pas de quitter le pays sitôt les études terminées. Mais ils sont également les premiers à grandir dans cet étrange vide éthique né avec cette nouvelle Irlande non-catholique. Leurs parents ne les élèvent plus avec les mêmes références morales et ne savent pas vraiment quoi leur dire. Ce qui est assez perturbant pour eux.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Howard Fallon cherche à rendre son enseignement plus vivant mais se heurte à une grande incompréhension de la part de ses supérieurs et des parents qui exigent un enseignement rentable, faisant donc fi de tout plaisir d'apprendre. Avez-vous vécu cela personnellement?</span><br /><br /><b>Paul Murray : </b>Malheureusement, le système scolaire irlandais ne récompense pas l'imagination et la créativité. Il s'agit de mémoriser des faits et de les retranscrire au cours des examens. Vos notes déterminent quelle formation vous pouvez envisager et quelle université vous pouvez viser, il faut donc qu'elles soient les meilleures possibles. L'école se révèle par conséquent assez ennuyeuse mais peut-être cela va-t-il changer dans les prochaines années. Cependant, tant que nous penserons que le succès se résume à obtenir un travail qui fasse gagner un maximum d'argent, nous resterons coincés dans cette approche mercantile qui met l'emphase sur la conformité et oblige à apprendre par cœur des réponses au lieu de poser des questions.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> <i>Skippy dans les étoiles</i> mélange comédie et tragédie. Très triste et sombre par moments, le roman offre aussi des répliques et des épisodes hilarants. La comédie n'exclut en rien la profondeur du propos. Pourquoi est-elle à votre avis si souvent injustement méprisée dans le monde littéraire ?</span><br /><br /><b>Paul Murray : </b>Je ne sais pas vraiment. Pourtant, la comédie en tant que forme littéraire est au cœur du roman depuis le début. Historiquement, le roman contrebalance le récit épique, il met le doigt sur la vanité, l'absurdité et la fragilité de la vie humaine. Peut-être n'avons-nous pas envie d'entendre parler d'absurdité et de fragilité en cette époque troublée ? Cela peut également révéler que le roman a perdu de son importance. Les gens lisent moins qu'avant et ceux qui continuent à lire veulent sentir l'importance de leur geste, ils privilégient donc les sujets sérieux. Je n'aime pas l'idée selon laquelle l'expérience d'une personne est plus importante que celle d'une autre et que la souffrance humaine rend supérieur. Je trouve que c'est dangereux. Je ne suis pas en train de dire que les écrivains ne doivent pas aborder des thèmes sérieux, voire des événements terribles mais je pense sincèrement qu'au milieu de ces événements les gens restent d'abord des gens avec les mêmes folies, les mêmes idées fausses et les mêmes illusions. Et il est important de l'expliquer.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Comment <i>Skippy dans les étoiles</i>, qui devait être une nouvelle, est-il devenu un roman de 700 pages que vous avez mis sept ans à écrire ? Avez-vous traversé des périodes de doute et de découragement ?</span><br /><b>Paul Murray:</b> Je ne pensais pas que cela me prendrait sept ans et c'est un processus très étrange. Le doute, le découragement font intimement partie de l'écriture, et continuer à travailler sur un livre même quand on n'y croit plus du tout fait partie du boulot. Pourtant, au fil des années, cela devient de plus en plus difficile bien sûr car il n'y a aucune gratification en vue. On commence à se demander si l'on est toujours écrivain, si l'on n'aurait pas commis une terrible erreur. On ne sait plus ce que vaut son livre. Quand j'ai terminé ce roman, je me suis dit que j'avais gâché sept ans de ma vie mais qu'au moins je m'étais montré tenace et que je l'avais terminé. Il y a longtemps, mon professeur d'écriture m'avait dit que la principale qualité requise pour un écrivain était de finir ce qu'il commençait. Un conseil précieux !<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> <i>Skippy dans les étoiles</i> est votre second roman. Le premier sera-t-il bientôt traduit en français ?</span><br /><br /><b>Paul Murray:</b> Il faudra poser la question à mon éditeur ! J'ai toujours adoré la littérature, la musique et le cinéma français et j'avoue volontiers que s'il est toujours excitant d'être traduit, je suis particulièrement fier que <i>Skippy</i> l'ait été en français.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Entretien réalisé par e-mail et traduit de l'anglais par Florence Cottin-Bee</b><br />( Mis en ligne le 01/05/2013 )</span></span></td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><span style="font-size: large;"><span style="color: red;">Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2013</span></span></td></tr>
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Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7530226275071710408.post-42033169410040708342013-04-09T09:18:00.001-07:002013-04-09T09:18:36.175-07:00Une petite fortune<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3UOV1gdYU8rNe9VMetNImcFgGytU9TrZAZARnO0B_Nv7jef0m856VtDNslkCSwAi8yTHsxlFUSgn3-uthxjklmCxyeJcDcCOcNz2upCB1LUZ-3-uwaAkyBjC747PYNKOPSzjM94K3brs/s1600/image+dastgir.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3UOV1gdYU8rNe9VMetNImcFgGytU9TrZAZARnO0B_Nv7jef0m856VtDNslkCSwAi8yTHsxlFUSgn3-uthxjklmCxyeJcDcCOcNz2upCB1LUZ-3-uwaAkyBjC747PYNKOPSzjM94K3brs/s200/image+dastgir.jpg" width="120" /></a><table><tbody>
<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><span style="font-size: large;"><span style="color: red;"><b>Une petite fortune </b><br /><b>de</b> <b>Rosie</b> <b>Dastgir</b><br />Christian Bourgois 2013 / 20 €- 131 ffr. / 440 pages<br />ISBN : 978-2-267-02426-5<br />FORMAT : 12,0 cm × 20,0 cm<br /><br /><span class="L_ISBN">Anne Damour (Traduction)</span></span><br /><br /><span style="color: lime;"><i>Entre Orient et Occident</i></span><br /><br />Depuis une bonne trentaine d'années, la littérature post-coloniale fleurit outre-Manche et contribue au dynamisme enviable de la scène littéraire britannique. Un courant éclectique qui rassemble des écrivains venus d'horizons divers et s'enrichit régulièrement de nouveaux talents. Dans le sillage d'Hanif Kureishi, après Zadie Smith et Monica Ali, voici Rosie Dastgir (née de père pakistanais et de mère anglaise) qui livre sa vision de l'Angleterre multiraciale et des difficultés rencontrées par les immigrés des première et seconde générations.<br /><br />Harris, le protagoniste, a quitté son village pakistanais dans les années soixante-dix pour venir s'installer en Angleterre et y épouser l'ambitieuse Molly. Une nouvelle vie qui l'oblige à abandonner sa foi. Molly ne comprend pas que le sentiment d'être devenu un mauvais musulman puisse torturer son mari et finit par le quitter après dix ans de mariage et la naissance de leur fille Alia. Harris quitte alors le Sud-Est coquet pour rejoindre ses cousins implantés dans le Nord et sur leur conseil y achète une épicerie. Quand Harris reçoit une somme importante que lui devait son ex-épouse suite à leur divorce, il se retrouve paradoxalement bien ennuyé !<br /><br /><i>«Harris passa la nuit à se tourmenter, se demandant que faire de cet argent, comme s'il était impératif de décider sur-le-champ. L'option la plus simple consistait à déposer la somme sur un compte d'épargne qui rapporterait des intérêts et lui assurerait une petite réserve. Mais d'une certaine manière il répugnait à laisser dormir l'argent. D'après le Coran, c'était un péché de thésauriser des biens octroyés par la grâce d'Allah alors que d'autres autour de vous étaient dans le besoin...»</i><br /><br />L'attribution de cette manne financière constitue le fil directeur du récit mais logiquement Rosie Dastgir en profite surtout pour décrire deux cultures en complète opposition et ce faisant n'évite pas toujours les clichés (archaïsme contre modernité, tentation de l'intégrisme religieux…) et donc la caricature.<br /><br />En matière de premier roman, <i>Une petite fortune</i> se lit pourtant avec plaisir mais souffre difficilement la comparaison avec <i>Le Bouddha de banlieue, Sourires de loup</i> et <i>Sept mers et treize rivières</i>. Il manque la démesure provocatrice, la flamboyance du style et la subtilité du propos. Parmi les trois éléments, un seul aurait d'ailleurs suffi à rendre ce texte qui reste un peu gentillet diablement plus convaincant. Mais il y a également des passages qui dégagent une force prometteuse et une sensibilité particulière (en particulier ceux qui se rapportent au voyage qu'Harris effectue avec Alia dans son pays nat</span><span style="font-size: large;">al).</span><span style="font-size: large;"><br /><br />Reste maintenant pour Rosie Dastgir à se frayer un chemin dans la cour des grands.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Florence Cottin-Bee</b><br />( Mis en ligne le 08/04/2013 )</span></span></td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><span style="color: red; font-size: large;">Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2013</span></td></tr>
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Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-7530226275071710408.post-92206615349250292462013-03-31T03:37:00.000-07:002013-03-31T02:43:49.986-07:00Skippy dans les étoiles<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8LC1Vm75HDywp7dYlpj9ZLCU_7MkqoyGX3meUxO1mxTuwsGd4A7m3vVHYVcxwxtjy4g8ZWAdjcZTuUvkJf0J9UyTpcBlFynuGwoj_ncl509_IQdTB3qPrJlY2eMtooDCCuYg-CpkRZe8/s1600/image+skippy.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8LC1Vm75HDywp7dYlpj9ZLCU_7MkqoyGX3meUxO1mxTuwsGd4A7m3vVHYVcxwxtjy4g8ZWAdjcZTuUvkJf0J9UyTpcBlFynuGwoj_ncl509_IQdTB3qPrJlY2eMtooDCCuYg-CpkRZe8/s1600/image+skippy.jpg" /></a></div>
<table><tbody>
<tr><td align="left" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top"><span style="color: red;"><b>Skippy dans les étoiles</b><br /><b>de</b> <b>Paul</b> <b>Murray</b><br />Belfond 2013 / 23 €- 150.65 ffr. / 676 pages<br />ISBN : 978-2-7144-5085-2<br />FORMAT : 15,5 cm × 24,0 cm<br /><br /><span class="L_ISBN">Robert Davreu (Traducteur)</span></span><br />
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<i><span style="color: lime;">On n'est pas sérieux quand on a quatorze ans</span></i><br />
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S<i>kippy dies</i>, le titre original, est plus direct car <i>Skippy dans les étoiles</i> s'ouvre en effet sur la mort du héros Daniel Juster. Skippy, quatorze ans, que ses camarades ont surnommé ainsi en raison de sa malheureuse ressemblance dentaire avec le célèbre kangourou, s'écroule sans vie de manière incompréhensible alors qu'il se livre à un concours de mangeurs de beignets avec son meilleur ami Ruprecht. Le flash-back qui suit en explique les raisons et détaille les mois qui ont précédé ce tragique événement ; puis le lecteur découvre l'impact et les conséquences de la mort de l'adolescent sur son entourage proche et plus lointain.<br />
<br />
Une telle présentation peut laisser imaginer un livre triste et peu engageant. Que l'on se détrompe immédiatement ! L'humour dévastateur et décalé de Paul Murray, un jeune romancier irlandais au talent éblouissant, lui permet d'aborder les sujets les plus graves sans jamais tomber dans l'émotion facile.<br />
<br />
Seabrook, un prestigieux pensionnat catholique dublinois, sert de décor. Un établissement pour garçons dans lequel enseignent des prêtres et des laïcs. Des hommes en majorité, qui ne s'apprécient pas nécessairement. L'apparition d'une séduisante remplaçante provoque d'ailleurs un cataclysme qui donne au roman des allures de ''campus novel'' façon David Lodge. Toutefois, <i>Skippy dans les étoiles</i> reste avant tout un incroyable roman d'éducation qui dissèque la psyché adolescente et son cortège de tourments.<i>«Peu à peu, l'horrible vérité commence à t'apparaître : le Père Noël n'était que la pointe émergée de l'iceberg. Ton avenir ne sera pas les montagnes russes que tu as imaginées ; le monde de tes parents, le monde de la vaisselle à faire, du rendez-vous chez le dentiste, des excursions du week-end à l'hypermarché de bricolage pour acheter du carrelage, c'est ce que les gens ont en tête lorsqu'ils parlent de 'la vie'. Désormais, à chaque jour qui passe, c'est une nouvelle porte qui semble se fermer...»</i><br />
<br />
Skippy et ses copains cherchent pourtant à résister à ce douloureux processus de <i>«désonirisation»</i> qui mène vers l'âge adulte, et croient dur comme fer à la possibilité de mondes parallèles merveilleux que suggèrent paradoxalement aussi bien la théorie des cordes que les mythes irlandais ! Si Ruprecht, le surdoué scientifique, s'accroche à l'idée qu'il doit pouvoir entrer en contact avec Skippy, pour les autres, sa mort brutale fracasse beaucoup d'illusions et pose de nombreuses questions. Est-ce sa rupture avec la trop jolie Lori et sa rivalité amoureuse avec le dealer désaxé de cette dernière qui en sont responsables ? Ou bien Skippy aurait-il été victime de la déviance pédophile du père Green ? La vérité se révèlera bien plus complexe...<br />
<br />
Impossible d'évoquer tous les thèmes qu'aborde Paul Murray dans un ouvrage kaléidoscope de presque sept-cents pages, aux multiples narrateurs, dont le rythme endiablé ne faiblit pas une seconde ! Mais quel que soit le sujet évoqué, il sait trouver ce ton juste qui retient l'attention.<br />
<br />
Un énorme roman dans tous les sens du terme.<br />
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<span style="color: red;"><b>Florence Cottin-Bee</b><br />( Mis en ligne le 25/03/2013 )</span></td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top"><span style="color: red;">Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2013</span></td></tr>
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Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7530226275071710408.post-12139921299914880512013-03-04T07:29:00.000-08:002013-03-04T07:29:10.369-08:00La Singulière tristesse du gâteau au citron<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwg1UcVLZHKVfGUCen-RndcBhVvDhkUynf9H5UoiraTJWqSemHrjKEB_Ko-h6aNq0ASYhokrU0Jyi3pWv8EIiW1X5JuoTNvYzJiY6axTwuSC3I_cmq_L4pMvqLBNYlizhKZudIgWK2F24/s1600/image+citron.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwg1UcVLZHKVfGUCen-RndcBhVvDhkUynf9H5UoiraTJWqSemHrjKEB_Ko-h6aNq0ASYhokrU0Jyi3pWv8EIiW1X5JuoTNvYzJiY6axTwuSC3I_cmq_L4pMvqLBNYlizhKZudIgWK2F24/s200/image+citron.jpg" width="200" /></a></div>
<table><tbody>
<tr><td align="left" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top"><span style="font-size: large;"><span style="color: red;"><b>La Singulière tristesse du gâteau au citron</b><br /><b>de</b> <b>Aimee</b> <b>Bender</b><br />L'Olivier 2013 / 22.50 €- 147.38 ffr. / 343 pages<br />ISBN : 978-2-87929-780-4<br />FORMAT : 14,1 cm × 20,5 cm<br /><br /><span class="L_ISBN">Céline Leroy (Traducteur)</span><br /><br /><i>Encombrante empathie</i></span><br /><br />«<i>Tandis que j'avalais cette première bouchée... j'ai senti un changement subtil s'opérer à l'intérieur, une réaction inattendue... Je sentais sans difficulté le chocolat, mais par glissements légers, comme un effet secondaire qui se déroulait, se déployait, j'avais le sentiment que ma bouche se remplissait aussi d'un goût de petitesse, d'une sensation de rapetissement, de contrariété, d'une distance dont je devinais qu'ils étaient liés à ma mère… puis à chaque bouchée : absence, faim, spirale, vide</i>».<br /><br />Le jour de ses neuf ans, Rose Edelstein se découvre un don singulier en croquant dans le gâteau d'anniversaire que sa mère lui a préparé : comprendre ce que ressentent les autres en mangeant ce qu'ils ont confectionné. Devenir un réceptacle d'émotions, un<i>«médium de la nourriture»</i> se révèle rapidement insupportable pour la petite fille qui va pourtant devoir apprendre à assumer ce pouvoir dont elle se passerait bien.<br /><br />Rose n'est pas la seule de la famille à posséder une faculté extraordinaire, un grand-père paternel qui ne goûtait pas les autres mais les sentait, un frère capable au sens propre de se fondre dans un objet et un père qui refuse obstinément de mettre les pieds dans un hôpital afin de ne pas connaître sa malédiction personnelle...<br /><br />De cette idée délicieusement originale, Aimee Bender tire un roman certes très bien écrit mais profondément intrigant car il laisse en suspens une question majeure. Quelle est la signification des éléments fantastiques qu'elle y introduit ? Le cannibalisme métaphorique de Rose la fait souffrir et l'éloigne des autres jusqu'à ce qu'elle parvienne à l'apprivoiser ; quant à son frère, il finit par se transformer en chaise pliante.<br /><br />Pourquoi pas ? Sauf qu'on en reste là ! La romancière américaine souhaitait peut-être tout simplement proposer à ses lecteurs un conte d'apprentissage un peu fou, sans morale à tirer de l'histoire. On peut en douter et c'est bien ce sentiment d'inachevé qui laisse au final relativement perplexe.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Florence Cottin-Bee</b><br />( Mis en ligne le 04/03/2013 )</span></span></td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top"><span style="color: red; font-size: large;">Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2013</span></td></tr>
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Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7530226275071710408.post-85437664076635108272013-03-01T02:04:00.002-08:002013-03-01T02:24:42.414-08:00La Belle indifférence<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhVbDy2ahiaygczC7K0ngjTSh251D_A2YZGuf5gE-hYhyS3zE6nrXvuoTEAWD6otGrO-hHsWMVmK9qAM7-u7ugmsNaFb6iy3GFHhogY_MnOnKduOSs76PGG8GSYeuj9AqSivIjGYPjVei8/s1600/image+indiff%C3%A9rence.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhVbDy2ahiaygczC7K0ngjTSh251D_A2YZGuf5gE-hYhyS3zE6nrXvuoTEAWD6otGrO-hHsWMVmK9qAM7-u7ugmsNaFb6iy3GFHhogY_MnOnKduOSs76PGG8GSYeuj9AqSivIjGYPjVei8/s320/image+indiff%C3%A9rence.jpg" width="192" /></a></div>
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<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><span style="color: red; font-size: 12pt;"><b>La Belle indifférence</b><br /><b>de</b> <b>Sarah</b> <b>Hall</b><br />Christian Bourgois 2013 / 15 €- 98.25 ffr. / 170 pages<br />ISBN : 978-2-267-02446-3<br />FORMAT : 12,0 cm × 20,0 cm<br /><br /><span class="L_ISBN">Éric Chédaille (Traducteur)</span></span><br />
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<i><span style="color: red; font-size: large;">L'empire des sens</span></i><br />
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<span style="font-size: large;">Toute incursion dans la prose poétique de Sarah Hall laisse admiratif. Après quatre romans magiques, la Britannique fascine à nouveau avec <i>La Belle indifférence</i>, son premier recueil de nouvelles qui compte sept histoires parfaitement ciselées dans lesquelles la violence qu'elle suggère dégage toujours autant de force que celle qu'elle décrit explicitement. La densité de l'ensemble s'explique aussi par le foisonnant réseau de correspondances et d'échos qu'elle établit entre paysages naturels et corporels, animalité et humanité, quotidien et universel. Quel qu'en soit le décor, le comté de Cumbrie (où est née Sarah Hall), Londres, l'Afrique du Sud ou un lac finlandais, chaque nouvelle raconte un fragment de vie révélateur et met en scène une protagoniste féminine qui se retrouve face à elle-même. Cinq femmes et deux jeunes filles.<br /><br />Dans «Le parfum du boucher», Kathleen se lie d'amitié avec Manda, une dure à cuire qui fonctionne à l'instinct tout comme ses frères caractérisés par une bestialité que Kathleen choisira sciemment d'utiliser. Dans «La rivière dans la nuit», Dolly, comprend avant tout le monde que son amie Magda va mourir et part chasser pour lui confectionner une étole en vison qu'elle portera dans la tombe. Un geste dans lequel elle met tout son amour. Pourtant la mort de Magda, dont on pourrait supposer Dolly inconsolable, lui enseigne une vérité qu'elle n'imaginait pas : <i>«Je pensais qu'elle allait me manquer et, de fait, son charme et sa gaieté me manquèrent. Sa douce franchise me manqua. Mais elle n'était nullement présente dans mes rêves. La vérité de la mort est chose singulière. Car quand ils nous quittent, les êtres chers sont comme s'ils n'avaient jamais été. En disparaissant de cette terre, ils disparaissent de l'air même. Ne restent que les landes et les montagnes, le monde matériel sur lequel nous nous trouvons et sur lequel nous régnons. Nous sommes les loups. Nous sommes les lions. Après tant de soirées à battre les berges avec les chiens et mes frères, absorbée par un bouillant dessein que je ne comprenais pas vraiment, je rêvais nuit après nuit de la rivière. Je la rêve en ce moment: rivière de parfums volés serpentant à travers notre paradis inversé»</i>.<br /><br />Pour les héroïnes plus âgées des cinq autres nouvelles, les vérités surgissent d'une réflexion sur leur vie amoureuse et sexuelle. Les cinq histoires qui entrelacent désir et manque, présence et absence, proximité et distance dégagent le goût amer du doute et du regret. Une femme qui attend son amant plus jeune à l'hôtel («La belle indifférence»), une autre qui a fui la brutalité de son mari et son village du nord pour se réfugier chez une amie à Londres («Les abeilles»), Hannah dont le mariage est devenu une coquille vide et qui sur les conseils d'une copine s'engage sur la voie des amours tarifées («L'agence»), une dispute qui vire au drame («Elle l'assassina, lui qui était mortel») et une glaçante escapade en Finlande («Vuotjärvi»)<br /><br />Outre une parfaite maîtrise de la narration (variation entre récits aux première, deuxième et troisième personnes), Sarah Hall s'empare des mots de façon unique. Une écriture viscérale dont la très belle traduction d'Eric Chédaille rend la fulgurance. Magnifique et vertigineux d'intelligence.</span><br />
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<span style="color: red; font-size: large;"><b>Florence Cottin-Bee</b><br />( Mis en ligne le 01/03/2013 )</span></td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><span style="color: red; font-size: large;">Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2013</span></td></tr>
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</div>
Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7530226275071710408.post-47723228744945348492013-02-13T06:46:00.001-08:002013-02-13T06:46:33.769-08:00Entretien avec Maria Semple<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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<table><tbody>
<tr><td align="center" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top"> </td></tr>
<tr><td align="left" height="25" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top"><a href="http://www.parutions.com/"><img alt="L'actualité du livre et du DVD" border="0" src="http://www.parutions.com/img/Parutions_THREE.gif" /></a><br /><b>Littérature</b><img alt="et" border="0" src="http://www.parutions.com/img/fleche.gif" /> <b>Entretiens</b> </td></tr>
</tbody></table>
<table><tbody>
<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><span style="font-size: large;"><span style="color: red;"><b><br />Entretien avec Maria Semple</b><b> - (<i>Bernadette a disparu</i>, Plon, Janvier 2013)</b></span><br /><span class="L_ISBN">- Maria Semple, <i>Bernadette a disparu</i>, Plon, Janvier 2013, 381 p., 21 €, ISBN : 978-2-259-21730-9</span><br /><br /><i><span style="color: red;">Une famille formidable</span></i><br /><br />Paru en janvier dernier chez Plon, le drôlissime et très original <i>Bernadette a disparu</i> de Maria Semple a déjà séduit de nombreux lecteurs. Rencontre avec la pétillante romancière américaine.<br /><br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> La forme de <i>Bernadette a disparu</i> mêle un récit à la première personne (la jeune Bee étant la narratrice) à toute une variété de documents écrits. Pensez-vous avoir renouvelé le roman épistolaire ? Était-ce le seul choix possible pour l'idée que vous aviez en tête ?</span><br /><b>Maria Semple : </b>Lorsque j'ai commencé à écrire le livre, Bernadette en était la narratrice, mais très rapidement, elle m'a semblé devenir trop envahissante. J'ai alors opté pour un récit à la troisième personne, malheureusement l'histoire tombait à plat. Puis j'ai eu l'idée suivante, Bernadette aurait une assistante à qui elle enverrait par email ses instructions afin qu'elle se charge des courses quotidiennes. Quand j'ai essayé d'écrire la première lettre, quelque chose a fait tilt et je me suis dit, pourquoi seulement Bernadette, pourquoi pas tous les personnages ? Pour moi qui adore les romans épistolaires, c'était totalement excitant. Je n'ai pas la prétention d'avoir renouvelé le genre mais si par ce biais les gens redécouvrent des romans aussi extraordinaires que <i>Les Liaisons dangereuses</i> de Laclos ou <i>Les Passagers anglais</i> de Matthew Kneale, j'aurai le sentiment d'avoir accompli quelque chose !<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Des emails mais pas de messages Facebook ou Twitter. Y avez-vous songé ?</span><br /><br /><b>Maria Semple : </b>Je n'aime ni Facebook, ni Twitter, ni les SMS, je n'avais aucune envie que cela vienne polluer mon livre ! Raconter une histoire à l'ancienne m'intéressait beaucoup plus. Et pourtant mes personnages y sont bel et bien confrontés à des problèmes très modernes ce que je trouve amusant !<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Asociale et agoraphobe, Bernadette se repose quasi entièrement sur Manjula, son assistante virtuelle indienne, qui la décharge de toutes les tâches quotidiennes, mais elle lui confie également beaucoup de choses personnelles. Très mauvaise idée quand on voit à quoi aboutit cette «amitié». Vouliez-vous dénoncer quelque chose ou était-ce simplement une façon de souligner la fragilité psychologique de Bernadette ?</span><br /><b>Maria Semple : </b>Bernadette a un côté très autoritaire mais elle n'aime pas le contact avec les autres. Cette idée d'une assistante virtuelle à qui elle pourrait donner des ordres me semblait simplement vraiment bien convenir au personnage.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Au fil des pages, Bee et le lecteur découvrent la personnalité de Bernadette dans toute sa complexité mais également les souffrances qu'elle a endurées. Une carrière d'architecte prometteuse arrêtée en plein vol suite à un échec cuisant, à savoir la démolition de la maison 20KM, son chef d'œuvre, par son pire ennemi à qui elle l'a vendue par erreur. Vingt ans plus tard, elle n'a toujours pas tourné la page ce qui l'empêche d'avancer dans la vie. Parce que voir son œuvre saccagée est la pire des choses pour un artiste ou bien parce qu'elle se sent inconsciemment responsable et ne parvient pas à l'admettre ?</span><br /><br /><b>Maria Semple : </b>Je trouvais intéressant d'écrire sur une femme incapable de surmonter l'échec. J'aime ce sujet de l'échec. Douloureux et inavouable, c'est aussi la plus grande leçon que l'on peut tirer de la vie. Mais notre culture ne l'accepte pas. Pour la majorité, les vidéos les plus regardées sur YouTube sont celles où des gens sont tournés en dérision. D'une certaine manière, les hommes ont appris à surmonter un échec professionnel et à poursuivre leur carrière. Pour les femmes, il en va différemment, elles prennent un échec de ce type de façon beaucoup plus personnelle.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Avez-vous totalement inventé la maison 20KM ou bien y avait-il dans les années 1990 aux États-Unis des architectes engagés dans des projets écologiques et sans déchets ?</span><br /><br /><b>Maria Semple : </b>Je l'ai inventée. Je suis partie de l'architecture actuelle pour remonter dans le temps et donc essayer d'imaginer une carrière de précurseur pour Bernadette.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Le mari de Bernadette, Elgie, travaille pour Microsoft. Une prestation brillante lors d'une conférence TED à propos d'un programme révolutionnaire, Samantha 2, l'a propulsé au rang de star. Visiblement vous maîtrisez parfaitement le sujet ! Faire des recherches dans le domaine de l'informatique vous a-t-il semblé plus difficile qu'explorer celui de l'architecture ?</span><br /><b>Maria Semple : </b>Je m'estime chanceuse car la maison 20KM et Samantha 2 sont deux idées qui me sont venues très tôt dans l'écriture du roman. Pour les rendre crédibles, j'ai fait des recherches. J'ai un ami, architecte et professeur brillant, qui m'a aidée à étoffer la carrière de Bernadette dans le milieu de l'architecture. Et puis, j'ai eu la chance de rencontrer un gros bonnet de Microsoft (il y en a plein à Seattle !) qui m'a gentiment fait visiter le complexe et a répondu à mes questions. Tous les deux ont relu les épreuves au fur et à mesure que j'avançais et m'ont aidée pour la terminologie. Quand un architecte ou un employé de Microsoft me disent à quel point le roman leur a semblé précis, j'apprécie énormément le compliment.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Au fil des années, la relation entre Bernadette et Elgie est devenue compliquée. Bernadette peut se montrer épouvantable certes mais ne porte-t-il pas sa part de responsabilité dans le fait que Bernadette se complaise à ce point dans l'auto-apitoiement et la victimisation ?</span><br /><br /><b>Maria Semple : </b>Je ne sais pas… Je crois que finalement on est seul responsable de sa vie. Bernadette n'a jamais confié ses problèmes à Elgie, elle ne lui a donc jamais donné la chance de l'aider.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Tout comme vous, Bernadette a quitté Los Angeles pour s'installer à Seattle, une ville qu'elle trouve au départ détestable. Pourriez-vous envisager de mettre en scène des endroits moins familiers ?</span><br /><br /><b>Maria Semple : </b>Visiblement non ! Lorsque j'écris un roman, il me semble important de rendre mon histoire vivante et crédible, j'y ajoute donc une quantité de détails qui concernent la vie quotidienne de mes personnages mais finalement ces détails concernent tout autant l'endroit où ils vivent.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Bernadette se sent appelée par l'Antarctique où elle retrouve l'inspiration créatrice ce qui lui permet de laisser le passé derrière elle pour avancer de nouveau. Dans la vraie vie, pensez-vous qu'un endroit puisse avoir un tel pouvoir ?</span><br /><br /><b>Maria Semple : </b>L'inspiration est insaisissable, elle peut venir de n'importe où. Lorsqu'un artiste la ressent, il est de son devoir de tout lâcher pour la suivre.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Seule Bee refuse l'idée que Bernadette ait pu disparaître pour de bon. Bernadette de son côté est malgré tous ses défauts une bonne mère qui adore sa fille. Le roman s'achève sur une lettre particulièrement émouvante envoyée par Bernadette à sa fille. Une très jolie illustration de l'amour maternel. Comment définiriez-vous ce lien particulier ?</span><br /><b>Maria Semple : </b>Je souhaitais avant tout raconter l'histoire de deux personnes qui se comprennent et apprécient la compagnie de l'autre. Bernadette et Bee se sentent à l'aise ensemble, je n'ai pas essayé de rendre les choses plus compliquées.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Votre roman est incroyablement drôle. Est-il dans votre nature de rire de tout ?</span><br /><b>Maria Semple : </b>Absolument ! Je vois le monde sous un angle comique. Je suis sûrement née comme cela. C'est quelque chose dont j'ai eu besoin pour passer le cap de l'enfance et dont je ne peux pas me débarrasser. Même si je suis témoin d'un truc horrible dans la rue par exemple, je rentre à la maison et je dis à mon mari : «Tordant, ce que je viens de voir !»<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Vous avez longtemps travaillé comme scénariste pour la télévision américaine. Dans quelle mesure cela vous aide-t-il lorsque vous écrivez un roman ?</span><br /><br /><b>Maria Semple : </b>Cela m'aide énormément. J'ai appris à créer des personnages convaincants et attachants, à construire une intrigue bien ficelée et à imaginer des dialogues mordants ce qui est très utile pour un roman. J'ai également appris que pour obtenir un résultat satisfaisant, il faut travailler dur.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Lorsque vous avez achevé <i>Bernadette a disparu</i>, qu'avez-vous pensé ? «J'ai écrit un super roman ou bien je viens d'écrire le livre que je voulais écrire ?» L'un n'excluant pas l'autre !</span><br /><b>Maria Semple : </b>J'aimerais posséder cette confiance ! Je craignais d'avoir passé deux ans à travailler comme une folle sur un manuscrit qui n'avait aucun sens. J'avais peur que personne ne puisse suivre l'intrigue. Depuis la publication du roman, beaucoup de choses merveilleuses se sont produites toutefois ; je me souviens d'un épisode décisif qui m'a encouragée pendant le travail d'écriture. Une amie passait le week-end à la maison, je lui ai confié l'une des premières moutures pour qu'elle me donne son avis. Elle a passé la nuit à lire et le matin arborait un grand sourire. «Tu as compris ? C'est logique ?», lui ai-je demandé. Quand elle a répondu par l'affirmative, une vague de joie et de soulagement m'a submergée. Je n'avais jamais connu ce sentiment en tant que romancière.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> <i>Bernadette a disparu</i> va être adapté au cinéma. Quel rôle allez-vous jouer dans ce projet ?</span><br /><br /><b>Maria Semple : </b>J'ai deux merveilleux producteurs. Nina Jacobsen a produit <i>The Hunger Games</i> et Megan Ellison, <i>Zero Dark Thirty</i>. Je n'ai pas souhaité écrire le scénario, la tâche me semblait trop ardue ! Nous avons donc engagé pour cela l'équipe de scénaristes qui a écrit <i>500 Days of Summer</i>. Actuellement, ils sont en plein travail. Je suis également productrice du film et aurai à ce titre mon mot à dire. Nous avons vraiment rassemblé une équipe formidable ce qui me ravit et j'attends avec impatience de voir comment le film va prendre forme.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Un très grand merci à vous.</span><br /><br /><span style="color: red;"><b>Entretien réalisé par email et traduit de l'anglais (US) par Florence Cottin-Bee</b><br />( Mis en ligne le 13/02/2013 )</span></span></td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><span style="color: red; font-size: large;">Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2013<br /></span></td></tr>
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<tr><td align="left" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top"><span style="font-size: large;"><br /></span></td></tr>
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Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7530226275071710408.post-56817845566609981482013-01-26T06:46:00.001-08:002013-01-26T06:46:18.005-08:00Bernadette a disparu<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiP8owFU-ZpKRfPz5S68KUSy1HoGMO-tGwjTr82nF4L65ooP-WA5vCZGfHQsC4GcfHsRny2QcHZ0sSAsOTm3bzKldYCI95Xf5N2lXft2GekVMC_g5uHsBp8nAX_lSqHyIe-07xH88m2UGk/s1600/bonne+image+semple.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiP8owFU-ZpKRfPz5S68KUSy1HoGMO-tGwjTr82nF4L65ooP-WA5vCZGfHQsC4GcfHsRny2QcHZ0sSAsOTm3bzKldYCI95Xf5N2lXft2GekVMC_g5uHsBp8nAX_lSqHyIe-07xH88m2UGk/s1600/bonne+image+semple.jpg" /></a><table><tbody>
<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><table style="font-family: 'Times New Roman';"><tbody>
<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><span style="font-size: large;"><span style="color: red;"><b>Bernadette a disparu</b><br /><b>de</b> <b>Maria</b> <b>Semple</b> </span><br /><span style="color: red;">Plon - Feux croisés 2013 / 21 €- 137.55 ffr. / 381 pages<br />ISBN : 978-2-259-21730-9<br />FORMAT : 14,5 cm × 22,7 cm</span><br /><br /><span style="color: red;"><span class="L_ISBN">Carine Chichereau (Traducteur)</span></span></span><br /><br /><span style="font-size: large;"><i><span style="color: red;">De surprise en surprise</span></i></span><br /><br /><span style="font-size: large;">Gros coup de cœur de cette rentrée littéraire de janvier, <i>Bernadette a disparu</i> de Maria Semple est un cocktail explosif d'humour, d'originalité et d'ingéniosité narrative.<br /><br />Architecte géniale, Bernadette a laissé tomber une carrière qui s'annonçait brillante à Los Angeles pour aller vivre à Seattle avec son mari Elgin. Une décision prise suite à un échec particulièrement violent. Vingt ans plus tard, elle ne s'en est malheureusement toujours pas remise et se complaît dans un auto-apitoiement destructeur. Elgin est devenu une star chez Microsoft et gagne suffisamment d'argent pour que Bernadette n'ait pas à envisager de reprendre la moindre activité rémunérée. Plus de vie professionnelle et aucune vie sociale vu que Bernadette déteste en bloc Seattle et ses habitants. Asociale donc et de plus agoraphobe, Bernadette s'en remet à son assistante virtuelle indienne, Manjula Kapoor, pour les détails matériels qu'elle n'a pas envie de régler. Efficace et compréhensive, Manjula devient peu à peu une sorte de confidente en qui Bernadette a totalement confiance. Mais la seule véritable amie de Bernadette se nomme Bee, sa fille de quinze ans, une adolescente brillante et très mûre pour son âge.<br /><br />Lorsque Bee demande à ses parents un voyage familial en Antartique en récompense d'un bulletin trimestriel particulièrement élogieux, Bernadette accepte par amour une perspective qui pourtant la terrorise. La veille du départ, elle disparaît et les recherches aboutissent rapidement à la conclusion de sa mort ce que Bee refuse d'admettre. Un mystérieux colis rempli de documents divers, qu'on lui a envoyé sans adresse d'expéditeur, va permettre à la jeune fille de reconstituer le gigantesque puzzle qui lui donnera raison.<br /><br />Le roman mêle donc un récit à la première personne, mené par Bee, aux documents dans lesquels elle se plonge pour retrouver la trace de Bernadette – des fax, des e-mails, des lettres, un rapport médical, un article d'une revue d'architecture, pour n'en citer que quelques-uns. Chaque document fournit bien sûr un élément nouveau qui vient enrichir et faire rebondir une intrigue palpitante qui ne livre d'ailleurs sa clé que dans les dernières pages.<br /><br />Sorte de polar épistolaire du troisième type, <i>Bernadette a disparu </i>fourmille en plus de descriptions, de réflexions et d'épisodes hilarants. Scénariste pour la télévision américaine sur des séries très connues (<i>Arrested Development, Mad About You, Ellen</i>...) avant de se tourner vers le roman, Maria Semple possède vraiment une imagination débridée et le sens de la réplique qui fait mouche.<br /><br />Mieux vaut prévoir sa journée ou sa nuit car une fois commencé <i>Bernadette</i> ne se lâche plus !<br /><br /><span style="color: red;"><b>Florence Cottin-Bee</b><br />( Mis en ligne le 21/01/2013 )</span></span></td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><span style="color: red; font-size: large;">Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2013</span></td></tr>
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Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7530226275071710408.post-73869426153015616992013-01-18T01:30:00.002-08:002013-01-18T01:30:51.606-08:00Tir aux pigeons<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiesFjY8zakzdvqQHmvSrgo11WziU4M3_fK0bdrRJdOq5FljQdLZHOvRATbJ_7oYNWDU3ATIPmMXaCknDwAO5_dahDsqA5YWXJWt5hEsLrgJe5tpDFG2LGvfC_fpRq_YTDbgACsq7_IEQY/s1600/image+nancy.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiesFjY8zakzdvqQHmvSrgo11WziU4M3_fK0bdrRJdOq5FljQdLZHOvRATbJ_7oYNWDU3ATIPmMXaCknDwAO5_dahDsqA5YWXJWt5hEsLrgJe5tpDFG2LGvfC_fpRq_YTDbgACsq7_IEQY/s320/image+nancy.jpg" width="192" /></a><table><tbody>
<tr><td align="left" style="font-size: 12pt;" valign="top"><span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;"><span style="color: red;"><b>Tir aux pigeons</b><br /><b>de</b> <b>Nancy</b> <b>Mitford</b> <br />Christian Bourgois 2013 / 17 €- 111.35 ffr. / 204 pages<br />ISBN : 978-2-267-02429-6<br />FORMAT : 12,0 cm × 20,0 cm</span></span><span style="color: red; font-family: Georgia, 'Times New Roman', serif; font-size: 12pt;">Charlotte Motley (Traducteur)</span><span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;"><span style="color: red;"><br /></span><br /><br /><span style="color: lime;"><i>Sur les traces de Mata-Hari</i></span><br /><br />Née en 1904 dans l'aristocratie anglaise, Nancy Mitford a puisé dans les us et coutumes de l'''upper class'' britannique la matière première de son œuvre romanesque sans hésiter à mettre en scène de façon peu déguisée les membres de sa propre famille. La publication de <i>Charivari</i> en 1935 avait provoqué l'ire de ses deux sœurs, Unity, qui faisait partie du cercle des intimes d'Adolf Hitler, et Diana, seconde épouse du fondateur de la ''British Union of Fascists,'' Oswald Mosley. Très fâchées par le portrait satirique que Nancy y faisait de ce dernier, elles n'acceptaient pas davantage d'y être tournées en dérision. Dans <i>Tir aux pigeons</i>, une délicieuse comédie d'espionnage sur fond de drôle de guerre, qu'elle écrivit fin 1939, Nancy laissait donc un peu de côté les éléments trop autobiographiques tout en conservant la même plume subtilement acérée et un humour totalement décalé.<br /><br />Douillettement coincée entre son mari Luke, un richissime homme d'affaires, chaud partisan du Führer, et son amant Rudolph, un sémillant journaliste sans le sou, l'héroïne du roman, Lady Sophia Garfield, rêve d'aventures extraordinaires qui viendraient pimenter son quotidien. La guerre qui s'annonce va lui en fournir l'occasion ! Son parrain, Sir Ivor King, se fait sauvagement assassiner à Londres mais réapparaît en Allemagne ; Greta, sa femme de chambre allemande, disparaît. Quant à Florence, la maîtresse de Luke, qu'ils hébergent gentiment dans leur luxueuse demeure, elle se comporte de façon étrange. Sophia décide de mener l'enquête, révèle des talents d'espionne insoupçonnés et finit par sauver la capitale anglaise d'une attaque ennemie féroce.<br /><br />L'histoire, pleine de rebondissements, se lit avec plaisir mais ce sont surtout les personnages qui séduisent. En particulier les excentriques comme Sir Ivor King, sorte de fou chantant, ou Olga Gogothsky, née Baby Bagg, fausse poétesse et menteuse hors pair.<br /><br />Nancy Mitford s'intéresse aussi de près à la scène politique de l'époque et brocarde joyeusement les défenseurs des accords de Munich et leur vision à court terme, les faux-semblants et le manque de courage de l'<i>homo politicus</i>, le Réarmement moral et puis cette guerre qui n'en finit pas de ne pas commencer...<br /><br />Léger, pétillant et franchement amusant !<br /><br /><span style="color: red;"><b>Florence Cottin-Bee</b><br />( Mis en ligne le 18/01/2013 )</span></span></td></tr>
<tr><td align="left" style="font-size: 12pt;" valign="top"><span style="color: red; font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2013</span></td></tr>
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Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7530226275071710408.post-43974540838616940992013-01-16T07:46:00.000-08:002013-01-16T07:46:13.649-08:00Wonder<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZQcAlXSW9KDh5LXwTDI4j2uaOBUFYOQPETGXtVsAqueEvjMVDnV7ZO6t1IjogtlpAaNN0xhQF_VXuDEo2PkwMUp1uPOIDTivJMsiNTyatWYfWeDZbhN1bYU97PVmvHfj4wLsIn-NdE-g/s1600/image+wonder.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZQcAlXSW9KDh5LXwTDI4j2uaOBUFYOQPETGXtVsAqueEvjMVDnV7ZO6t1IjogtlpAaNN0xhQF_VXuDEo2PkwMUp1uPOIDTivJMsiNTyatWYfWeDZbhN1bYU97PVmvHfj4wLsIn-NdE-g/s320/image+wonder.jpg" width="199" /></a></div>
<table><tbody>
<tr><td align="left" valign="top"><span style="color: red; font-family: Times;"><span style="font-size: large;"><b>Wonder</b><br /><b>de</b> <b>R.-J.</b> <b>Palacio</b> </span><br /><span style="font-size: large;">Pocket - Jeunesse 2013 / 17.90 €- 117.25 ffr. / 410 pages<br />ISBN : 978-2-266-23261-6<br />FORMAT : 14,3 cm × 22,6 cm<br /><br /><span class="L_ISBN">Juliette Lê (Traducteur)</span></span></span><br /><br /><i style="font-family: Times;"><span style="color: lime; font-size: large;">Leçon de vie</span></i><br /><br /><span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;">«</span><i style="font-size: 12pt;">Je ne suis pas un garçon de dix ans ordinaire, c'est certain. Oh, bien sûr, je fais des choses ordinaires. Je mange des glaces. Je fais du vélo. Je joue au ballon. J'ai une Xbox. Tout ça fait de moi un enfant comme les autres. Sans doute. Et puis je me sens normal. Au-dedans. N'empêche, lorsqu'un enfant ordinaire entre dans un square, les autres enfants ordinaires ne s'enfuient pas en hurlant… J'aimerais pouvoir marcher dans la rue sans que tout le monde me regarde et puis détourne les yeux à toute vitesse. Voilà mon idée : la seule raison pour laquelle je ne suis pas ordinaire, c'est que les autres me voient comme ça</i><span style="font-size: small;">».</span><br /><br /><span style="font-size: large;">Très malchanceux à la loterie génétique, August Pullman est né avec une terrible malformation faciale due à une <i>«mutation nucléotide unique»</i>. Vingt-sept opérations plus tard, son visage reste hors-norme et la réaction des gens qui le croisent, identique. Éduqué à la maison par sa mère, au centre de toutes les attentions des siens, August a toutefois grandi relativement protégé des moqueries clairement formulées. Lorsque ses parents lui annoncent qu'ils aimeraient le voir entrer en sixième dans un collège normal car ils le sentent capable de tenter l'expérience, le petit garçon a très peur, pas certain au fond de pouvoir montrer le courage nécessaire.<br /><br /><i>Wonder</i> raconte donc cette année de sixième capitale pour August mais également pour les autres personnages du roman. On peut facilement imaginer la façon dont l'histoire va se dérouler. Rejeté par beaucoup au départ, en butte au refus de la différence, August va peu à peu trouver sa place et se faire de véritables amis. De cette trame prévisible, R.J. Palacio, graphiste américaine, tire un roman (son premier) absolument formidable. Un hymne émouvant à la bonté et à la gentillesse, tout sauf gnangnan et très bien construit. August en est le narrateur principal mais R.J. Palacio a eu la bonne idée d'utiliser plusieurs autres personnages qui offrent leur propre perception ce qui renforce la profondeur de l'ensemble. Tous sont des enfants, Summer et Jack qui vont avec August au collège, ou des adolescents, Via, sa grande sœur, Justin et Miranda, respectivement le petit copain et une amie de cette dernière, et tous ont en commun des sentiments très forts pour August et une spontanéité qui aurait pu faire défaut à un narrateur adulte.<br /><br />Constitué de chapitres souvent très courts qui forment une succession de vignettes touchantes, plein d'humour, facile à lire mais dense dans son propos, <i>Wonder</i> fait partie de ces remarquables romans jeunesse qui peuvent aussi bien viser un lectorat adulte, à l'instar du <i>Bizarre incident du chien pendant la nuit</i> de Mark Haddon dont le héros est lui aussi un adolescent atteint d'un lourd handicap (Raison pour laquelle Fleuve Noir publie également <i>Wonder</i> mais avec une couverture différente).<br /><br />Critiques élogieuses, succès auprès du public, tout semble bien parti pour R.J. Palacio. On ne peut que lui souhaiter un parcours semblable à celui de Mark Haddon.</span></span><span style="font-size: large;"><br /></span><br /><span style="color: red; font-family: Times; font-size: large;"><b>Florence Cottin-Bee</b><br />( Mis en ligne le 16/01/2013 )</span></td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><span style="color: red; font-size: large;">Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2013</span></td></tr>
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Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7530226275071710408.post-61359228376405383502013-01-13T07:00:00.004-08:002013-01-13T07:05:18.916-08:00Entretien avec Cassandra Clare<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<table><tbody>
<tr><td align="center" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top"></td></tr>
<tr><td align="left" height="25" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top"><a href="http://parutions.com/"><img alt="L'actualité du livre et du DVD" border="0" src="http://parutions.com/img/Parutions_THREE.gif" /></a><br />
<b>Littérature</b><img alt="et" border="0" src="http://parutions.com/img/fleche.gif" /> <b>Entretiens</b> </td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top"><br />
<i>Entre <i>Urban Fantasy</i> et <i>Steampunk</i></i><br />
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Rencontre avec Cassandra Clare, l'une des grandes prêtresses américaines de l'<i>Urban Fantasy</i> avec sa célèbre série <i>La Cité des ténèbres</i> qu'une préquelle vient maintenant compléter. Les amateurs ont certainement découvert <i>L'Ange mécanique</i>, paru en novembre 2012 chez Pocket Jeunesse, premier volume sur les trois que devrait compter <i>La Cité des ténèbres - Les Origines</i>. La romancière nous répond ici sur la genèse de sa saga et les particularités du monde fantastique qu'elle a imaginé.<br />
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<b><span style="color: #f00000;">Parutions.com :</span></b><span style="color: red;"> Après les quatre premiers volumes de <i>La Cité des ténèbres (The Mortal Instruments), L'Ange mécanique</i> vient de sortir en France. C'est le premier opus de la série <i>La Cité des ténèbres - Les Origines (The Infernal Devices)</i>. Vous y situez l'action dans le Londres de la fin du dix-neuvième siècle alors que vos autres romans ont surtout le New York d'aujourd'hui pour décor. Pourquoi ces deux villes et ces deux époques ?</span><br />
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<b>Cassandra Clare : </b>Tout d'abord, j'ai toujours voulu écrire un livre qui se passe à l'époque victorienne et puis Londres est l'une de mes villes préférées. Je savais que ce décor me fournirait un matériau formidable à partir duquel travailler. L'idée de départ pour <i>La Cité des ténèbres</i> m'est venue à New York. Je voulais écrire quelque chose qui associerait des éléments que l'on trouve traditionnellement dans la <i>High Fantasy</i> – une lutte épique entre le bien et le mal, des monstres effrayants, des héros courageux, des épées magiques – à des espaces modernes et urbains. Cela a donné les Chasseurs d'Ombres, des guerriers très classiques qui suivent leurs traditions millénaires mais vivent dans un univers de gratte-ciels, d'entrepôts, d'hôtels abandonnés ou de concerts de rock. Dans les contes de fées, c'est la forêt sombre et mystérieuse à l'extérieur de la ville qui bruisse de magie et de danger. Dans le monde que je voulais créer, la ville avec sa beauté étrange et ses propres enchantements, dangers et mystères remplacerait la forêt. Pour moi, cette ville était tout naturellement New York.<br />
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<b><span style="color: #f00000;">Parutions.com :</span></b><span style="color: red;"> Les deux villes sont cependant davantage que de simples décors. Quel rôle jouent-elles ?</span><br />
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<b>Cassandra Clare : </b>Un rôle différent dans chacune des deux séries. Dans <i>La Cité des ténèbres</i>, Clary se considère comme une New-yorkaise pure souche. La ville lui est familière, elle a l'habitude de l'arpenter. Lorqu'elle prend conscience de l'existence du monde obscur, elle doit reconsidérer sa vision car soudain elle voit une autre dimension de New York, inquiétante cette fois. Pour Tessa, il en va autrement. Lorsqu'elle arrive à Londres, elle doit tout à la fois se familiariser avec la ville et le monde obscur. Dans l'Angleterre victorienne, le système de classe sociale était très rigide et Tessa doit en même temps assimiler la façon dont ce système fonctionne dans la société des Chasseurs d'Ombres et dans celle des terrestres.<br />
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<b><span style="color: #f00000;">Parutions.com :</span></b><span style="color: red;"> Au départ, <i>La Cité des ténèbres</i> devait être une trilogie s'achevant avec <i>Le Miroir mortel</i>. Qu'est-ce qui vous a fait changer d'avis et comment avez-vous réussi à relancer l'intrigue ? En quoi ce nouveau cycle, qui comptera lui aussi trois romans, est-il différent du premier ?</span><br />
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<b>Cassandra Clare : </b>En effet, <i>Le Miroir mortel</i> devait clore <i>La Cité des ténèbres</i>. Deux choses ont modifié mon idée première. Tout d'abord, j'avais écrit l'intrigue pour un roman graphique centré autour du personnage de Simon et de ce qui lui arrivait après <i>Le Miroir mortel</i>, ce qui explique d'ailleurs pourquoi j'avais laissé autant de points d'interrogation à la fin de ce roman (où se trouvait le corps de Sebastian ? Qu'allait devenir la vie amoureuse de Simon ? La menace de la reine de la cour des Lumières allait-elle avoir des conséquences ?…). Ce projet de roman graphique n'a pas abouti et j'avais donc à disposition une intrigue que je ne savais pas comment utiliser car elle n'était pas suffisamment étoffée pour que je puisse en faire un roman traditionnel. À l'époque, je m'étais mise à écrire <i>L'Ange mécanique</i> et la façon dont les événements s'y mettaient en place m'a donné une autre idée. Ce nouveau personnage de méchant et ce nouveau conflit seraient liés aux personnages de <i>La Cité des ténèbres</i> et au scénario du roman graphique. J'ai toujours aimé les histoires où le passé lointain vient éclairer le présent. Mais je n'arrivais pas à voir plus loin et à écrire ce roman autour de Simon.<br />
Lors d'une retraite d'écrivains au Mexique à laquelle je participais, j'ai compris en discutant avec les autres qu'en fait l'histoire à laquelle je pensais était beaucoup plus importante que ce que j'imaginais. Elle n'incluait pas seulement Simon mais tous les personnages de <i>La Cité des ténèbres</i> ce qui signifiait aussi que ce roman ne pouvait être que le début d'une autre trilogie les rassemblant.<br />
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<b><span style="color: #f00000;">Parutions.com :</span></b><span style="color: red;"> Les trois premiers opus de<i> La Cité des ténèbres - La Coupe mortelle, L'Epée mortelle</i> et <i>Le Miroir mortel</i> - font référence à trois instruments magiques. À quels mythes et légendes faites-vous allusion ?</span><br />
<br />
<b>Cassandra Clare : </b>La légende du Graal et l'imagerie du tarot pour la coupe qui est également un symbole de foi ; or la foi est primordiale chez les Chasseurs d'Ombres. L'épée mortelle fait partie d'une longue tradition fictionnelle, historique et mythologique. Il y a des épées tellement célèbres que nous connaissons leur nom, Excalibur pour Arthur, Durendal pour Roland, Crocea Mors pour Jules César ou encore Balmung pour Siegfried, pour n'en citer que quelques-unes. La mienne est directement inspirée de la Bible. Maellartach est censée être l'épée qui dans la Genèse sépare l'homme du Paradis, en théorie. C'est aussi pourquoi j'ai intitulé l'un des chapitres «À l'Est d'Eden».<br />
<br />
<b><span style="color: #f00000;">Parutions.com :</span></b><span style="color: red;"> Il y a en effet dans <i>La Cité des ténèbres</i> de nombreuses références à la Bible mais aussi à Dante ou à Milton. Quelle est l'influence de ces textes fondateurs sur votre écriture ?</span><br />
<br />
<b>Cassandra Clare : </b><i>Le Paradis perdu</i> et <i>L'Enfer</i> constituent l'une des bases des romans mais je ne voulais pas m'appuyer sur la seule mythologie religieuse occidentale. J'ai vraiment lu énormément de choses sur les mythologies du monde entier, en particulier tout ce qui concerne les bons et les mauvais esprits. Je voulais représenter une grande variété de démons, il y en a donc des japonais, des indiens, des tibétains et bien d'autres, en plus de ceux que j'ai imaginés. J'ai également fait beaucoup de recherches sur les anges et les anges déchus. Raziel par exemple, parfois appelé l'ange des secrets, vient de la tradition kabbalistique juive ; il aurait donné à Adam un livre contenant les secrets de la sagesse dans le jardin d'Eden, et il me semblait tout à fait convenir pour tenir le rôle de l'ange qui aurait remis le Livre Blanc au premier Chasseur d'Ombres. Dans la mythologie, les Nephilim sont nés de l'union d'humains et d'anges ; il s'agit là d'un mythe que j'ai adapté un peu plus librement pour qu'il serve au mieux mon propos.<br />
<br />
<b><span style="color: #f00000;">Parutions.com :</span></b> <span style="color: red;">Vous utilisez beaucoup de citations pour introduire chaque nouvelle partie dans <i>La Cité des ténèbres</i> et chaque nouveau chapitre dans <i>L'Ange mécanique</i>. Quelle importance leur accordez-vous ?</span><br />
<br />
<b>Cassandra Clare : </b>Ces citations sont très importantes. Elles donnent le ton de ce qui va suivre et servent à rappeler que toutes mes histoires appartiennent à une longue tradition. Cela m'aide également à rendre l'ensemble cohérent.<br />
<br />
<b><span style="color: #f00000;">Parutions.com :</span></b><span style="color: red;"> Clary est une artiste qui ne se sépare jamais de son carnet de croquis. <i>La Cité des ténèbres</i> fourmille donc de références picturales et certaines scènes se lisent comme de vrais tableaux. Tessa, de son côté, est une lectrice passionnée qui perçoit le monde au travers d'un prisme littéraire. <i>L'Ange mécanique</i> fait par conséquent allusion à de nombreux ouvrages très célèbres. À qui ressemblez-vous le plus ?</span><br />
<br />
<b>Cassandra Clare : </b>Je peux m'identifier aux deux mais honnêtement le personnage à qui je ressemble le plus est sans conteste Simon.<br />
<br />
<b><span style="color: #f00000;">Parutions.com :</span></b> <span style="color: red;"><i>La Cité des Ténèbres</i> se rattache à la Fantasy urbaine mais <i>L'Ange mécanique</i> fait davantage penser au <i>steampunk</i> ce qui vous permet d'aborder de nouveaux thèmes.</span><br />
<br />
<b>Cassandra Clare : </b>Bien que le roman se déroule dans un passé clairement identifiable et qu'il ne s'agisse pas de rétro-futurisme, j'adore l'esthétique <i>steampunk</i> et j'ai essayé d'en introduire certains éléments. Je pense en particulier aux automates qui jouent un rôle capital et aux engins mécaniques qu'invente Henry et qui n'existaient pas à l'époque victorienne. Ce contexte historique m'a également permis d'introduire le thème de la colonisation. La façon dont les Chasseurs d'Ombres traitent les Créatures Obscures s'apparente, par exemple, à l'attitude des Britanniques vis-à-vis de leurs colonies.<br />
<br />
<b><span style="color: #f00000;">Parutions.com :</span></b><span style="color: red;"> Quelles recherches avez-vous faites sur cette époque ?</span><br />
<br />
<b>Cassandra Clare : </b>Pendant six mois, j'ai lu exclusivement des ouvrages écrits pendant l'époque victorienne ou qui traitent de cette période historique. Je suis allée à Londres, j'ai sillonné la ville afin de m'approprier la géographie des lieux dans lesquels je voulais faire vivre mes personnages. Bien sûr, il y a eu de gros changements sur ce point et j'ai essayé de faire au mieux pour les prendre en compte. J'ai pris beaucoup de photos, j'ai étudié des cartes et des archives à la Bibliothèque de Guildhall. J'ai également lu des tonnes de livres qui se concentraient sur des détails historiques précis, les attelages par exemple !<br />
<br />
<b><span style="color: #f00000;">Parutions.com :</span></b> <span style="color: red;">De qui le personnage de Mortmain est-il inspiré ?</span><br />
<br />
<b>Cassandra Clare : </b>En partie de William Jardine, le cofondateur de la société Jardine, Matheson & Co créée à Canton, en Chine en 1832, et spécialisée dans le commerce du thé, du coton et de l'opium.<br />
<br />
<b><span style="color: #f00000;">Parutions.com :</span></b> <span style="color: red;">Mortmain est fasciné par le pouvoir, ce qui l'entraîne à commettre des actes méprisables et odieux. Cette fascination est-elle la pire des faiblesses humaines ?</span><br />
<br />
<b>Cassandra Clare : </b>Je ne sais pas si c'est la pire mais elle est particulièrement fréquente !<br />
<br />
<b><span style="color: #f00000;">Parutions.com :</span></b><span style="color: red;"> La mission des Chasseurs d'Ombres est de protéger les humains des démons. Pourquoi semblent-ils souvent les mépriser ?</span><br />
<br />
<b>Cassandra Clare : </b>Les Chasseurs d'Ombres se sentent supérieurs, c'est sûr. Cela vient du fait qu'ils vivent à part, qu'ils savent beaucoup de choses dont les terrestres n'ont pas la moindre idée ; ils ont la certitude d'être un peuple élu.<br />
<br />
<b><span style="color: #f00000;">Parutions.com :</span></b> <span style="color: red;">Comment expliquez-vous le succès grandissant de la <i>Fantasy</i> ?</span><br />
<b>Cassandra Clare : </b>Je pense que la <i>Fantasy</i> a toujours eu du succès et en aura toujours car elle s'enracine dans la mythologie et nos croyances anciennes. Peut-être cela s'explique-t-il par notre désir d'échapper au quotidien. Comme le dit Lynda Barry :<i>«Nous ne créons pas un monde fantastique pour fuir la réalité mais pour pouvoir y demeurer»</i>.<br />
<br />
<b><span style="color: #f00000;">Parutions.com :</span></b> <span style="color: red;">Quelle est votre singularité dans le monde des auteurs de <i>Fantasy</i> ?</span><br />
<br />
<b>Cassandra Clare : </b>Le concept des Nephilim chasseurs de démons, l'importance de différents types d'amitié et la place que je donne aux Chasseurs d'Ombres dans notre paysage humain.<br />
<br />
<b><span style="color: #f00000;">Parutions.com :</span></b><span style="color: red;"> Votre idée étant que les deux séries se complètent, cela donnera au final une saga en neuf volumes. La cohérence de l'ensemble constitue-t-elle le défi le plus difficile à relever ?</span><br />
<br />
<b>Cassandra Clare : </b>C'est un défi qui demande une bonne dose de travail !<br />
<br />
<b><span style="color: #f00000;">Parutions.com :</span></b> <span style="color: red;"><i>La Coupe mortelle (City of Bones)</i>, premier volume de <i>La Cité des ténèbres</i>, a été adapté pour le cinéma. Le film est actuellement en cours de tournage et une sortie mondiale est prévue pour août 2013. Quelle a été votre implication dans ce projet ? D'autres films sur les romans suivants pourraient-ils voir le jour ?</span><br />
<br />
<b>Cassandra Clare : </b>Le studio m'a demandé ce que je pensais du script et je leur ai donné beaucoup de renseignements sur lesquels ils ont travaillé. Je suis allée plusieurs fois sur le tournage mais je ne suis pas directement impliquée dans la réalisation du film. Il se peut bien qu'il y ait une suite mais le studio va probablement attendre de voir comment le premier film est reçu par le public avant d'envisager de poursuivre l'aventure.<br />
<br />
<b><span style="color: #f00000;">Parutions.com :</span></b> <span style="color: red;">Merci beaucoup à vous.</span><br />
<i>[Un grand merci également à Christine Colinet des éditions Pocket Jeunesse]</i>.<br />
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<b><span style="color: red;">Entretien réalisé par e-mail et traduit de l'américain par Florence Cottin-Bee</span></b><br />
<span style="color: red;">( Mis en ligne le 11/01/2013 )</span></td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top"><span style="color: red;">Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2013</span><br />
<br />
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Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7530226275071710408.post-14824595724058284612012-12-28T07:51:00.000-08:002012-12-28T07:57:08.583-08:00Le Monde à l'endroit<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<table><tbody>
<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrD0bqsHFkZ6Ji_ep2VqySDbs8yOBm7zuDCt0DyniMbdY3ZZkxQ_qCt4EuDf6Vr-KPosyA0JmTzffEg2dOpFVsMrsGwgQ6L_TUygMJ8KUo7X3aXJnrgnOplpp0Axwp9Y23G6bWyH_nUvU/s1600/image+rash.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrD0bqsHFkZ6Ji_ep2VqySDbs8yOBm7zuDCt0DyniMbdY3ZZkxQ_qCt4EuDf6Vr-KPosyA0JmTzffEg2dOpFVsMrsGwgQ6L_TUygMJ8KUo7X3aXJnrgnOplpp0Axwp9Y23G6bWyH_nUvU/s320/image+rash.jpg" width="236" /></a><span style="color: red; font-size: large;"><b>Le Monde à l'endroit </b><br /><b>d</b></span><span style="font-size: large;"><span style="color: red;"><b>e</b> <b>Ron</b> <b>Rash</b><br />Seuil 2012 / 19.50 €- 127.73 ffr. / 280 pages<br />ISBN : 978-2-02-108174-9<br />FORMAT : 14,5 cm × 22,0 cm<br /><br /><span class="L_ISBN">Isabelle Reinharez (Traducteur)</span></span><br /><br /><span style="color: lime;"><i>Poème appalachien</i><br /><br />Incarnation puissante de ce sentiment d'appartenance que célébrait Eudora Welty, Ron Rash situe l'action de ses romans en Caroline du Nord, dans la région qui l'a vu grandir et où s'enracine son histoire familiale. La nature y est rude et le paysage appalachien façonne une société violente dans laquelle (sur)vivent des gens durs au mal et fatalistes, dont le quotidien semble bien éloigné du rêve américain.<br /><br />Dans <i>Le Monde à l'endroit</i> (son troisième roman à être traduit en français après <i>Un pied au paradis</i> et <i>Serena</i>), Ron Rash met en scène un jeune garçon de dix-sept ans, Travis Shelton, dont le destin va basculer au cours d'un été paradoxalement salvateur.<br /><br />Travis, qui a abandonné ses études, passe son temps entre cuites avec les copains, petit boulot mal payé et pêche à la truite. C'est justement en allant pêcher qu'il découvre par hasard un champ de cannabis dont il dérobe plusieurs plants revendus aussitôt à Leonard Shuler, le dealer local. Puis il retente l'aventure par deux fois sans se soucier des conséquences probables. Carlton Toomey, le propriétaire des lieux, n'entend en effet pas se laisser spolier de la sorte et mutile Travis en guise d'avertissement.<br /><br />Rejeté par son père, une brute épaisse, Travis se réfugie dans le mobile home de Leonard qui a déjà recueilli Dena, une jeune femme toxicomane au bout du rouleau. Pure compassion de la part de Leonard ? Certainement pas ; c'est plutôt son passé en forme de cauchemar qui donne la clé de ce choix d'aider son prochain. Lui, l'ancien professeur, marié et père d'une petite fille, a perdu tout ce qui comptait à ses yeux et cherche désespérément à se racheter pour se raccrocher à la vie. Il voit en Travis un potentiel d'intelligence qu'il refuse de laisser en friche et le convainc de préparer un diplôme. Féru d'histoire, Leonard provoque l'intérêt de Travis pour la guerre de Sécession et l'amène à s'intéresser de près au massacre de Shelton Laurel qui a eu lieu dans les environs en 1863. Un jeu dangereux car comment réagira Travis en apprenant la responsabilité d'un ancêtre de Leonard dans la mort de presque tous les membres de sa famille ? Cependant, racheter cette faute n'est-il pas en fait le but ultime de Leonard lorsqu'il prend Travis sous son aile ?<br /><br />Roman d'éducation noir, <i>Le Monde à l'endroit</i> se lit également comme un long poème dans lequel Ron Rash fait rimer âpreté et beauté. Avec une force émouvante.</span><br /><br /><span style="color: red;"><b>Florence Bee-Cottin</b><br />( Mis en ligne le 21/12/2012 )</span></span></td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times;" valign="top"><span style="font-size: large;"><span style="color: red;">Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2012</span><br /><span style="color: tomato;"><i>www.parutions.com</i></span></span></td></tr>
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</div>
Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-7530226275071710408.post-30264492865695484142012-11-30T10:20:00.001-08:002012-12-28T08:00:42.682-08:00L'Ange mécanique<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJO7CnLmQPAI9idB3PF8zMbgSVghDEE_bFbHmxQvzyYMsrfFCm9H6ZqJOYLWfc9ovfX30laJaX4AEUWZn-lNu-mugd7LM692BtVIgijVFY3SIi0sADJEkz1qfLMolhOaAkWPh-YgB_STM/s1600/image+cassie.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJO7CnLmQPAI9idB3PF8zMbgSVghDEE_bFbHmxQvzyYMsrfFCm9H6ZqJOYLWfc9ovfX30laJaX4AEUWZn-lNu-mugd7LM692BtVIgijVFY3SIi0sADJEkz1qfLMolhOaAkWPh-YgB_STM/s320/image+cassie.jpg" width="199" /></a></div>
<br />
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<table style="text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: left;" valign="top"><div style="font-family: Times;">
<span style="font-size: large;"><span style="color: lime;"><b>La Cité des Ténèbres - Les Origines</b><b> - Tome 1 - L'Ange mécanique</b><br /><b>d</b></span><b style="color: lime;">e</b><span style="color: lime;"> </span><b style="color: lime;">Cassandra</b><span style="color: lime;"> </span><b style="color: lime;">Clare</b></span></div>
<div style="font-family: Times;">
<span style="color: lime; font-size: large;">Pocket - Jeunesse 2012 / 18.15 €- 118.88 ffr. / 537 pages<br />ISBN : 978-2-266-21802-3<br />FORMAT : 14,0 cm × 22,5 cm<br /><br /><span class="L_ISBN">Julie Lafon (Traducteur)</span></span></div>
<div style="font-family: Times;">
<span style="font-size: large;"><br /></span>
<i><span style="color: red; font-size: large;">Victoriana</span></i></div>
<span style="font-family: Times; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Times; font-size: large;"><br /></span><br />
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: Times; font-size: large;"><span style="color: lime;">Printemps 1878, suite à la mort de sa tante Harriet, Tessa Gray quitte New York pour rejoindre son frère Nathaniel à Londres. Un voyage éprouvant pour la jeune orpheline de seize ans que seul réconforte le petit ange mécanique qu'elle porte autour du cou, un bijou hérité de sa mère. Rien à voir pourtant avec ce qui l'attend ! Enlevée dès son arrivée en Angleterre par les Sœurs Noires qui retiennent son frère prisonnier, Tessa ne peut que leur obéir et accepter de suivre un entraînement très spécial. Il s'agit d'exploiter le don tout à fait particulier qu'elle ignorait jusqu'alors posséder. Cette capacité à prendre l'apparence de quelqu'un d'autre et à pénétrer son âme fascine visiblement un personnage très puissant, connu sous le nom de Magistère, qui souhaite épouser Tessa et se révèle être l'initiateur de son enlèvement.</span></span></div>
<span style="color: lime; font-size: large;"><div style="text-align: left;">
<span style="font-family: Times;"><br /></span></div>
<span style="font-family: Times;"><div style="text-align: left;">
Heureusement pour Tessa, Will et Jem, deux jeunes Chasseurs d'Ombres, lui portent secours et la conduisent à l'Institut, l'antre londonienne des Chasseurs d'Ombres. Elle y rencontre les autres habitants et se familiarise peu à peu avec un monde et un lexique dont elle ignorait tout. Sa qualité de métamorphe la range du côté des Créatures Obscures, à l'instar des vampires, des loups-garous, des fées ou encore des sorciers. Ces êtres surnaturels qui ont tous en eux une partie démoniaque sont liés aux Chasseurs d'Ombres par des Accords et un pacte qu'ils ne peuvent transgresser sous peine de mort. Quant aux Chasseurs d'Ombres ou Nephilim, descendants de l'archange Raziel, leur rôle consiste à protéger les humains des démons à part entière et des dangers surnaturels. Des marques tatouées sur leur peau leur garantissent entre autres pouvoirs de se dissimuler aux yeux des humains. Ces créatures terrestres dont ils méprisent quelque peu la faiblesse de caractère ! Tessa et ses nouveaux amis mènent l'enquête pour retrouver Nathaniel mais le Magistère n'a pas dit son dernier mot et peaufine un piège diabolique aidé par une armée d'automates sanguinaires qu'il a patiemment conçus.</div>
</span><div style="text-align: left;">
<br /></div>
<span style="font-family: Times;"><div style="text-align: left;">
Les lecteurs fidèles de <i>La Cité des Ténèbres</i> (déjà 4 volumes traduits chez Pocket Jeunesse) auront reconnu la marque de fabrique de Cassandra Clare. <i>L'Ange Mécanique</i> est en effet le premier des trois volumes d'une série qui s'intitule en américain <i>The Infernal Devices</i> (en français <i>La Cité des Ténèbres, Les Origines</i>). Une préquelle de la série <i>The Mortal Instruments</i>, à l'origine conçue pour constituer une trilogie mais qui au final comptera six romans.</div>
</span><div style="text-align: left;">
<br /></div>
<span style="font-family: Times;"><div style="text-align: left;">
Vu le succès phénoménal de <i>La Cité des Ténèbres</i> (ventes pléthoriques, fans totalement accros, adaptation au cinéma avec une sortie mondiale prévue en août 2013), on pouvait craindre le recyclage à but lucratif ; eh bien, non ! L'idée de Cassandra Clare de situer l'action dans le Londres de l'époque victorienne fonctionne bien et lui permet de passer de la fantasy urbaine ancrée dans le New York actuel à la fantasy steampunk dans un Londres fantomatique et angoissant. Et d'aborder des thèmes nouveaux, celui de la colonisation par exemple et du rôle peu glorieux des Britanniques dans le commerce de l'opium.</div>
</span><div style="text-align: left;">
<br /></div>
<span style="font-family: Times;"><div style="text-align: left;">
Les similitudes entre les personnages et les schémas narratifs s'apparentent plus à des échos qu'à des redondances imputables à un manque d'inspiration. Cependant nul besoin de percevoir ces échos et donc de connaître le reste de la saga des Chasseurs d'Ombres pour apprécier <i>L'Ange Mécanique</i> qui s'achève bien sûr sur un «cliffhanger». Que diable Will va-t-il fabriquer chez le sorcier Magnus Bane et d'ailleurs quel secret inavouable cherche-t-il à dissimuler ? Réponse en novembre 2013 dans <i>Le Prince mécanique</i>.</div>
</span></span><br />
<br />
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: Times; font-size: large;"><br /></span></div>
<span style="background-color: black; font-family: Times;"><span style="color: red; font-size: large;">Florence Bee-Cottin<br />Mis en ligne le 14/11/2012</span></span><br />
<div style="font-family: Times;">
<span style="background-color: black;"><span style="background-color: #333333; color: red; font-size: large; line-height: 22px;">Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2012</span></span></div>
</td></tr>
<tr><td style="font-family: Times; font-size: 12pt; text-align: left;" valign="top"><br /></td></tr>
</tbody></table>
</div>
Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7530226275071710408.post-59525233669846624972012-10-26T02:08:00.001-07:002012-10-26T02:08:27.115-07:00Le Monde libre<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiAi8txzK3wd75IyCwY3pO4-wHz2gljszIqks8zsoeV4cTXSBtbx1N4wpWKXqgRHb4KYPnyzT4m3ZIpC2doB-oRzKZOxZcqQ_9u6-c250gMZXWsQJeux1KnSjzHNXSYSopOuz204bgJQaY/s1600/le+monde+libre.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiAi8txzK3wd75IyCwY3pO4-wHz2gljszIqks8zsoeV4cTXSBtbx1N4wpWKXqgRHb4KYPnyzT4m3ZIpC2doB-oRzKZOxZcqQ_9u6-c250gMZXWsQJeux1KnSjzHNXSYSopOuz204bgJQaY/s1600/le+monde+libre.jpg" /></a></div>
<table><tbody>
<tr><td align="left" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top"><span style="color: lime;"><b>Le Monde libre</b><br /><b>de</b> <b>David</b> <b>Bezmozgis</b> <br />Belfond 2012 / 22 €- 144.1 ffr. / 407 pages<br />ISBN : 978-2-7144-5033-3<br />FORMAT : 14,5 cm × 22,8 cm<br /><br /><span class="L_ISBN">Élisabeth Peellaert (Traducteur)</span></span><br /><i><span style="color: red;"><br /><div style="text-align: justify;">
<i style="font-size: 12pt;"><span style="color: red;">Intermède romain</span></i></div>
</span></i><br />Premier roman de David Bezmozgis, <i>Le Monde libre</i> illustre parfaitement sa conviction selon laquelle l'essence de toute œuvre d'art provient d'un sentiment de perte irrémédiable.<br /><br />Rome, juillet 1978. À l'instar de milliers de Juifs soviétiques qui souhaitent émigrer vers le monde libre, la famille Krasnansky quitte la Lettonie et se retrouve à Rome, point de passage nécessaire pour obtenir un visa vers les États-Unis. Trois générations composent la famille, Samuil et Emma, leurs fils, Karl et Alec, mariés respectivement à Rose et Polina, et leurs deux petits-fils. Dans le cas de Samuil, ancien général de l'Armée rouge, communiste pur et dur, il ne s'agit en aucun cas d'un choix mais d'une décision que lui ont imposée les siens. Un diktat qu'il entend bien contester à sa manière. Face aux incertitudes que réserve l'avenir, il préfère se replonger dans le passé et entreprend de rédiger une confession autobiographique.<br /><br />Deux autres perspectives viennent compléter le regard de Samuil, celle d'Alec, coureur de jupons invétéré, qui voit dans cette aventure l'occasion de multiplier les plaisirs, et celle de Polina qui n'est pas juive et a tout abandonné pour lui.<br /><br />Comme le confie David Bezmozgis dans l'entretien qu'il nous a accordé, son rôle d'écrivain tient de la mission - raconter l'histoire méconnue des Juifs soviétiques et laisser une trace d'un monde disparu. Cette mission n'est pas sans rappeler celle d'Isaac Bashevis Singer vis-à-vis des Juifs polonais. Le témoignage historique détaillé se double par ailleurs d'une réflexion éclairante sur la réalité complexe qu'entraîne la volonté d'émigrer. Sentiment de dislocation dû au déracinement, nostalgie du passé, doutes se mêlent à une exaltation libératrice face à l'idée d'un avenir meilleur.<br /><br />L'entreprise était particulièrement ambitieuse, David Bezmozgis s'en sort brillamment.<br /><br /><span style="color: red;"><b>Florence Bee-Cottin</b><br />( Mis en ligne le 26/10/2012 )</span></td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top"><span style="color: red;">Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2012</span></td></tr>
</tbody></table>
</div>
Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-7530226275071710408.post-35334451954442519522012-10-26T02:02:00.000-07:002012-10-26T02:03:19.645-07:00Entretien avec David Bezmozgis<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<table><tbody>
<tr><td align="center" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top"></td></tr>
<tr><td align="left" height="25" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top"><a href="http://www.parutions.com/"><img alt="L'actualité du livre et du DVD" border="0" src="http://www.parutions.com/img/Parutions_THREE.gif" /></a><br />
<b>Littérature</b><img alt="et" border="0" src="http://www.parutions.com/img/fleche.gif" /> <b>Entretiens</b> </td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top"><span style="color: lime;"><b>Entretien avec David Bezmozgis</b><b> - (<i>Le Monde libre</i>, Belfond, Septembre 2012)</b><br /><span class="L_ISBN">- David Bezmozgis, <i>Le Monde libre</i>, Belfond, Septembre 2012, 704 p., 22 €, ISBN : 978-2-7144-5033-3</span><br /><br />Invité du Festival America de Vincennes fin septembre 2012 avec <i>Le Monde libre</i>, David Bezmozgis revient ici sur ce premier roman très remarqué et les raisons pour lesquelles il écrit.</span><br />
<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Dans <i>Le Monde libre</i>, vous reprenez le sujet principal de votre recueil de nouvelles, <i>Natasha et autres histoires</i> (éditions 10/18, 2012), à savoir l'expérience de Juifs soviétiques qui quittent la Lettonie pour émigrer au Canada. Pouvez-vous expliquer la manière dont les deux livres se complètent ?</span><br />
<br />
<b>David Bezmozgis :</b> <i>Natasha</i> parlait de l'expérience de Juifs soviétiques immigrés en Amérique du Nord dans les années 1980 et 1990. Des centaines de milliers d'entre eux s'y sont installés à l'époque et j'ai écrit le livre parce que je n'avais vu personne traiter ce sujet. L'Amérique du Nord possède de nombreux écrivains issus de l'immigration et plus particulièrement de l'immigration juive. Une tradition que cette dernière vague d'immigration est venue prolonger. Il se trouve que c'est aussi l'histoire de ma famille et la mienne.<br />
<br />
J'avais en effet dans l'idée que <i>Le Monde libre</i> vienne compléter <i>Natasha</i>. On sait tellement peu de choses en Occident sur ce qu'a été l'Union Soviétique et sur ce que les Juifs soviétiques ont vécu. Que cela soit au Canada ou aux États-Unis, et peut-être également en France, la façon dont les gens se représentaient l'immigration juive de Russie datait d'au moins un quart de siècle. Des images en rapport avec l'Holocauste, voire avec <i>Un Violon sur le toit. Le Monde libre</i> actualise cette représentation. Si ces immigrés russes et de l'ex-URSS qui habitent maintenant tant de villes occidentales semblent étranges ou difficiles à comprendre, le roman est là pour aider à expliquer pourquoi ils sont ainsi et ce qui a façonné leur communauté. Et bien sûr derrière mes deux livres, il y a la conviction que la vie de ces personnes est suffisamment intéressante et dramatique pour justifier qu'elle puisse être lue.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Vous avez quitté la Lettonie pour Toronto avec vos parents à l'âge de six ans. Bien qu'elle ne soit pas autobiographique, votre fiction s'enracine donc dans votre propre expérience. Comment envisagez-vous votre rôle d'écrivain ? S'agit-il pour vous de recréer et donc de sauver un monde disparu de l'oubli ? Peut-on parler de mission ?</span><br />
<br />
<b>David Bezmozgis :</b> Oui, j'ai eu le sentiment d'une mission à remplir. Un sentiment très fort dans le cas de <i>Natasha</i> parce que je pensais que rien n'avait été écrit sur cette communauté spécifique. Mais je crois que c'est vrai pour les deux livres. Il s'agit de laisser une trace d'un monde disparu. Ou plus exactement de mondes disparus. Le monde soviétique bien sûr mais aussi celui qui l'a précédé. La dernière lueur du monde yiddish des Juifs de l'Europe de l'Est tel qu'il existait en Union Soviétique. En tant que membre de la dernière génération en contact physique avec ce monde par l'entremise de mes parents et de mes grands-parents, je pensais qu'il s'agissait de quelque chose que les générations futures ne pourraient pas réaliser. Rien ne peut remplacer le fait de connaître personnellement et intimement les gens sur qui vous écrivez.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Pour en revenir à votre roman, vous vous y concentrez sur une période de transition cruciale dans l'histoire de la famille Krasnansky. Êtes-vous d'accord avec l'idée que cette période agit sur vos personnages comme un révélateur ?</span><br />
<br />
<b>David Bezmozgis :</b> Oui, je pense que c'est exact. Je suis convaincu que les situations stressantes révèlent qui nous sommes. Par ailleurs, pour certains personnages, il ne s'agit pas seulement du stress et du désarroi dus à l'émigration mais aussi d'une sorte de sentiment de libération du joug soviétique. Malgré la situation perturbante de réfugié, il y a cette exaltation d'avoir franchi le Rideau de fer. Ce double sentiment est très intéressant à exploiter.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Beaucoup de personnages peuplent le roman et la famille Krasnansky se compose de trois générations. Il y a donc beaucoup de points de vue différents sur ce qu'était la vie en Union Soviétique, sur ce que l'émigration représente et sur le choix de l'endroit où s'installer. Trois voix se font écho, celle de Samuil, le patriarche, celle d'Alec, l'un de ses deux fils, et celle de Polina enfin, l'épouse d'Alec. Aviez-vous cela en tête dès le départ ou avez-vous réfléchi à la possibilité d'une construction différente ?</span><br />
<br />
<b>David Bezmozgis :</b> C'était bien mon idée de départ. Je voulais offrir une représentation aussi complète que possible de ce que les Juifs ont vécu en Union Soviétique mais également de sortir des stéréotypes occidentaux sur la vie en Union Soviétique. Ces trois personnages extrêmement différents me le permettaient. Chacun possède un ton particulier. Celui de Samuil, ancien général de l'Armée rouge, viscéralement attaché au communisme, est grave. Celui de son plus jeune fils Alec, coureur de jupons hédoniste, est nettement plus léger. Pour Polina qui n'est pas juive, c'est encore autre chose. Et puis, il y a tous les autres membres de la famille et les personnages secondaires. J'espère donc que cela fait émerger un tableau exhaustif ou du moins aussi exhaustif que possible.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Vous utilisez beaucoup l'analepse. Était-ce la meilleure façon de lier le fond et la forme ?</span><br />
<b>David Bezmozgis :</b> Tous ces gens vivent un moment de transition, ils se trouvent entre deux mondes et le passé exerce donc sur eux une forte influence. Vu qu'ils n'ont pas encore atteint leur destination finale – le Canada, l'Australie ou les États-Unis –, ils ne peuvent pas se projeter correctement dans l'avenir. C'est un peu comme s'ils se sentaient dans trois dimensions en même temps, le passé, le présent et l'avenir. Le défi pour moi consistait à prendre en compte ces trois dimensions pour mieux faire comprendre qui sont ces gens et la manière dont ils se comportent. Un roman autorise ce va et vient dans la chronologie et permet de montrer le rôle que la mémoire et les souvenirs jouent dans notre vie.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Samuil est un personnage très émouvant, qui refuse d'abandonner ses convictions politiques, ce qui représenterait pour lui une apostasie. Représentait-il pour vous une façon de «remettre les pendules à l'heure» et de corriger une vision déformée que les Occidentaux pourraient avoir des communistes purs et durs ?</span><br />
<br />
<b>David Bezmozgis :</b> J'ai beaucoup d'affection pour Samuil et pour les gens de sa génération. Par la force des choses, ils ont vécu les événements les plus durs du siècle dernier, peut-être d'ailleurs les plus durs de l'histoire. Samuil, comme d'autres, a placé sa foi dans le communisme. Je pense qu'après l'effondrement de l'URSS et du bloc de l'Est, l'idée qu'un grand nombre de personnes puisse avoir adhéré à cette idéologie semble étrange pour ma génération ou la suivante. Pourtant il n'y a pas si longtemps, quelqu'un comme Samuil ne démarquait en rien de la société, il faisait partie de l'avant-garde. Bien sûr, ils se sont rendus responsables de beaucoup de souffrances mais une certaine logique les guidait. Donc, oui, en effet, Samuil me permettait de «remettre les pendules à l'heure». À travers lui, je souhaitais contredire un certain nombre de mythes - lettons, juifs, russes et sionistes entre autres.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Le seul ami de Samuil à Rome est Josef Roidman, un violoniste unijambiste. Correspond-il à votre définition de l'humour juif ?</span><br />
<br />
<b>David Bezmozgis :</b> Il représente un contre-point ironique au personnage de Samuil. Tout en ayant vécu également des expériences difficiles, il ne réagit pas de la même manière. Face au malheur, il préfère afficher un haussement d'épaules et s'inscrit, en effet, dans la longue tradition de l'humour juif.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Pour les Juifs soviétiques, la solution la plus simple était Israël. Dans le roman, seule Rose reste une vraie sioniste. Pour quelles raisons les autres personnages rejettent-ils l'idée de s'y installer ou bien refusent-ils d'y retourner comme c'est le cas pour Lyova ?</span><br />
<br />
<b>David Bezmozgis :</b> Pour des raisons politiques, l'endroit le plus facile pour émigrer était en effet Israël. Les premiers Juifs à quitter l'Union Soviétique firent ce choix. Mais ensuite, alors que la plupart des sionistes convaincus avait quitté l'URSS, d'autres Juifs moins marqués idéologiquement ont voulu partir aussi plus par espoir de liberté que par conviction sioniste. La société soviétique était antisémite et la possibilité d'échapper aux restrictions que le régime imposait aux Juifs semblait attirante. Ces derniers souhaitaient repartir de zéro aux États-Unis, au Canada ou dans tout autre endroit qui leur permettrait un avenir meilleur. C'est la même chose pour l'immigration de nos jours. Les gens choisissent les pays occidentaux pour la liberté de mouvement, de religion, d'expression et pour les possibilités de progression dans l'échelle sociale. Dans l'esprit des Juifs, il y avait aussi l'idée que si les choses ne fonctionnaient pas au Canada ou aux États-Unis, il restait toujours la solution d'aller en Israël. Pour des raisons politiques, cela ne marchait pas dans le sens inverse. Une fois installé en Israël, il était beaucoup plus difficile pour un Juif d'émigrer vers un autre pays. C'est le cas de Lyova. Je montre aussi dans le roman pourquoi certains Juifs refusaient le choix d'Israël, cela s'explique principalement par la peur de la guerre et du terrorisme. Après avoir terriblement souffert sur plusieurs générations de guerres et de persécutions, beaucoup souhaitaient seulement connaître une certaine paix pour eux et leurs enfants.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> <i>Le Monde libre</i> évoque de nombreux faits historiques mais fourmille également d'anecdotes réalistes. Quelles recherches avez-vous effectuées ?</span><br />
<br />
<b>David Bezmozgis :</b> J'ai beaucoup lu sur l'Union Soviétique et son histoire mais aussi sur l'Italie du vingtième siècle. J'ai passé quatre mois à Rome pour apprendre à connaître la capitale italienne et les villes avoisinantes qui servent de décor au roman. Et bien sûr, j'ai interviewé des gens qui ont vécu cette expérience à Rome, des membres de ma famille et des amis de Toronto.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Émigrer implique également d'apprendre de nouvelles langues. Quel rôle joue l'espéranto dans le roman ? Le parlez-vous ?</span><br />
<br />
<b>David Bezmozgis :</b> Lorsque je faisais mes recherches historiques, je suis tombé sur de multiples références à l'espéranto que la jeunesse révolutionnaire apprenait dans les années trente. Cela me semblait naturel de l'inclure dans le roman et qu'il y joue finalement un rôle important. J'ai commencé à l'apprendre et même si j'ai arrêté, cette langue m'intéresse toujours car elle est totalement à la marge. La communauté qui parle l’espéranto est toute petite et pourtant cette communauté existe. J'aime l'idée de consacrer du temps à quelque chose d'un peu irréaliste.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Quels souvenirs d'enfant gardez-vous de la Lettonie ? Quel a été votre sentiment quand vous y êtes retourné en voyage ?</span><br />
<br />
<b>David Bezmozgis :</b> Je n'avais que six ans lorsque je suis parti, je n'ai donc que peu de souvenirs et aucun ne me semble vraiment marquant. J'y suis retourné une fois en 2003. Toute ma famille a émigré ainsi que presque tous les amis de mes parents. Ce retour «à la maison» a donc constitué une expérience étrange. Non pas déplaisante mais bizarre et empreinte de mélancolie. Je me sentais lié à cet endroit mais le lien était ténu et appartenait au passé. Cela dit, il existe et j'essaie de me tenir au courant de ce qui se passe là-bas. C'est l'endroit où je suis né et cela signifie quelque chose pour moi.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Comment vos parents ont-ils réagi quand vous leur avez annoncé votre volonté de devenir écrivain ?</span><br />
<br />
<b>David Bezmozgis :</b> Mes parents souhaitaient me voir obtenir un emploi stable. Ma mère continue à dire que j'aurais pu être avocat et écrire à côté !<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Vous avez également écrit et réalisé un film <i>Victoria Day</i>. Envisagez-vous d'adapter <i>Le Monde libre</i> au cinéma ?</span><br />
<b>David Bezmozgis :</b> Bien que je pense que l'on puisse en faire un film, rien ne me presse. J'ai passé sept ans à écrire ce roman, je suis content de faire autre chose maintenant. Je serais tout à fait content de laisser quelqu'un d'autre réaliser un tel projet !<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Êtes-vous un lecteur éclectique ?</span><br />
<br />
<b>David Bezmozgis :</b> En fait, j'aime relire les mêmes auteurs et les mêmes livres, Leonard Michaels (dont le roman <i>Sylvia</i> est traduit en français), J.M. Coetzee, Dennis Johnson, Isaac Babel. Je lis aussi beaucoup dans le domaine de la non-fiction lorsque j'effectue des recherches. Par contre, je ne lis pas de policiers ou de livres qui parlent de vampires ou de zombies. Donc non, je ne me considère pas comme très éclectique.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Quels sont vos projets en cours ?</span><br />
<b>David Bezmozgis :</b> Je suis en train d'écrire un autre roman et j'ai également adapté ma nouvelle <i>Natasha</i> pour en faire un long-métrage que j'espère réaliser l'été prochain.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Un grand merci à vous.</span><br />
<br />
<b>Entretien réalisé par email et traduit par Florence Bee-Cottin</b><br />
( Mis en ligne le 26/10/2012 )</td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top">Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2012</td></tr>
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</div>
Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7530226275071710408.post-84383634205803253362012-10-21T10:11:00.000-07:002012-10-21T10:33:53.960-07:00Entretien avec Rebecca Makkai<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<table><tbody>
<tr><td align="left" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top"><b>Entretien avec Rebecca Makkai</b><b> - (<i>Chapardeuse</i>, Gallimard, Août 2012)</b><br />
<br />
<br />
<span style="color: lime;"><span class="L_ISBN">- Rebecca Makkai, <i>Chapardeuse</i>, Gallimard, Août 2012, 367 p., 21 €, SBN : 978-2-07-013220-1 </span><br /><br /><br />Partons à la rencontre de Rebecca Makkai, invitée du dernier Festival America de Vincennes fin septembre 2012 avec son délicieux <i>Chapardeuse</i>.</span><br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Pouvez-vous présenter aux lecteurs qui n'ont pas encore savouré <i>Chapardeuse</i> le duo improbable que vous avez imaginé et le voyage extraordinaire qu'ils entreprennent ?</span><br />
<b>Rebecca Makkai : </b>Lucy Hull a vingt-six ans, elle est devenue bibliothécaire un peu par hasard mais s'est heureusement découvert une passion pour ce métier et les enfants qu'elle y rencontre. Ian est un enfant de dix ans, intelligent et solitaire qui vient presque quotidiennement se réfugier à la bibliothèque. Ses parents, des chrétiens conservateurs et fondamentalistes cherchent à le protéger de ce qu'ils considèrent être des influences néfastes. Ils restreignent et guident ses lectures puis, lorsqu'ils sentent que Ian pourrait devenir homosexuel, l'inscrivent à un programme de thérapie anti-gay. Ian s'enfuit à la bibliothèque et, en utilisant le chantage, oblige Lucy à prendre sa voiture et parcourir les États-Unis avec lui.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Ces programmes homophobes que résume le terme effrayant de «thérapie réparatrice» sont majoritairement instaurés et défendus par des groupes de chrétiens fondamentalistes. Dans le roman, il s'agit d'une église évangéliste, le Ministère du cœur joyeux que dirige le pasteur Bob, un personnage sulfureux qui n'apparaît jamais. Pourquoi ce choix de ne pas le montrer ?</span><br />
<b>Rebecca Makkai : </b>Il était assez tentant de le montrer. J'avais imaginé Lucy assister incognito à un service et observer le pasteur Bob. Mais en y réfléchissant davantage, j'ai trouvé qu'une telle scène ne correspondrait pas du tout aux thèmes du roman. À bien des égards, c'est un livre sur les histoires, les histoires que nous nous racontons et celles que nous racontons aux autres. Lucy essaie également de comprendre les histoires diverses qu'elle a entendues sur son père. Les décisions, justes ou pas, qu'elle prend à propos de Ian s'expliquent pour la plupart d'entre elles par les histoires qui entourent le pasteur et par ce qu'elle imagine de la vie de Ian avec ses parents. En montrant le pasteur Bob observé par Lucy, j'aurais perdu un peu de ce thème de la perception et des erreurs d'interprétation.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Les psychiatres condamnent fermement ces programmes et les jugent nuisibles pour les jeunes. Le président d'Exodus International a récemment déclaré que l'organisation n'aurait désormais plus recours à la «thérapie réparatrice». Pensez-vous qu'une loi puisse un jour l'interdire ?</span><br />
<b>Rebecca Makkai : </b>Cela vient tout juste d'être fait en Californie qui a interdit ce type de thérapie pour les mineurs. Cela restera probablement toujours légal pour les adultes qui entreprennent cette démarche de leur propre chef mais comme les pédiatres et les psychiatres continuent à s'élever contre le danger que ces thérapies représentent pour les enfants, je pense que dans la prochaine décennie elles deviendront illégales dans beaucoup d'autres états. Le problème reste la pression que le clergé pourra continuer à exercer sur ces jeunes.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> En ce qui concerne les droits des homosexuels, les États-Unis ont-ils, à votre avis, encore de gros progrès à faire ?</span><br />
<br />
<b>Rebecca Makkai : </b>Oui, mais la situation varie énormément selon l'endroit où l'on se trouve. Si l'on compare Boston à une petite ville rurale et conservatrice, on n'a pas seulement l'impression de deux pays différents, c'est comme si l'on y vivait à deux siècles différents. Cependant les choses ont beaucoup évolué de manière positive ces dix dernières années, ce qui me semble de bon augure. L'une des raisons pour lesquelles je suis optimiste est que les jeunes Américains soutiennent très majoritairement les droits des homosexuels. L'intolérance qui caractérisait leurs aînés s'éteint avec eux.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Il y a dans l'éducation que reçoit Ian un élément qui perturbe Lucy. Au début du roman, sa mère remet à Lucy une liste de thèmes interdits en littérature ce qui implique énormément de livres que Ian ne peut pas lire car il ne contiennent pas un «souffle divin». Avant de vivre de votre plume, vous étiez enseignante en primaire. Avez-vous rencontré ou entendu parler de parents évangélistes ou non agissant ainsi ?</span><br />
<br />
<b>Rebecca Makkai : </b>J'ai enseigné dans une école Montessori pendant douze ans et j'ai travaillé avec des familles merveilleuses. Pour moi, Ian et sa famille ne pouvaient pas ressembler à des personnes que j'ai côtoyées à cette époque, je m'y sentais moralement obligée. Heureusement que je n'ai pas eu à vivre ce genre de situation ! Par contre, j'ai bel et bien entendu parler de parents se comportant ainsi et j'ai emprunté la phrase <i>«les livres qui contiennent le souffle divin»</i> à une anecdote que l'on m'a racontée sur une mère qui exigeait cela pour son enfant.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Lucy ne supporte pas l'oppression parentale que subit Ian. L'idée que l'on puisse ainsi étouffer une personnalité en devenir la révolte. Elle cherche donc désespérément à aider le jeune garçon. Pourtant dans cette histoire d'enlèvement mutuel, Ian n'aide-t-il pas paradoxalement Lucy ?</span><br />
<br />
<b>Rebecca Makkai : </b>Je ne sais pas si cette aventure l'aide ou améliore sa vie mais en tout cas elle en tire une leçon. Il me semblait important que ce voyage ne soit pas pour elle l'occasion de fuir quelque chose de mal. En fait, elle ne possède pas d'attaches dans le monde qu'elle s'est choisi, elle est loin de ses racines et elle n'a pas de liens affectifs forts. Ce n'est pas pour cela qu'elle s'enfuit (si c'était le cas, il y avait des moyens plus simples de quitter la ville) mais cela explique pourquoi il lui est un peu plus facile de tout quitter pour Ian. Je n'aurais pas pu écrire la même histoire en mettant en scène une Lucy bien intégrée et heureuse. Par contre, je ne suis pas sûre que sa situation personnelle soit meilleure à la fin du livre, elle est peut-être même pire d'une certaine manière. Mais la leçon de sagesse qu'elle en tire constitue une sorte de rédemption.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Lucy semble parfois se persuader d'avoir agi de la bonne façon. Peut-on dire qu'elle se sent responsable mais pas coupable ?</span><br />
<b>Rebecca Makkai : </b>Elle n'en est jamais convaincue. Plus le voyage se prolonge, plus elle doute d'elle-même et de tout ce qu'elle pensait savoir de Ian. Elle raconte l'histoire cinq ans après les faits et le peu que nous savons de sa vie à ce moment là est qu'elle se sent encore rongée par la culpabilité et l'inquiétude. Elle dit dès la première ligne qu'elle pourrait être la méchante de l'histoire. Si elle espère à la fin du roman qu'un espoir existe pour Ian, ce n'est pas dû au voyage qu'ils ont fait ensemble mais à la liste de lectures qu'elle parvient à lui transmettre. C'est vraiment l'histoire d'une personne animée de bonnes intentions qui prend les mauvaises décisions et s'en rend compte.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Dans quelle mesure pouvez-vous adapter la célèbre phrase de Flaubert, <i>«Madame Bovary, c'est moi»</i>, à Lucy et vous ?</span><br />
<br />
<b>Rebecca Makkai : </b>Dans une toute petite mesure. Mon père, un réfugié hongrois, était poète et enseignait la linguistique. Le père de Lucy est également réfugié mais d'origine russe et il est mafioso. J'ai travaillé avec des enfants comme Lucy. Mais cela ne m'intéresse pas de créer des personnages qui pensent comme moi. Certains écrivains veulent se projeter sur la page, moi j'écris pour échapper à la vie de tous les jours, pour faire l'expérience d'un monde qui n'est pas le mien, pour rencontrer d'autres opinions. Les mêmes raisons, en fait, qui poussent beaucoup de gens à lire ou à regarder un film.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> L'histoire se déroule après le 11 septembre, pendant la présidence de G.W. Bush. Vous y faites allusion au Patriot Act qui venait répondre à l'attaque terroriste. Lucy considère que le Patriot Act est incompatible avec le Premier Amendement auquel elle est très attachée pour les valeurs qu'il défend. Au-delà du traumatisme évident, qu'est-ce-que le 11 septembre a modifié dans la société américaine ?</span><br />
<b>Rebecca Makkai : </b>C'est une question très complexe. Fondamentalement je pense que pour les gens de ma génération, j'avais alors vingt-trois ans, les événements du 11 septembre ont éveillé une prise de conscience politique. Dans les années 1980 et 1990, il était possible d'être apathique sur le plan politique, de penser que nous vivions dans notre bulle. Nous avons dû nous mettre à réfléchir en termes de politique mondiale ce qui n'avait pas été le cas depuis les années 60. J'esquive peut-être votre question mais je raisonne surtout sur le plan littéraire et depuis onze ans la fiction s'est largement politisée.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Nous évoquions ce qui vous rapprochait de Lucy. Contrairement à elle, qui prend la décision de ne pas avoir d'enfant par peur de souffrir, vous avez deux petites filles, comprenez-vous ce sentiment vis-à-vis de la maternité ?</span><br />
<b>Rebecca Makkai : </b>Dans le cas de Lucy, cette décision, plus qu'une revendication idéologique, s'explique par sa conviction que si elle a des enfants, elle comprendra ce qu'elle a fait vivre aux parents de Ian et ne pourra pas le supporter. Je n'ai jamais eu d'états d'âme par rapport au fait de devenir mère, je ne pense pas que cela soit le cas pour toutes les femmes.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> De par son métier de bibliothécaire, Lucy voit et ressent le monde au travers d'un prisme particulier, celui de la littérature. Vous jouez beaucoup avec l'intertextualité dans <i>Chapardeuse</i>. Aviez-vous dès le départ dans l'idée d'intégrer autant de références littéraires ?</span><br />
<br />
<b>Rebecca Makkai : </b>Au départ, je ne savais pas que Lucy serait bibliothécaire mais une fois cela décidé, il était évident pour moi qu'elle serait une narratrice très littéraire, cantonnée dans un monde d'histoires. Je pensais même au début à imaginer une rencontre sur la route entre Ian et Lucy et des personnages tout droit sortis de grands classiques (par exemple Gatsby de F. Scott Fitzgerald), finalement j'y ai renoncé car cette vision faussée du monde était trop partielle et ne concernait que Lucy. Elle emprunte à plusieurs reprises le rythme et le vocabulaire de certains livre pour enfants bien connus. La première partie que j'ai écrite se déroule juste après leur départ de la ville. Le style s'y apparente à celui de L. Frank Baum dans ses romans sur le pays d'Oz. Il me fallait relier tout ce qui se passait dans la tête de Lucy, la panique, la culpabilité, l'examen des différentes options possibles et tout me semblait très prévisible. Je me suis rendu compte que la seule manière dont elle pouvait justifier ses actes demeurait le fait de s'en dissocier et de les observer de façon volontairement indirecte. Elle se raconte donc l'aventure et je la laisse faire. Ensuite, il a été très amusant de trouver d'autres moments dans le roman où elle peut faire la même chose par ennui, désespoir ou tout simplement par humour.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> L'intertextualité crée, bien sûr, une complicité avec le lecteur. Aviez-vous cela en tête également ?</span><br />
<br />
<b>Rebecca Makkai : </b>Je voulais rappeler aux lecteurs les premiers livres qu'ils ont adorés. Citer et jouer avec les textes qu'une fois devenus adultes, ils ont peut-être oubliés. Lorsque je fais des séances en librairie, je choisis souvent de lire le chapitre dans lequel Lucy remplit le sac à dos de Ian avec des livres. À chaque fois, quelqu'un vient me dire que l'un de ces livres était celui qu'il préférait, étant enfant. C'est merveilleux de voir tous ces gens se remémorer leurs premières amours littéraires. Parmi ces références, il y en a sans doute que la traduction ne peut pas rendre mais j'espère que les lecteurs non-anglophones ressentent également ce que je souhaitais faire.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> <i>Chapardeuse</i> rend hommage à la littérature mais aussi au pouvoir qu'elle détient. En réponse à la liste de Mme Drake, Lucy transmet à Ian comme cadeau d'adieu, une liste qui l'aidera à accepter qui il est quand il grandira. Vous avez posté sur You Tube une vidéo très intéressante qui s'adresse plus particulièrement aux jeunes de la communauté LGBT. Vous êtes comme Lucy convaincue que les livres peuvent nous sauver et modifier la perception que nous avons de nous-mêmes. Qualifieriez-vous ce pouvoir de subversif ?</span><br />
<b>Rebecca Makkai : </b>Absolument. J'avais environ sept ans quand j'ai découvert dans un roman que le Père Noël n'existait pas. J'ai couru voir ma mère, le livre ouvert à la main comme preuve irréfutable. J'ai compris ce jour-là que les livres étaient des fenêtres ouvertes sur d'autres paradigmes, d'autres systèmes de croyances et d'autres conceptions du monde. J'ai toujours gardé cette conviction depuis, aussi bien quand je lis que lorsque j'écris.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> La bibliothèque où Lucy rencontre Ian représente pour le petit garçon un refuge et un espace de liberté. Et pour vous, que représente une bibliothèque?</span><br />
<b>Rebecca Makkai : </b>Lorsque j'étais enfant, un lieu de découverte libre, presque subversif pour utiliser votre expression. Plus tard, j'ai compris l'importance de l'information gratuite, d'équipements et d'endroits mis à disposition où les citoyens peuvent s'éduquer par eux mêmes dans n'importe quel domaine. Maintenant, en tant que maman, j'y vois un endroit où je peux travailler tranquillement sur un nouveau livre sans crainte d'être interrompue. Je peux même y apporter mon café, à condition qu'il ait un couvercle !<br />
<span style="color: red;"><br /><b>Parutions.com :</b> Le goût de lire est-il inné ou acquis, selon vous ?</span><br />
<br />
<b>Rebecca Makkai : </b>Je pense que le besoin d'histoires est inné, nous le constatons avec des cultures qui ne possèdent pas de tradition écrite. Le goût de la lecture qui permet donc d'accéder à ces histoires a lui besoin d'être stimulé.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Le titre français désigne quelqu'un qui commet de petits vols (''pilferer'' en anglais). Il sonne beaucoup mieux à l'oreille mais ne correspond pas exactement au titre américain (<i>The Borrower</i>) qui résume parfaitement le contenu du roman. Qu'en pensez-vous ?</span><br />
<b>Rebecca Makkai : </b>L'avantage du mot «borrower» (un substantif non sexué) est qu'au départ il se réfère à Ian comme usager de la bibliothèque. Ensuite, il devient clair que Lucy emprunte également Ian. Emprunter est un verbe que nous utilisons volontiers pour décrire un auteur qui utilise les techniques littéraires d'un autre, ce que fait Lucy en racontant son histoire à la manière de grands classiques pour enfants. Dommage que ces résonances se perdent dans la traduction mais en fin de compte le titre est traduit plus fidèlement qu'en italien ou en portugais par exemple où l'on s'éloigne plus de l'idée de départ. Mais chaque traduction met en valeur un aspect différent du livre, chose que j'ai beaucoup appréciée. Par contre en anglais, <i>The Pilferer</i>, ça ne marcherait pas du tout, cela me fait penser aux Vikings !<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Avez-vous vraiment écrit votre première histoire à l'âge de trois ans ?</span><br />
<b>Rebecca Makkai : </b>J'ai appris à lire toute seule quand j'avais trois ans et j'ai commencé à écrire des histoires dès que j'ai réussi à tenir un crayon correctement. Je me souviens avoir écrit des histoires sur les Schtroumpfs. Devenue adulte, j'ai découvert dans un placard chez ma mère un petit livre que j'avais fait quand j'avais environ six ans, cela s'appelait <i>La Main de rien</i>. J'ai utilisé ce titre dans le roman, c'est le titre de la contribution de Ian pour le concours d'histoires de la bibliothèque. Bien que son histoire n'ait rien à voir avec la mienne qui était assez dérangeante et mettait en scène des enfants nus qu'une main géante jetait en prison.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> La rédaction de <i>Chapardeuse</i> vous a pris de longues années. Entre-temps, vous avez écrit et publié des nouvelles qui ont obtenu d'élogieuses critiques. Maîtriser une forme courte vous a-t-il aidée?</span><br />
<br />
<b>Rebecca Makkai : </b>Oui. Cela m'a donné confiance et permis de voir que je pouvais mener une intrigue à son terme. Toutefois, il s'agit de deux formes artistiques complètement différentes. Écrire une nouvelle, c'est comme peindre un petit portrait. Écrire un roman, c'est comme réaliser une peinture murale qui, lorsque vous travaillez dessus, est trop proche pour que vous puissiez la distinguer dans son ensemble. Ce qui implique une série de défis différents de ceux que rencontre le nouvelliste. Mais j'adore les deux formes et je vais continuer à écrire des nouvelles.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Avez-vous envie d'écrire de la littérature jeunesse ? Et si vous aviez adopté le point de vue de Ian et l'aviez choisi comme narrateur, comme Huck dans <i>Les Aventures d'Huckleberry Finn</i> ?</span><br />
<b>Rebecca Makkai : </b>J'aime beaucoup les livres pour enfants mais je ne me sens pas particulièrement attirée par la littérature jeunesse qui cible les adolescents. J'aimerais bien écrire un roman pour de jeunes lecteurs peut-être quand mes filles atteindront l'âge de Ian. J'ai pensé très brièvement à choisir Ian comme narrateur (en tant que romancière, je dois envisager toutes les possibilités) mais j'ai compris tout de suite que je n'y arriverais pas sur trois cents pages. À l'époque, j'étais toujours enseignante, alors si en rentrant à la maison j'avais dû passer mon temps dans la tête de Ian, je pense que je serais devenue folle !<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Vous travaillez actuellement sur un second roman. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?</span><br />
<br />
<b>Rebecca Makkai : </b>L'action se situe à l'endroit où j'habite, non loin de Chicago. C'est l'histoire d'une maison d'artiste qui est devenue une propriété privée. Le passé de cette maison se dévoile peu à peu alors que nous remontons dans le temps. C'est une énigme littéraire, une histoire de fantômes et une histoire d'amour. Pour l'instant, le roman s'appelle <i>The Happensack</i> (un mot qui ne veut rien dire !).<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Une toute dernière question, un peu plus personnelle. Avez-vous réalisé à trente-quatre ans tous vos rêves de petite fille ?</span><br />
<b>Rebecca Makkai : </b>Le problème avec une carrière artistique, c'est que l'on ne reste pas longtemps satisfait de ce que l'on parvient à faire. On se fixe toujours de nouveaux buts à atteindre. L'ambition ne me rend pas heureuse mais elle me pousse à continuer à travailler et le travail, lui, me rend heureuse. Cela dit, tant que je peux vivre de ma plume, je ne peux vraiment pas me plaindre.<br />
<br />
<span style="color: red;"><b>Parutions.com :</b> Un très grand merci à vous.</span><br />
<br />
<b>Entretien réalisé par email et traduit de l'anglais (USA) par Florence Bee-Cottin</b><br />
( Mis en ligne le 19/10/2012 )</td></tr>
<tr><td align="left" style="font-family: Times; font-size: 12pt;" valign="top">Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2012<br />
<span style="color: tomato;"><i>www.parutions.com</i></span></td></tr>
</tbody></table>
</div>
Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7530226275071710408.post-29578793304613701862012-09-21T08:09:00.003-07:002012-09-21T08:09:40.540-07:00Bois Sauvage<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJ0nd_otm9ok4Qx9x2Gbh8xHFS22cXA3mLzWNHkSiYzHK6VwY-I24owGrPnkJevK_IgKa2fvvp5kIKIK3RDMpFkG6CXldyEBMJzG8cSKPCn-OHCeUBmZZ6O2juMBWnK5CfzQz-JlN3onU/s1600/jesmyn.gif" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJ0nd_otm9ok4Qx9x2Gbh8xHFS22cXA3mLzWNHkSiYzHK6VwY-I24owGrPnkJevK_IgKa2fvvp5kIKIK3RDMpFkG6CXldyEBMJzG8cSKPCn-OHCeUBmZZ6O2juMBWnK5CfzQz-JlN3onU/s320/jesmyn.gif" width="200" /></a><span style="font-family: Andalus, serif;"><span style="color: red; font-size: medium;">Bois
Sauvage </span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Andalus, serif;"><span style="color: red; font-size: medium;">Jesmyn
Ward</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Andalus, serif;"><span style="color: red; font-size: medium;">Traduit
de l'américain par Jean-Luc Piningre</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Andalus, serif;"><span style="color: red; font-size: medium;">Editions
Belfond (Littérature étrangère)</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: red;"><span style="font-family: Andalus, serif;"><span style="font-size: medium;">19,50
€ </span></span>
</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Andalus, serif;"><span style="color: red; font-size: medium;">352p.</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Andalus, serif;"><span style="color: red; font-size: medium;">ISBN :
978-2-7144-5316-7</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Andalus, serif;"><span style="color: lime; font-size: medium;">Du
sang et des larmes</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Andalus, serif;"><span style="color: lime; font-size: medium;">De la
première à la dernière page, <i>Bois Sauvage </i>de l'Américaine
Jesmyn Ward est un roman qui prend aux tripes. Sans doute parce que
la violence terrible qu'il dégage se voit maîtrisée et sublimée
par le recours à un langage figuré qui écarte le texte du seul
naturalisme et l'empreint d'un puissant lyrisme.</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Andalus, serif;"><span style="color: lime; font-size: medium;">Sans
doute également parce qu'il y a beaucoup de Jesmyn Ward, elle-même
dans cette histoire d'une famille afro-américaine pauvre du
Mississippi, frappée de plein fouet par l'ouragan Katrina en 2005.</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Andalus, serif;"><span style="color: lime; font-size: medium;">Un
traumatisme que la romancière a eu beaucoup de mal à surmonter et
une tragédie qu'elle ne veut pas voir s'effacer de la mémoire
collective.</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Andalus, serif;"><span style="color: lime; font-size: medium;">Sans
doute enfin parce que la narratrice et proganiste de <i>Bois Sauvage
</i>est un personnage singulier, à mille lieues des clichés
misérabilistes.</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Andalus, serif;"><span style="color: lime; font-size: medium;">Esch,
quatorze ans, vit entourée d'hommes depuis la mort de sa mère qui a
succombé à son dernier accouchement. Son père, alcoolique et
violent, ses frères, Randall qui espère percer dans le basketball,
Skeeter, indissociable de China, sa chienne pitbull qu'il entraîne
pour des combats sanglants et Junior, le plus jeune, qui se sent
souvent délaissé. Et puis les copains de ses frères avec qui elle
a des relations sexuelles consenties depuis qu'elle a douze ans.
Manny en particulier <i>« Il m'épluchait comme une orange,
c'est l'autre moi qu'il voulait. Le cœur mûr et charnu, le cœur
chaud et humide que les gars devinent sous mon corps de garçon, sous
la peau noire, ma tête pas jolie. Un cœur de fille qui se laissait
prendre par les autres avant lui, parce qu'ils le voulaient, pas
parce que je le leur donnais... C'était différent avec Manny … Il
voulait l'autre cœur, je lui ai donné les deux. »</i></span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: lime;"><span style="font-family: Andalus, serif;"><span style="font-size: medium;">Esch
sait que Manny est le père de l'enfant qu'elle porte mais préfère
tenir sa grossesse cachée le plus longtemps possible. Malgré ce
corps qui la fait souffrir et l'angoisse qui la submerge à l'idée
de devenir mère en l'absence de celle qui lui manque tant, la jeune
fille puise dans sa rage de vivre la volonté pour tenir. </span></span>
</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: lime;"><span style="font-family: Andalus, serif;"><span style="font-size: medium;">Déjà
bien malmenés par la vie, Esch et les siens s'apprêtent de plus à
faire face à un cataclysme qui s'annonce dévastateur. </span></span>
</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Andalus, serif;"><span style="color: lime; font-size: medium;">Les
douze chapitres de <i>Bois Sauvage</i> correspondent aux dix jours
qui précèdent l'arrivée de Katrina, puis à la journée où
l'ouragan frappe et au lendemain de la catastrophe qui fait office de
catharsis et soude la famille.</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Andalus, serif;"><span style="color: lime; font-size: medium;"><i>« J'attacherai
mes petits cailloux avec des ficelles, je les suspendrai au-dessus de
mon lit pour qu'ils brillent dans le noir et qu'ils racontent
l'histoire de Katrina, la mère qui a envahi le golfe pour tout
massacrer, dans un chariot si grand, si noir que les Grecs auraient
dit que la tempête chevauchait les dragons. Une mère assassine qui
nous prit tout sauf la vie, qui nous laissa nus et groggy comme des
nouveau-nés, ridés comme des chiots aveugles, ruisselants comme des
serpents dans leur œuf brisé. »</i></span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Andalus, serif;"><span style="color: lime; font-size: medium;">Omniprésent,
le personnage de Médée fascine Esch qui voit dans sa propre
histoire une incarnation du célèbre mythe. <i>Bois Sauvage</i>
prend alors une autre dimension. On ne peut en effet réduire le
roman à une dénonciation crue et sans concession du quotidien ici
misérable d'une communauté afro-américaine toujours victime de
discrimination raciale et qui ne croit pas en la possibilité d'un
avenir meilleur.</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: lime;"><span style="font-family: Andalus, serif;"><span style="font-size: medium;">Un
message plus universel se dégage. Quelle que soit la nature du
désastre, il faut se battre pour survivre. Un combat nécessairement
sauvage ce qu'exprime clairement le titre original (difficilement
traduisible) <i>Salvage the Bones </i>qui joue sur les paronymes
salvage (sauver) et savage (sauvage). Le titre français reprend lui
le nom de la petite ville imaginaire de Bois Sauvage où vivent les
personnages et qui ressemble beaucoup selon la romancière à
DeLisle, la ville du Mississippi dont elle est originaire. </span></span>
</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: lime;"><span style="font-family: Andalus, serif;"><span style="font-size: medium;">Nourrie
de poésie et de hip-hop, la prose musicale de Jesmyn Ward véhicule
des images souvent dures et sordides, parfois à la limite du
soutenable mais célèbre aussi l'amour, la tendresse et l'espoir. </span></span>
</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Andalus, serif;"><span style="color: lime; font-size: medium;">Un
chant bouleversant, un choc de lecture.</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Andalus, serif;"><span style="color: lime; font-size: medium;"><i>Bois
Sauvage , </i>pour lequel Jesmyn Ward a obtenu en 2011 le très
prestigieux <i>National Book Award, </i>possède tout simplement
cette magie particulière qui caractérise les grands romans. </span></span>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Andalus, serif;"><span style="color: red; font-size: medium;">Florence
Bee-Cottin</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: red;">(mis en ligne sur parutions.com le 12/09/2012)</span>
<br />
<span style="color: red;"><br /></span>
<br />
<div style="background-color: #333333; color: #cccccc; font-family: Arial, Tahoma, Helvetica, FreeSans, sans-serif; font-size: 13px; line-height: 18px; margin-bottom: 0cm;">
<span style="background-color: white; font-size: xx-small;"><span style="color: red; font-family: 'Helvetica Neue', Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 20px;">Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 20</span><span style="color: red; font-family: 'Helvetica Neue', Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 20px;"><b>12</b></span></span></div>
<span style="background-color: white; color: #cccccc; font-family: Arial, Tahoma, Helvetica, FreeSans, sans-serif; font-size: 13px; line-height: 18px;"><br class="Apple-interchange-newline" /></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<br /></div>
Florence Beehttp://www.blogger.com/profile/09132716286864797009noreply@blogger.com0